Faites-vous ce genre de transaction?

Publié le 23/10/2009 à 14:49

Faites-vous ce genre de transaction?

Publié le 23/10/2009 à 14:49

Vous arrive-t-il de placer des ordres pour acheter ou vendre des titres, sur de longues périodes? Par exemple, si vous souhaitez acquérir un titre à 50$, mais qu'il se transige actuellement à 53$, vous pourriez être tenté de placer un ordre d'avance à 50$ pour une semaine ou même un mois complet auprès de votre courtier en ligne. Ainsi, si le titre baisse et qu'il atteint votre prix, l'achat se fait de façon systématique sans que vous ayiez à le surveiller!  Merveilleux n'est-ce pas? Pas tout à fait.

 Dans le cas d'un achat, les ordres placés d'avance peuvent mettre l'investisseur en situation de désavantage. En effet, le système d'ordre ne prend pas en compte toute nouvelle information qui pourrait survenir dans le futur. Par exemple : votre ordre à 50$ par action est déjà placé, et une bien mauvaise nouvelle est annoncée. Le titre plonge à 44$. Pendant sa chute, il a été effectivemment acheté. Vous vous dites peut-être ''de toute façon, je voulais l'acheter''.

Premièrement, s'il s'agit d'une bien mauvaise nouvelle, peut-être que vous n'auriez pas acheté le titre, ou encore, vous auriez été intéressé à l'acquérir à un prix moindre pour tenir compte de la nouvelle information publiée. On pourrait rétorquer : ''oui, mais si j'avais acheté le titre à 53$, j'aurais perdu davantage d'argent''.  C'est tout à fait vrai. Mais attention! Ce n'est pas du tout la même chose! Pourquoi?

Si on achète le titre à 53$, au lieu d'attendre 50$, on fait face à une énorme différence : toute bonne nouvelle sera probablement profitable. En effet, imaginez le contraire : la compagnie annonce qu'elle se fait acheter à un prix 30% supérieur. Si vous avez déjà acheté le titre, vous empochez un beau profit. Dans le cas contraire, vous n'aurez rien, puisque le titre ne se sera pas transigé à 50$.

 Donc, un ordre placé d'avance nous place dans la situation où nous obtenons souvent le pire des deux mondes. Bonne nouvelle : pas de profit. Mauvaise nouvelle : une perte. On prend un risque important, alors que le potentiel de profit n'est pas là!

En fait, un investisseur qui place un tel ordre souhaite secrètement que le titre se transige moins cher sans raison, pour ensuite remonter. Mais, n'est-ce pas une forme de spéculation?

On peut faire exactement la même analyse avec la vente. Imaginez que vous avez placé un ordre de vente à 55$, et que grâce à une excellente bonne nouvelle, le titre atteint les 60$. Oui, c'est vrai, vous avez quand même fait un profit, mais en conservant le titre à 53$, vous assumiez toujours le risque qu'il plonge. Il s'avère donc toujours important de s'assurer que lorsque l'on prend un risque, on obtient également un gain potentiel non négligeable.

 P.S.: Les compagnies d'assurance appellent ce genre de risque : l'anti-sélection. En effet, elles n'aiment pas assurer un groupe de travailleurs de façon facultative, où seulement les personnes intéressées adhéreraient au programme. Dans bien des cas, uniquement les personnes les plus malades souscriraient. Ainsi, le gain potentiel pour l'assureur serait faible, alors que les pertes probables seraient élevées. On peut donc établir un certain parallèle avec les ordres placés d'avance.

 

À propos de ce blogue

Patrick Thénière et Rémy Morel sont associés et gestionnaires de portefeuille chez Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

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