Champions du bonheur!

Publié le 24/04/2017 à 06:06, mis à jour le 24/04/2017 à 06:18

Champions du bonheur!

Publié le 24/04/2017 à 06:06, mis à jour le 24/04/2017 à 06:18

Le couple le plus heureux du Canada, peut-être bien... Photo: Olivier Schmouker

«Salut, comment ça va ?» Cette question, nous nous la posons les uns les autres tous les jours, car elle nous sert de principal indicateur du niveau de satisfaction de ceux qui nous sont proches. Les économistes ont fini par le réaliser, si bien que les études sur cet indicateur se multiplient. C'est ainsi que Statistique Canada s'est récemment penché sur les disparités du degré de satisfaction dans la vie à l'échelle du pays.

Résultat ? Le Québec arrive en tête puisqu'il occupe trois places du top 5 des régions canadiennes où il fait bon vivre, les heureuses élues étant Saguenay, Trois-Rivières et Québec.

Quand on regarde les données avec précision, on note que la région de Québec sort du lot : par exemple, c'est l'un des rares endroits du Canada où il y a à la fois très peu de gens insatisfaits et beaucoup de gens satisfaits dans la vie ; c'est également l'un des endroits où le taux de chômage (une nuisance au bonheur global) est au plus bas.

Maintenant, y a-t-il des gens plus heureux que d'autres dans la région de Québec ? C'est ce que j'ai tenu à savoir. Pour m'en faire une idée, j'ai commencé par regarder ce qui faisait, en général, le bonheur des gens...

Plusieurs facteurs semblent déterminants à ce sujet, selon Statistique Canada. À commencer par le fait de résider dans une petite collectivité, où l'on jouit d'un bon ancrage social et où l'on évolue en harmonie avec les autres. Ce qui rejoint une autre étude, signée par le cabinet-conseil Gallup, qui a mis au jour six indicateurs du bonheur dans la vie. Deux sont purement économiques : le produit intérieur brut par habitant et l'espérance de vie saine. Les quatre autres sont liés au réseau de connexions dans lequel chacun évolue : le fait d'avoir des proches sur qui compter ; d'être en mesure d'exprimer son libre arbitre; de pouvoir exprimer sa générosité envers les autres ; et d'être confiant en l'avenir. Bref, il convient de vivre dans un «village urbain».

J'ai ensuite regardé si un tel joyau existait bel et bien dans la région de Québec. Et je suis tombé sur différentes études de l'Institut de la statistique du Québec (ISQ) portant sur la vitalité économique de la province qui pointaient toutes dans une direction très précise, vers un point qui brillait de mille feux :

> Une population en plein boom, avec la plus forte progression durant la dernière décennie à l'échelle du Québec (+ 61,4 °/oo) ;

> Une population active, avec le deuxième taux de travailleurs de 25-64 ans le plus élevé de la province (85,4 %) ;

> Une population jeune, avec la deuxième moyenne d'âge la plus basse du Québec (33,7 ans).

Ce point s'appelle... Sainte-Brigitte-de-Laval.

Ne faisant ni une ni deux, j'ai filé vers SBDL, situé à une demi-heure au nord-est de Québec. Le village de 7 500 âmes est niché dans un écrin de montagnes verdoyantes.

Le boom immobilier est visible d'emblée, à l'image du domaine en chantier Espace Pur, composé de 36 minimaisons à l'empreinte écologique minimale. Des petites familles, des retraités, des célibataires originaires de Montcalm, de Val-Bélair et même de Trois-Rivières s'apprêtent à en faire leur résidence principale, histoire de vivre dans la nature. «Le domaine jouxte une montagne privée où on va notamment aménager une piscine et des sentiers», explique, radieuse, Manon Chabot, chargée de projet de Chabot Construction, responsable d'Espace Pur.

Un peu plus loin, tout au bout d'une route en terre, je découvre une maison blottie au coeur des bois, digne des magazines de déco : une structure en poutres équarries, des baies vitrées de tous les côtés, une grande cheminée centrale et un plancher fait de larges planches de pin. C'est là le petit coin de paradis d'Ancolie Séguin, de son conjoint Simon Paquet et de leurs trois enfants de 5, 10 et 11 ans.

Le couple de trentenaires a acheté le terrain de deux millions de pieds carrés au début de la vingtaine et y a bâti de ses mains la maison, en plus d'une cabane à sucre juste pour eux, dans la forêt. Avec le frère d'Ancolie, Saule, ils sont à la tête d'une PME spécialisée dans l'aménagement paysager haut de gamme, Les Jardins de vos Rêves, qui a remporté l'an dernier le premier prix du Concours d'aménagement paysager de l'Association des paysagistes professionnels du Québec (APPQ).

«Je ne vivrais pour rien au monde ailleurs qu'à SBDL, dit Ancolie, tout sourire. On a tout pour être heureux, ici : la nature, l'air pur, la vie de village. Nos amis sont tous de jeunes parents, on se retrouve chez les uns et chez les autres, n'importe quand, pour un barbecue ou pour une baignade dans la Montmorency. Pour l'alimentation, je m'approvisionne en grande partie à un groupe d'achat de produits bio, que je récupère chaque semaine à l'église.»

L'hiver, les activités de la PME en aménagement paysager tournent au ralenti. Alors, la petite famille joue les globe-trotters : «En janvier et en février, nous avons été au Cambodge et au Laos», me confie-t-elle avant de murmurer : «En en parlant, je réalise que, sur l'échelle du bonheur, on ne doit pas être loin du 100 %.»

Voilà. Le bonheur existe, je l'ai rencontré. Il réside à SBDL, même si, sûrement, tout ne doit pas toujours y être parfait. Et il se traduit peut-être par - qui sait? - le couple le plus heureux du Canada...

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Espressonomie

Un rendez-vous hebdomadaire dans Les affaires et Lesaffaires.com, dans lequel Olivier Schmouker éclaire l'actualité économique à la lumière des grands penseurs d'hier et d'aujourd'hui, quitte à renverser quelques idées reçues.

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