Chef de la direction de IBM: hausse de salaire méritée?

Publié le 29/04/2017 à 09:57

Chef de la direction de IBM: hausse de salaire méritée?

Publié le 29/04/2017 à 09:57

La présidente et chef de la direction d'IBM, Virginia Rometty. (Photo: Getty)

Le monde financier est dû pour une révision de la façon dont sont octroyés les salaires au sein des sociétés publiques. Nous avons détenu des actions de International Business Machines (N.Y., IBM) dans le passé. Déçus de la lente progression de l’entreprise, nous avions lancé la serviette. La direction nous apparaissait trop souvent optimiste par rapport à ce qu’elle délivrait.

Or, un récent article concernant la rémunération de la chef de la direction, Virginia Rometty, nous fit sourciller. Le chiffre officiel de la totalité de la paie à venir s’élèverait à 33M$. Par contre, selon certains, la façon dont est calculée le coût de l’octroi des options pointerait vers une somme nettement plus élevée, pouvant aller jusqu’au double du montant.

Un coup d’œil aux chiffres officiels tirés du site américain de la SEC nous fournit l’information suivante à propos de la paie globale de Mme Rometty :

2011 : 8.1M$

2012 : 16.2M$

2013 : 14.0M$

2014 : 19.3M$

2015 : 19.8M$

2016 : 32.7M$

Quand on songe à la rémunération probable de 2017, il y a de quoi se questionner.

En regardant l’évolution de la paie, on croirait que IBM connaît une forte croissance de ses revenus et de ses profits. Or, lors des 5 dernières années, les revenus sont passés de 103G$ à 79G$, et les profits, de 16,6G$ à 11,6G$. Pendant ce temps, le titre a procuré un rendement quasiment nul pour ses actionnaires, si l’on inclut les dividendes, alors qu’il céda près de 50$.

La direction ne cesse de répéter qu’elle veille à la transformation de la société, afin de lui permettre de renouer avec la croissance. En tant qu’actionnaire, il faut parfois s’armer de patience (décidément, la nôtre avait atteint sa limite, surtout en considération des autres aubaines disponibles sur le marché à l’époque). Mais où trouve-t-on la patience de «Ginni», quand on voit sa rémunération exploser avant de produire les résultats escomptés?

À sa défense, notons que le prix d’exercice des options est parfois passablement plus élevé que le prix en Bourse. Toutefois, comme il est souligné dans l’article dont le lien apparaît plus haut, la direction peut parfois bénéficier du moment idéal pour s’octroyer des options, notamment lorsque le titre vient de subir une correction.

La plupart des spécialistes en la matière s’entendent pour dire que les options constituent en quelque sorte un alignement des intérêts des dirigeants et des actionnaires. Si les actions s’apprécient, tous les deux en profitent. À l’opposé, nous estimons que bien au contraire, nous y retrouvons plutôt une forme de conflit d’intérêts, puisque ces octrois d’options sont souvent accompagnés d’un programme de rachat d’actions par la société. Nous en discuterons davantage dans un autre billet.

En conclusion, la question de la rémunération abusive des dirigeants de sociétés publiques touche deux volets : l’énormité des montants ainsi que le principe du mérite. Surpayer un dirigeant, même lorsqu’il livre bien la marchandise, constitue une chose. Lui attribuer à peu près le même salaire en l’absence de résultats en est une autre.

 

Au sujet des auteurs du blogue: Patrick Thénière et Rémy Morel sont analystes financiers et propriétaires de Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

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