Pourquoi je regrette de moins en moins ne pas avoir étudié à l'université

Publié le 11/02/2016 à 13:51

Pourquoi je regrette de moins en moins ne pas avoir étudié à l'université

Publié le 11/02/2016 à 13:51

[Photo : Bloomberg]

Ne pas avoir passé trois ans sur les bancs de l’université a toujours été chez moi une source de regret. Contrairement à des milliards d’êtres humains qui ont eu la malchance de naître dans un pays où l’accès à l’éducation supérieure ne va pas de soit, cependant, je n’ai que moi-même à blâmer pour ce que je considérais jusqu’à tout récemment comme une lacune.

Les interviews et les lectures que j’ai réalisés au courant des derniers mois ont contribué à me convaincre qu’après tout, je n’avais peut-être pas manqué grand-chose. De ces recherches, a émergé un reportage intitulé Universités : évoluer ou disparaître (réservé à nos abonnés), qui fait la une de l’édition du journal Les Affaires du 13 février, en kiosque à partir d’aujourd’hui.

J’y expose notamment comment le monopole des universités sur l’éducation supérieure tire à sa fin et que, ce n’est peut-être pas une mauvaise nouvelle. Les universités qui en sortiront gagnantes sont celles qui excellent en enseignement et qui sont capables d’offrir quelque chose d’unique à leurs étudiants. Ces dernières prospéreront même si, en règle générale, la valeur des crédits universitaires reconnus par le gouvernement semble être appelée à diminuer.

Comprenenez moi bien. Je regrette encore la perte de l’opportunité d’apprentissage qu’auraient pu constituer des études universitaires. Cela dit, j’ai perdu quelque peu d’estime pour ces hauts lieux du savoir que sont supposés être les universités en apprenant que 36% des diplômés universitaires américains n’apprendraient pratiquement rien au courant de leurs études universitaires. Du moins, c’est la conclusion à laquelle sont parvenus les chercheurs Richard Arum et Josipa Roksa, grâce à un test évaluant la capacité de pensée critique, de raisonnement, de résolution de problèmes et de communication écrite de diplômés américains.

Même si j’espère que les universités québécoises sont plus performantes, ce qui est très possible, force est de constater que ces dernières ont été bâties sur le même modèle que les universités américaines. En effet, même s’il semble évident que la mission première des universités est d’enseigner, il est facile de comprendre, en se penchant sur leur structure, pourquoi elles n’excellent pas toutes dans ce qui devrait être leur mission première.

En effet, il faut être un chercheur accompli pour être nommé professeur dans une université, mais il n’est pas nécessaire d’être un bon pédagogue. On n’impose même pas un minimum de cours en pédagogie à ceux qui veulent devenir professeurs, une situation qui explique pourquoi autant d’étudiants universitaires n’apprennent rien.

À une époque où on peut désormais tester la marchandise avant d’acheter, notamment grâce aux cours en ligne ouverts et massifs (MOOC en anglais), les universités n’auront pas le choix de devenir meilleures en matière d’enseignement. Elles devront aussi s’adapter à une économie changeante, où aucun professionnel ne pourra s’asseoir sur son diplôme.

Personnellement, j’ai certainement quelques lacunes en raison de mon parcours, mais être un autodidacte m’a en quelque sorte préparé à cette réalité. Je cherche constamment à parfaire mes compétences en lisant des livres, en parlant à des experts (ce qui, heureusement, fait partie de mon travail) et en faisant des choses pour lequel je n’ai pas forcément les compétences.

Je fais bien entendu des erreurs, mais j’apprends de chacune d’entre elles. Et, à travers tout ça, je passe beaucoup de temps à étudier à distance, que ce soit en complétant des cours crédités de la Téluq (j’en fais de moins en moins) ou des formations non créditées sur des plateformes comme Coursera, edX, NovoEd et FreeCodeCamp (j’en fais de plus en plus).

Je ne dis pas que ce que je fais à temps partiel depuis le début de ma carrière vaut ce qu’un étudiant universitaire a accompli à temps plein en trois ans. Cependant, mon petit doigt me dit que tout le monde devra s’imposer cette discipline pour demeurer sur le marché du travail au 21e siècle. Ceux qui ne le font pas, et qui n’ont pas la chance d’exercer un métier règlementé comme dentiste ou notaire, seront remplacés par un robot, un brillant Pakistanais ou une combinaison des deux.

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À propos de ce blogue

DE ZÉRO À UN MILLION est le blogue de Julien Brault, qui a fondé la start-up Hardbacon en juin 2016. L’ancien journaliste de Les Affaires relate ici chaque semaine comment il transforme une idée en entreprise. Dans ce blogue, Julien Brault dévoile notamment chaque semaine ses revenus. Une démarche sans précédent qui est cohérente avec les aspirations de Hardbacon, qui vise à aider les gens à investir intelligemment en faisant voler en éclat le tabou de l’argent. Ce blogue sera ainsi alimenté jusqu’à ce que Hardbacon, qui n’avait aucun revenu lors de la publication du premier billet, génère un million de dollars en revenu annuel.

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