Comment (enfin) concilier travail et vie de famille?

Publié le 23/11/2018 à 10:30

Comment (enfin) concilier travail et vie de famille?

Publié le 23/11/2018 à 10:30

Le bonheur, c'est possible. Si, si... Photo: DR

En Europe, près de 40% des gens avouent qu’il leur est «difficile», pour ne pas dire «quasiment impossible», de concilier le travail avec la vie de famille, selon une récente étude de la Commission européenne. Mais ce chiffre dissimule de grandes disparités…

Dans certains pays, c’est carrément le cauchemar : en Croatie, par exemple, ce sont pas moins de 69% des gens qui n’y arrivent pas, en Lettonie, 67% et à Chypre, 56%. En revanche, d’autres s’en sortent nettement mieux, à l’image du Danemark (24%), de la Suède (25%) et de la Finlande (26%).

D’où proviennent de telles différences ? L’étude montre qu’elles résultent en grande partie d’initiatives nationales aussi efficaces que variées. Mieux, elle présente les principales d’entre elles, celles qui permettent vraiment aux gens de se sentir moins stressés au bureau comme à la maison, de conserver toute l’énergie nécessaire aux tâches du travail comme à celles du domicile, ou encore de se montrer disponible tant envers ses collègues que ses proches. Bref, les mesures adoptées ici et là qui favorisent réellement l’efficacité et l’épanouissement dans chacun des volets de la vie des gens.

Vous me connaissez, je vais me faire un immense plaisir de partager ses initiatives-là avec vous, histoire d’inspirer aussi bien les employeurs que les gouvernements…

> La flexibilité, un droit. Au Portugal, la flexibilité des horaires de travail est un droit. Lorsqu’un employé a un enfant de moins de 12 ans, ou encore s’il a la responsabilité d’un mineur handicapé ou souffrant d’une maladie chronique, il peut, s’il le souhaite, travailler à temps partiel ou jouir d’horaires de travail flexibles. Par voie de conséquence, c’est l’employeur qui doit s’adapter au choix de l’employé.

Ce n’est pas tout. Les parents d’un enfant de moins de trois ans ont le droit de travailler à la maison, si tel est leur choix. Une fois de plus, c’est à l’employeur de s’adapter à la décision de son employé.

> La flexibilité, encore un droit. Aux Pays-Bas, tout employé qui a travaillé pendant plus d’un an au sein d’une entreprise de plus de 10 employés a le droit de d’augmenter ou de diminuer son nombre d’heures de travail hebdomadaires à sa guise, ou encore de changer de lieu de travail (si l’entreprise dispose de différents locaux). L’employeur est tenu de s’y plier, à moins qu’il n’y ait là un enjeu de sécurité.

> La «pause professionnelle». En Belgique, les employés ont droit à une «pause professionnelle» à condition que celle-ci permette de mieux concilier travail et vie de famille : ils peuvent, au choix, réduire leur temps de travail de 1/5e sur une période de cinq années (ex. : avoir des fins de semaine de trois jours pendant cinq ans), travailler à mi-temps pendant une année, ou encore prendre un congé sans solde d’un an.

> Le droit à la déconnexion. En France, la loi interdit aux employeurs de contacter leurs employés en-dehors des heures de travail : aucun coup de fil, aucun texto, aucun courriel. Et ce, dans le but de permettre aux employés de vraiment décrocher du travail une fois à la maison. À noter qu’une interdiction similaire est également en vigueur en Italie.

En Europe, il n’y a pas que des mesures légales visant à favoriser la conciliation travail-vie de famille. Des mesures de soutien sont aussi en vigueur :

> Un certificat de bon employeur. En Allemagne, en Slovénie et en Finlande, les gouvernements décernent des certificats aux employeurs qui encouragent véritablement leurs employés à harmoniser le temps passé au travail et celui consacré aux proches. Ces certificats permettent ainsi aux candidats à l’embauche d’identifier aisément les lieux de travail où leur épanouissement sera a priori plus aisé.

> Un coup de pouce gouvernemental. En Autriche, les employeurs peuvent demander un audit externe visant à déterminer s’ils sont, ou pas, un bon employeur en termes de conciliation travail-vie de famille. S’ils décrochent le titre, ils peuvent alors bénéficier de fonds spéciaux et d’un soutien pour l’implantation de nouvelles politiques allant en ce sens.

En Hongrie, il existe à peu près la même chose. Les fonds ainsi obtenus peuvent servir, entre autres, à créer une zone de jeu pour enfants au sein de l’entreprise, ou encore une salle d’allaitement.

> Des réseaux d’entraide. En Estonie, toute initiative permettant aux employés d’être plus heureux et plus efficaces au travail comme dans la vie privée est soutenue par l’Estonian Smart Work Association. Un exemple lumineux : un centre de smart work a ouvert en 2013 à la mairie du village rural de Kolga, histoire de permettre aux femmes des environs de se rencontrer, de parler du travail et de la maison, d’échanger leurs trucs pratiques pour surmonter telle ou telle difficulté de leur quotidien.

Voilà. Quand on y regarde bien, les idées originales et audacieuses ne manquent pas pour améliorer la vie et la performance des employés. Et donc, les idées pour devenir un bon employeur, c’est-à-dire un employeur susceptible d’attirer et de retenir les nouveaux talents, ceux qui lui permettront de connaître le succès aujourd’hui comme demain.

D’où ma question : chers employeurs québécois, qu’attendez-vous pour devenir un bon – que dis-je ? – un excellent employeur ? Car, savez-vous, il n’y a pas vraiment de pénurie de main-d’œuvre, mais plutôt pénurie de bons employeurs…

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Espressonomie

Un rendez-vous hebdomadaire dans Les affaires et Lesaffaires.com, dans lequel Olivier Schmouker éclaire l'actualité économique à la lumière des grands penseurs d'hier et d'aujourd'hui, quitte à renverser quelques idées reçues.

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