Certains entrepreneurs rêvent de sauver le monde, d'autres agissent

Publié le 04/12/2018 à 11:15

Certains entrepreneurs rêvent de sauver le monde, d'autres agissent

Publié le 04/12/2018 à 11:15

Benoît Robert, président-directeur général de Communauto.

Le président-directeur général de Communauto, Benoît Robert. (Photo: courtoisie)

BLOGUE INVITÉ. Benoît Robert, président-directeur général de Communauto, se voit davantage comme un entrepreneur social que comme un homme d’affaires. Il n’a jamais rêvé de fonder une entreprise pour réaliser des profits ni même de fonder une entreprise, point à la ligne. Ce qui l’intéressait d’abord et avant tout, c’étaient les retombées sociales de l’autopartage et les innombrables avantages d’une utilisation plus efficace de nos ressources.

«Le capitalisme est un très bon système dans la mesure où il permet aux gens qui ont des idées de les concrétiser. La plupart des fondateurs d’entreprise sont mus non pas par l’appât du gain, mais par la passion.»

Depuis 25 ans, Benoît Robert étend progressivement les activités de son service d’autopartage. Présente d’Edmonton à Halifax, Communauto lorgne maintenant les marchés étrangers et est installée à Paris. 

L’économie du partage, concept pour ainsi dire inconnu lors de la fondation de Communauto, est aujourd’hui sur toutes les lèvres. De grandes entreprises comme Uber et Airbnb ont fait connaître ce modèle, amenant des particuliers à proposer des services de transport et d’hébergement, mais également d’autres types de prestations. Selon Benoît Robert, cette évolution a bien servi la mission de Communauto en faisant ressortir les avantages de l’autopartage.

L’automobile en libre-service constitue une excellente solution de rechange à la possession d’un véhicule en propre, qui va de soi dans notre société. Cette façon de faire pourrait transformer notre perception de l’automobile qui, de bien personnel, deviendrait plutôt un service. Même si l’économie du partage a le vent dans les voiles, Benoît Robert n’a aucunement l’intention de vendre Communauto, craignant que les éventuels acheteurs ne se détournent du but premier de l’entreprise – qui est aussi le sien: faire un usage plus efficace des ressources.

«L’économie du partage intéresse beaucoup de gros joueurs, mais je ne suis pas sûr que leurs motivations rejoignent les miennes. Communauto doit demeurer fidèle à sa mission, à savoir réduire le nombre de véhicules en circulation.»

Sur la voie de la croissance, Communauto doit non seulement s’employer à satisfaire les besoins de diverses populations, mais également les exigences de divers territoires. 

«Les règlements varient d’une ville à l’autre. Ainsi, les frais d’assurance varient grandement suivant la province. Il arrive même que les règlements nous empêchent d’accéder à un marché.»

Communauto, une entreprise citoyenne

Communauto souhaite resserrer ses liens avec le public et le privé. Une entreprise citoyenne, explique le dirigeant, se doit de respecter les règles locales. Grâce à ce civisme en affaires, Communauto entretient d’excellentes relations avec les sociétés de transport en commun et les agences de location de voitures.

Par ailleurs, l’intelligence artificielle nous ouvre d’immenses perspectives, poursuit Benoît Robert. Elle peut contribuer à la croissance du secteur de l’autopartage, mais ce dernier peut également contribuer à la mise au point des technologies d’IA en servant de banc d’essai. À titre d’exemple, les voitures électriques ont rapidement été intégrées au parc automobile de Communauto, parce qu’il est beaucoup moins onéreux d’installer des bornes de recharge pour une entreprise d’autopartage que pour une population entière. Cette logique vaut également pour les véhicules autonomes.

Au début, explique le dirigeant, les voitures intelligentes seront hors de prix et ne pourront pas se passer complètement d’une intervention humaine. De plus, une voiture autonome capable de franchir une courte distance à faible vitesse dans les rues d’une ville ne pourra pas forcément atteindre les 100 kilomètres/heure sur l’autoroute. Cela dit, la technologie pourrait, même à ses premiers stades, aider Communauto à rejoindre le plus de clients possible avec le moins de voitures possible. Car l’un des plus grands défis de l’entreprise, c’est de faire en sorte que le véhicule soit facilement accessible pour le client.

Lien vers le podcast (en anglais seulement)

Le présent article est une transcription condensée et modifiée d’une entrevue animée par Karl Moore, professeur agrégé à l’Université McGill, dans le cadre de l’émission The CEO Series, présentée sur les ondes de CJAD 800. L’article a été rédigé en anglais en collaboration avec Emily Quadros, étudiante au baccalauréat en commerce à McGill, et traduit vers le français par Josée Forest, traductrice-réviseure. L’entrevue intégrale est disponible en baladodiffusion Apple.

À propos de ce blogue

Chaque semaine, Karl Moore, professeur agrégé à la Faculté de gestion Desautels de l’Université McGill, s’entretient avec des dirigeants d’entreprise de calibre mondiale au sujet de leur parcours, les dernières tendances dans le monde des affaires et l’équilibre travail-famille, notamment.

Karl Moore
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