Impacts de la réforme fiscale sur les titres

Publié le 23/12/2017 à 12:30

Impacts de la réforme fiscale sur les titres

Publié le 23/12/2017 à 12:30

C’est enfin chose faite. La réforme fiscale américaine tant attendue a été signée par le président ce vendredi. Comme on le sait, la réduction du taux d’impôt corporatif moussera les profits de bien des sociétés. Tout étant égal par ailleurs, un bénéfice qui était imposé à 35% croîtra d'environ 22%. Cependant, nous assisterons également à des impacts négatifs, notamment sur les actifs d’impôts différés.

Plusieurs sociétés financières seront particulièrement affectées, car elles ont enregistré d’importantes pertes durant la crise financière, donnant lieu à des économies potentielles d’impôts sur les profits futurs. Le CFO de Citigroup (N.Y., C), John Gerspach, s’attendait à une charge de 20G$US pour l’année si la nouvelle loi était entérinée. Elle devrait s’élever à environ 16G$US en tenant compte du taux corporatif final fixé à 21%. Quant à l’assureur American International Group (N.Y., AIG), la charge prévue oscillerait entre 6G$US et 8GUS$, selon les estimés (voir liste de quelques sociétés affectées).

Pour ceux qui ne sont pas familiers avec le fonctionnement des impôts différés, imaginez que avez perdu de grandes sommes à la Bourse dans le passé, vous donnant droit à des pertes en capital contre vos futurs gains. Si demain matin, le gouvernement éliminait complètement l’impôt sur les gains en capital, vos pertes ne pourraient plus être utilisées, puisqu’elles deviendraient inutiles. S’agit-il nécessairement d’une mauvaise nouvelle?

En réalité, cela ne change rien. Vous ne pourriez plus déduire vos pertes, mais vos profits ne seraient plus taxés. Par conséquent, plusieurs sociétés afficheront bientôt des pertes pour tenir compte de la valeur révisée des impôts différés au bilan, mais les investisseurs devraient les ignorer, et tenir compte plutôt du fait que le rendement sur le capital après impôts augmentera pour une majorité d’entreprises.

Dans le cas des sociétés financières, nous avons l’habitude de ne pas tenir compte des impôts différés en tant qu’actifs, étant donné leur nature intangible. Par conséquent, l’impact immédiat sur nos estimés demeure nul. En fait, l’impôt différé ne fait qu’atténuer l’avantage d’un taux corporatif réduit sur les premières années.

Soulignons que plusieurs entreprises profiteront doublement de cette réforme. Par exemple, Berkshire Hathaway (N.Y., BRK.B) détient un imposant portefeuille d’actions, dont certains titres sont détenus depuis bien longtemps. Il suffit de songer à Coca-Cola (N.Y., KO), dont les premières actions ont été acquises suite au crash de 1987. Les gains en capital se sont donc accumulés au fil du temps, alors que Berkshire conservait ses titres plutôt que de les vendre et de réaliser les gains. Avec la révision du taux corporatif à 21%, environ 25G$US de passifs d’impôts se volatiliseront!

Ces bonnes nouvelles semblent avoir été incorporées dans le prix de l’action, celle-ci s’étant appréciée de 21% depuis de début de l’année. Cependant, on peut trouver parfois des petites sociétés dont le prix en Bourse ne reflète peut-être pas ces importants changements, comme la firme de gestion d’actifs Hennessy Advisors (NASDAQ, HNNA), qui affiche un passif d’impôt au bilan et dont le taux effectif d’imposition s’élevait à 35,7% au dernier exercice.

Pour conclure, la réforme fiscale nécessite certains ajustements pour calculer la valeur de vos titres, et vous devrez parfois faire attention à la façon dont ils sont interprétés par les analystes et les experts. 

 

Nous profitons de l’occasion pour vous souhaiter un Joyeux Noël, ainsi qu’une excellente année 2018! Santé, bonheur, et… prospérité!

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