Des investissements de la Chine qui tournent au fiasco

Publié le 13/09/2014 à 14:12

Des investissements de la Chine qui tournent au fiasco

Publié le 13/09/2014 à 14:12

Photo: Shutterstock

Ces dix dernières années, la Chine a investi massivement dans les ressources naturelles. Elle tentait de trouver une façon efficace de se procurer ses matières premières, tout en minimisant sa dépendance envers les nations occidentales.

Selon l'American Enterprise Institute et la Heritage Foundation, les investissements réalisés par le pays à l'étranger pour les ressources auraient explosé depuis 2005, passant de 8,2G$ à 53,3G$ en 2013. L'ampleur de ces débours donnait facilement l'impression que la Chine allait tôt ou tard contrôler une importante partie des économies développées. Va-t-elle contrôler le monde? Finira-t-elle par tout posséder?

Il ne fait nul doute que cet empire asiatique est devenu un acquéreur d'actifs d'envergure. Toutefois, nombre de leurs investissements ne génèrent pas les bénéfices escomptés!

Un article du ''The Wall Street Journal'' (cliquer ici pour le visionner) relate des faits intéressants à ce sujet. Par exemple, en 2010, la société Sinopec a allongé 4,65G$ pour la participation de ConocoPhilips dans la société de sables bitumineux Syncrude Canada. À l'époque, le prix payé comportait apparemment une prime d'environ 10%. La valeur de cette participation aurait fondu aujourd'hui, étant donné une production plus faible et des coûts plus élevés.

La société hongkongaise Cnooc a pour sa part payé plus de 15G$ pour le producteur d'énergie canadien Nexen en 2013. Or, les bénéfices ne sont pas aussi élevés que prévus, et la société aurait fait une promesse au gouvernement canadien : pas de coupures d'emplois. Sans ces dernières, il s'avèrerait difficile de rentabiliser l'acquisition en ce moment. 

Le cas de ITIC Pacific Mining est particulièrement éloquent. En 2006, cette société chinoise souhaitait contrer la dominance des géants de l'industrie du minerai de fer, tels que BHP Billiton, Rio Tinto et Vale, qui contrôlaient la majorité du marché. La société s'est hâtée de s'emparer d'un projet en Australie, en projetant des coûts bien inférieurs à ceux suggérés par des consultants australiens. Selon ces derniers, un projet deux fois moins important en termes de taille aurait nécessité un débours de 5G$ ainsi que cinq années. Citic Pacific confia le projet à la société Metallurgical Corp of China, qui avait prévu l'exécuter en seulement trois ans, au coût de 2,5G$. 

Un manque de planification a cependant causé une grande série de problèmes, dont nous n'exposerons que quelques-uns. Par exemple, Metallurgical envisageait d'importer des travailleurs chinois en Australie pour faire le travail. Elle aurait ainsi économisé beaucoup d'argent étant donné les bas salaires qu'elle aurait versés. Or, le gouvernement australien octroie des permis de travail uniquement aux travailleurs étrangers qui parlent l'anglais et qui réussissent un certain examen de qualification. Le comble de l'ironie : même si ces exigences sont rencontrées, le gouvernement obligeait la société à payer un salaire équivalent à celui qui serait versé à un travailleur australien qualifié. 

À propos de ce blogue

Patrick Thénière et Rémy Morel sont associés et gestionnaires de portefeuille chez Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

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