L'Oréal, un géant qui s'efforce d'agir en jeune pousse

Publié le 06/11/2018 à 13:35

L'Oréal, un géant qui s'efforce d'agir en jeune pousse

Publié le 06/11/2018 à 13:35

Le PDG de l'Oréal Canada, Frank Kollmar. (Photo: courtoisie)

BLOGUE INVITÉ. Frank Kollmar, président-directeur général de L’Oréal Canada et curieux invétéré, s’est joint à L’Oréal il y a près de 20 ans. Mais sa curiosité, elle, est là depuis toujours. 

Enfant, il rêvait de parcourir le monde et de découvrir d’autres cultures. Natif de Stuttgart, en Allemagne, il se considère comme «l’immigrant canadien typique».

Il a toujours eu des opinions bien arrêtées, mais a mis du temps à les façonner en une vision capable d’éperonner ses semblables.

«Au secondaire, je n’étais pas vraiment un chef de troupe. Le service militaire était obligatoire, alors j’ai passé 15 mois dans l’armée, et j’ai découvert là une autre façon de diriger. Ça m’a donné le temps de réfléchir à ce que je voulais faire de ma vie.» 

L’Oréal a beau être la plus grande entreprise de cosmétiques du monde, elle s’efforce d’agir en jeune pousse. C’est Eugène Schueller, fondateur de L’Oréal, qui a insufflé à l’entreprise ce dynamisme entrepreneurial, souligne Frank Kollmar. 

«Ce feu sacré qui alimente l’entreprise en démarrage et l’incite à l’action, allié aux possibilités et aux capitaux qu’offre une multinationale, c’est mon moteur quotidien.»

Le dirigeant aime bien servir à son personnel la métaphore de l’équipe sportive. À telle enseigne qu’il invite des entraîneurs aux réunions de gestion de L’Oréal Canada. Ils n’ont pas leur pareil pour mettre les points sur les i et motiver les troupes, affirme-t-il. Pour reprendre la tête, une équipe qui tire de l’arrière n’a d’autre choix que de changer de stratégie.

«Ce ne sont pas les virages – numérique, ethnique, lié à l’âge – qui manquent par les temps qui courent. Pour exceller sur ce terrain, il faut pouvoir compter sur une équipe d’experts dans différents domaines, mais qui, tous, partagent les mêmes valeurs et les mêmes objectifs.»

La diversité est également importante aux yeux du PDG. 

«Je suis très bien entouré. Mon équipe de direction compte 40 % de femmes et mon équipe stratégique est paritaire. Dans mes équipes, il y a des Canadiens francophones et anglophones, des Européens… cette formidable richesse de points de vue nous fait faire tellement de chemin.»

Par ailleurs, la férocité de la concurrence est une bonne chose selon Frank Kollmar, parce qu’elle garde L’Oréal sur le qui-vive. 

«J’adore travailler dans le secteur des cosmétiques, riche en créativité et en perspectives. Une multitude de petites entreprises veulent leur part du gâteau, alors pas question de nous reposer sur nos lauriers. Et c’est très bien ainsi.» 

Le dirigeant fait observer que les deux tiers des employés de L’Oréal Canada sont des Y, génération qu’il tient en haute estime. 

«Ces jeunes sont déterminés et veulent des résultats. Et contrairement à nous, de la génération X, ils n’ont pas peur de poser des questions. Ils aspirent à la transparence et, par-dessus tout, ils veulent comprendre. Et je comprends pourquoi ils posent autant de questions : c’est pour nous amener à parler de ce qui compte vraiment, à nous concentrer sur les vrais problèmes.»

Par contre, tempère-t-il, il manque parfois aux Y une qualité indispensable à la réussite en affaires. 

«Bon nombre d’entre eux n’ont jamais connu l’échec. Contrairement aux générations précédentes, ils enfoncent souvent des portes ouvertes. Ils n’ont donc pas beaucoup d’occasions de cultiver leur combativité; or, avoir du cran, c’est essentiel dans une carrière marathon, ponctuée de hauts et de bas.»

Somme toute, Frank Kollmar envisage l’avenir avec optimisme. L’engouement pour tout ce qui touche au bien-être et l’explosion technologique sont, estime-t-il, de très bon augure pour le secteur des cosmétiques.

Lien vers le podcast (en anglais seulement)

Le présent article est une transcription condensée et modifiée d’une entrevue animée par Karl Moore, professeur agrégé à l’Université McGill, dans le cadre de l’émission The CEO Series, présentée sur les ondes de CJAD 800. L’article a été rédigé en anglais en collaboration avec Geneviève Côté, récemment diplômée au baccalauréat en commerce, et traduit vers le français par Josée Forest, traductrice-réviseure. L’entrevue intégrale est disponible en baladodiffusion Apple cet automne.

À propos de ce blogue

Chaque semaine, Karl Moore, professeur agrégé à la Faculté de gestion Desautels de l’Université McGill, s’entretient avec des dirigeants d’entreprise de calibre mondiale au sujet de leur parcours, les dernières tendances dans le monde des affaires et l’équilibre travail-famille, notamment.

Karl Moore
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