Faut-il attendre avant d'acheter un titre qui s'est apprécié?

Publié le 30/12/2016 à 06:21

Faut-il attendre avant d'acheter un titre qui s'est apprécié?

Publié le 30/12/2016 à 06:21

Photo: 123rf.com

Ayant réalisé des gains intéressants ces derniers mois, nous sommes plus que jamais à l’affût de toute occasion pour remplacer les titres dont l’escompte ne rencontre plus nos exigences. En tant qu’investisseurs recherchant les aubaines, nous tentons d’obtenir des actions à 30% de rabais ou plus par rapport à nos estimations. Lorsque plusieurs de celles-ci s’apprécient rapidement, l’escompte s’amincit. Une grande question se pose: faut-il attendre avant d'acheter un titre qui s'est apprécié?

Prenons l'exemple d'un titre ABC acquis à 14$, avec une valeur estimée de 20$, grimpant rapidement à 18$. En mettant à jour votre estimé, vous obtenez 21$ (au lieu des 20$ précédents), correspondant à un escompte de moins de 14% si vous conservez l’action à 18$.

Or, vous effectuez des recherches pour dénicher un titre plus attrayant. Vous tombez sur une occasion (titre XYZ) vous procurant un escompte d’au moins 30%, avec un cours en Bourse de 34$ alors qu’il vaut 51$. Améliorer son portefeuille en saisissant un escompte de 30% plutôt que de 14%, rien de plus logique vous direz-vous! Vous êtes sur le point de procéder au remplacement du titre ABC par XYZ, lorsque vous constatez qu’il y a à peine un mois, le titre que vous convoitez se négociait à seulement 24$.

Vous hésitez un moment. Pourquoi tout à coup favoriser un titre qui vient de s’apprécier de 42%, au détriment d’un autre qui a connu une hausse de seulement 29%? Ne serait-il pas plus sage de vendre, et d’attendre un peu que XYZ cède du terrain avant son achat?

Ce genre de questionnement, malgré les années d’expérience en Bourse, continuera sans doute à hanter l’esprit de bien des investisseurs. Par exemple, en ce qui nous concerne, difficile d’ignorer ce genre d’information, même si elle s’avère peu utile dans la plupart des cas. Certains auront reconnu ici le principe de «l’ancrage», où notre esprit porte son attention sur une donnée qui n’aide en rien à la situation présente (blogue sur le sujet).

Reprenons la célèbre citation de Peter Lynch que nous avions reproduite dans un blogue récent (cliquer ici) : «Ce n’est pas parce qu’un titre grimpe après son achat que vous aviez raison de l’acheter». Un peu dans le même esprit, nous déclarerions : «Ce n’est pas parce qu’un titre s’est rapidement apprécié qu’il ne faut pas l’acheter maintenant».

Ce qu'il faut garder à l'esprit

D’une part, il faut garder à l’esprit que la valeur estimée d’un titre peut changer rapidement avec le temps, surtout lorsque certains événements surviennent.

Par exemple, depuis l’élection de M. Trump le 8 novembre dernier, les perspectives de beaucoup de titres du secteur financier se sont nettement améliorées. Dans certains cas, leurs valeurs estimées ont bondi. Dans d’autres cas, elles sont seulement plus sûres. Si nous visions 24$ pour un titre d’une banque américaine, et que pour l’atteindre, nous comptions surtout sur une hausse des taux d’intérêt, il peut demeurer tout aussi intéressant après s'être apprécié de 11$ à 17$, même avec un escompte devenu plus modeste. Les chances d’assister à des taux d'intérêt plus élevés ont augmenté, ce qui augure bien pour la rentabilité des financières qui devaient composer avec marge nette d'intérêt de plus en plus mince ces dernières années. 

D’autre part, le titre XYZ que vous avez découvert vous était inconnu auparavant. Il s’avère totalement inutile de penser aux investisseurs «chanceux» qui avaient déniché le titre avant vous. Ne pas saisir une très bonne aubaine par frustration de ne pas avoir sauté sur le titre plus tôt risque de vous faire manquer bien des occasions.

Finalement, vous ferez souvent face au dilemme des aubaines qui surviennent toutes en même temps. Vous disposez d’un certain capital, disons 500000$, et suite à une correction, le marché regorge de titres à prix incroyables, et vous auriez envie d’en acheter pour 1 milliard de dollars. Malheureusement, à moins de prendre des risques importants avec votre portefeuille, chaque dollar ne peut acheter qu’un dollar à la fois en Bourse.

Lorsque la panique dans les marchés s’estompe, la plupart des titres s’apprécient en même temps. Il vous arrivera donc fréquemment d’acheter un titre à 20$, alors qu’il s’avérait disponible à 12$ auparavant, lorsque vous n’aviez plus de liquidités à investir.

L’essentiel consiste à toujours prendre ses décisions en fonctions des nouveaux estimés. Le prix passé ne change en rien vos probabilités.

Nous en profitons pour vous souhaiter de joyeuses fêtes.

Au sujet des auteurs du blogue: Patrick Thénière et Rémy Morel sont analystes financiers et propriétaires de Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

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