Bourse: faut-il prendre de «grands risques» pour réussir?

Publié le 04/09/2016 à 13:04, mis à jour le 05/09/2016 à 09:39

Bourse: faut-il prendre de «grands risques» pour réussir?

Publié le 04/09/2016 à 13:04, mis à jour le 05/09/2016 à 09:39

Photo: Shutterstock

En ces temps de faibles taux d’intérêt, les investisseurs qui recherchent avant tout à se procurer du revenu demeurent sur leur faim. Les taux s’avèrent définitivement trop bas, pénalisant sévèrement les épargnants. Par conséquent, afin d’obtenir un rendement «correct», ils doivent se tourner vers les actions, du moins en partie.

Or, une drôle d’idée circule constamment à propos du rendements des actions, à l’effet que plus ils sont bas, plus ils sont sécuritaires. Nous avions discuté de la question dans un blogue précédent (cliquer ici), avec un exemple significatif en immobilier.

Tout d'abord, nous voyons un gros inconvénient pour ceux qui se contentent de faibles rendements à long terme.  Plus le temps avance dans la vie d’un épargnant, plus les bons rendements protègeront son capital de départ. Par exemple, un taux moyen de 15% par an permet de multiplier la mise de départ par 4 fois sur 10 ans. Si l’on abaisse le pourcentage à 5% seulement, nous obtenons plutôt 1,6 fois. Incorporons maintenant le facteur de l’inflation, en établissant le taux à 2% par an en moyenne. Le multiple dans les deux cas s’effondre à 3,3 fois et 1,3 fois respectivement.

Comment pourrions-nous définir le risque? S’agit-il de la possibilité d’assister à une forte chute dans son portefeuille, ou plutôt, l’érosion du capital investi durement gagné?

Dans le premier cas, un individu ayant économisé un total de 100000$ accumulera 330000$ en dollars constants sur une période de 10 ans. Dans l’autre cas, le portefeuille ne grimpera qu’à 130000$, demeurant toujours près du montant épargné originalement. 

Nous pourrions considérer les profits comme étant une marge de sécurité qui se bâtit avec le temps. Après 10 ans, avant de subir une certaine érosion de son capital (en dollars constants), l’un des épargnants peu perdre jusqu'à 230000$, alors que l’autre, un maigre 30000$. Considérez ces montants comme étant leur marge de sécurité par rapport à leur mise de fonds. 

Certains bouilleront d’envie de dire: «Oui, mais le premier investisseur a assumé un risque important; il aurait pu perdre son capital avant de se rendre là.» Voilà une remarque pertinente, mais comme le premier investisseur accroît constamment sa marge de sécurité avec le temps, ne vaudrait-il pas la peine de s’attarder alors à la façon dont sont obtenus les rendements plutôt que les simples résultats? Est-ce que le premier investisseur a vraiment assumé des risques plus élevés?

Il existe des risques cachés à l’intérieur d’un portefeuille qui semble bien diversifié, pour lequel nous verrons plusieurs exemples lors d’un prochain blogue. Pour le moment, retenez simplement que le résultat final ne constitue pas un indicateur fiable pour évaluer le risque d’un portefeuille composé d'actions. Un petit exemple réside dans le pari entrepris par le gestionnaire de fonds de couverture, John Paulson, durant la crise financière. Normalement, on considère les produits dérivés comme étant plus dangereux que les actions, mais nous assistons à l'effet inverse dans ce cas particulier. 

Selon M. Paulson à l’époque, il prenait le risque de perdre 1% s’il avait tort, et de gagner 100% dans le cas contraire. Si l’on s’attarde uniquement sur le résultat de cette position, on pourrait en déduire qu’elle s’avérait extrêmement risquée. Si, après une sélection minutieuse, un portefeuille est composé d’une série de titres à fort potentiel, et pour lesquels les risques de pertes demeurent faibles pour chacun d’entre eux, devrait-on en conclure qu’un grand risque était présent en cas de succès pour le portefeuille global? Voilà selon nous une conclusion qui verserait dans l’absurdité!

Au sujet des auteurs du blogue: Patrick Thénière et Rémy Morel sont analystes financiers et propriétaires de Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

 

À propos de ce blogue

Patrick Thénière et Rémy Morel sont associés et gestionnaires de portefeuille chez Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

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