Des banques américaines peu risquées

Publié le 24/07/2016 à 16:19

Des banques américaines peu risquées

Publié le 24/07/2016 à 16:19

Après avoir suivi les résultats de plusieurs banques américaines suite à la divulgation de leurs résultats du deuxième trimestre, nous constatons plus que jamais leur solidité. Même si certaines d’entre elles faisaient face à une forte exposition au secteur énergétique, comme Comerica (N.Y., CMA) ou Texas Capital BancShares (Nasdaq, TCBI), de bons profits ont été engendrés.

Dans l'espoir d'éviter une autre crise financière dans l'avenir, la Fed fait subir annuellement un test de simulation de situation de crise particulièrement sévère à toutes les firmes bancaires dont les actifs totalisent au moins 50USG$ d’actifs. Parmi celles-ci figurent deux banques dont les titres en Bourse se transigent à escompte par rapport à leur valeur au livre. Il s’agit de Bank of America et Citigroup.

Ces deux sociétés peinent à dégager un bon rendement sur leur capital. Cependant, ironiquement, l’une des raisons repose dans les exigences élevées par les autorités en matière de capital. Donc, si d’un côté on augmente le degré de difficulté pour dégager une haute rentabilité, on prévient davantage le risque de l’autre côté.

 

Pas de «Stress Test» au Canada

Existe-t-il un test équivalent au fameux «Stress Test» américain? Ironiquement, si nous entendons souvent dire que nos banques canadiennes seraient apparemment plus solides, on ne juge point nécessaire de confirmer cette réputation par un test.

Jeremy Rudin, chef du Bureau du surintendant des institutions financières au Canada, laissa dernièrement sous-entendre qu’il s’avère possible que les exigences élevées en capital appliquées en Europe et aux États-Unis ne seraient pas convenables au Canada. On permet donc aux banques canadiennes d’utiliser beaucoup plus l’effet levier. Pour fins de comparaisons, jetons un coup d’œil à la TD, que nous considérons prudente parmi ses compétiteurs au Canada, ainsi qu’à Citigroup, l’une de nos deux banques.

Les régulateurs demandent aux participants de calculer leur ratio de capital par rapport aux actifs totaux pondérés en fonction des risques (CET1, pour common equity Tier 1). Pour TD, nous avons 10,1% , comparativement à 12,3% pour Citigroup. Les deux chiffres ne semblent pas très divergents. Toutefois, regardons du côté de l’effet levier. Si nous divisons les actifs totaux tangibles par le capital «CET1», nous obtenons 28 fois pour TD, contre 11 fois pour Citigroup. La grande différence réside l’interprétation des risques par la direction de la banque, ainsi que le fait que certains prêts soient assurés par la SCHL (Société canadienne d’hypothèques et de logement).

Les normes internationales instaurées dans le cadre de Basel III prévoient justement un ratio qui tient compte de l’effet levier, afin d’éviter les écarts trop importants par rapport à l’évaluation des risques. Ce ratio, qu’on appelle «ratio de levier» (en anglais, «Supplementary Leverage Ratio»), donne 3,8% pour TD contre 7,6% pour Citigroup, et tient compte des risques hors bilan. Notons que le minimum prescrit par Basel III a été établi à 3%.

Lorsque nous combinons le faible effet levier de nos deux titres bancaires avec leur modeste évaluation en Bourse, nous obtenons une marge de sécurité appréciable. Si vous désirez en savoir plus sur Citigroup et/ou Bank of America, nous en discutons dans notre lettre semi-semestrielle (cliquer ici pour y accéder).

 

Au sujet des auteurs du blogue: Patrick Thénière et Rémy Morel sont analystes financiers et propriétaires de Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com


 

 

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