Le RMG est notamment un incitatif à la création de start-ups... Photo: DR
Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a, semble-t-il, la ferme intention d'instaurer une nouvelle allocation sociale qui serait versée de manière inconditionnelle à tous les citoyens afin de garantir à chacun un revenu minimum. La mission a été confiée au ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, François Blais. Celui-ci connaît bien le dossier, puisqu'en 2001, l'ex-universitaire avait signé un livre intitulé Un revenu garanti pour tous. Un ouvrage dans lequel il préconisait non pas «une utopie», mais «un vaste chantier de réformes sociales»...
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Qu'est-ce que le revenu minimum garanti (RMG), au juste ? C'est un revenu de base versé à tous, que l'on soit chômeur volontaire ou involontaire, ou encore employé à temps plein ou à temps partiel. Un revenu, je le souligne, cumulable avec d'autres revenus.
Il s'agit là d'une vieille idée : le penseur américain Thomas Paine a présenté en 1795 dans son livre Agrarian Justice le concept de revenu de base, qui visait à lutter contre la pauvreté en donnant à tout le monde à peu près les mêmes chances au départ de leur vie active.
Et d'une idée qui a fait son chemin, puisqu'une demi-douzaine de "prix Nobel" d'économie ont déjà défendu dans leurs travaux l'idée d'un revenu de base, à l'image de Maurice Allais, Friedrich Hayek et Milton Friedman.
L'intérêt de créer un RMG est multiple :
> Un moyen d'émancipation. «Ce revenu n'incite pas à l'oisiveté ; au contraire, il émancipe. Car il permet de dire non à certaines activités, mais surtout de dire oui à d'autres. Il donne à chacun la liberté de faire des va-et-vient entre vie professionnelle, formation et famille. Exemple : arrêter temporairement de travailler pour faire du bénévolat en faveur d'une cause qui nous tient à coeur», a récemment expliqué l'économiste belge Philippe Van Parijs au quotidien suisse Le Temps.
> Un remède à l'effet de trappe. «Les personnes au chômage sont menacées par l'effet de trappe : si elles acceptent un emploi, même peu rémunéré, elles risquent de perdre leur allocation. Introduire un RMG résoud ce problème», a ajouté le docteur honoris causa de l'Université Laval.
> Un incitatif à l'entrepreneuriat. «Cette idée de revenu est populaire auprès des créateurs de start-up, car ils voient celui-ci comme du «venture capital for the people», c'est-à-dire du capital de risque à même d'insuffler l'audace d'entreprendre», a-t-il dit.
De fait, Sam Altman, pdg de l'incubateur de start-up californien Y Combinator, a décidé d'offrir un RMG à 300 citoyens américains sur une période de cinq ans. Celui qui a soutenu la création d'Airbnb, Dropbox et Reddit, entre autres, entend ainsi «regarder ce que ce revenu changera au bonheur, à l'épanouissement et au potentiel de gains de personnes talentueuses issues de milieux défavorisés», comme il l'a confié en février aux médias américains. Son espoir secret : les voir se transformer en «créateurs de richesses qui n'ont pas peur de prendre des risques».
M. Altman planche actuellement sur le modèle idéal de RMG : quel montant verser ? comment le financer ? etc. Des interrogations que l'on retrouve ces temps-ci un peu partout sur la planète. Car outre le Québec, la Finlande, les Pays-Bas et la Suisse ont annoncé ces derniers mois leur intention d'offrir à leurs citoyens un revenu de base.
Une piste à envisager sérieusement est, d'après moi, celle de... l'Alaska ! Il y existe en effet depuis 1976 l'Alaska Permanent Fund, qui verse à tous un revenu de base visant à compenser l'inflation. En 2015, son montant annuel a été de 2 072 $ US par résident, l'argent provenant des revenus tirés du pétrole et du gaz. Et si nous, au Québec, nous financions en partie le RMG à partir des revenus d'Hydro-Québec...
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Un rendez-vous hebdomadaire, en alternance dans Les affaires et sur lesaffaires.com, dans lequel Olivier Schmouker éclaire l'actualité économique à la lumière des grands penseurs d'hier et d'aujourd'hui, quitte à renverser quelques idées reçues.
