Le prix unique ne sauvera pas les librairies québécoises

Publié le 31/07/2013 à 18:35, mis à jour le 01/08/2013 à 11:37

Le prix unique ne sauvera pas les librairies québécoises

Publié le 31/07/2013 à 18:35, mis à jour le 01/08/2013 à 11:37

[Photo : Bloomberg]

BLOGUE. Comme les disquaires et les clubs vidéo, les librairies vendent de la propriété intellectuelle dans des lieux physiques, avec des employés en chair et en os. Alors que la Boîte noire est sous la protection de la loi sur les arrangements avec les créanciers et que le club vidéo Beaubien a annoncé sa fermeture, il va sans dire que ce n’est pas une formule gagnante. En d’autres mots, les librairies vivent sur du temps emprunté.

S’il n’y a pas plus de librairies québécoises qui ont fermé leur porte, c’est en grande partie grâce à la loi 51 qui, adoptée en 1981, contraint les bibliothèques à acheter leurs livres au plein prix, auprès des librairies agréées de leur secteur. Au Canada et aux États-Unis, les bibliothèques achètent directement auprès des éditeurs et des distributeurs, de qui elles obtiennent des tarifs préférentiels.

La solution qui soulève les passions dans le milieu du livre québécois en ce moment ? Le prix unique, une mesure législative de contrôle des prix du livre. Concrètement, ce que l’industrie voudrait obtenir, c’est une loi interdisant aux détaillants d’accorder des remises de plus de 10 % sur le prix suggéré des nouveautés. Cette mesure, l’industrie aurait aimé la voir dans la loi 51 et remet régulièrement ce débat sur la table depuis lors. S’il revient dans l’actualité cet été, c’est qu’une commission parlementaire sur la question siégera à la fin du mois d’août.

Le but avoué d’une telle mesure est de permettre aux libraires de mieux concurrencer les grandes surfaces, qui accordent systématiquement des remises sur les best-sellers, quand ils ne les vendent pas carrément à perte. Et Amazon dans tout ça ? Il va sans dire que sa concurrence fait mal aux libraires québécois, mais je ne vois pas comment une loi québécoise pourrait avoir un impact sur les pratiques du détaillant en ligne, qui n’a pas de présence physique au Québec.

Quant aux livres numériques, ils pourraient être vendus moins cher que la version papier du même livre, même advenant l’adoption d’une loi sur le prix unique. En effet, puisqu’on leur donne des numéros ISBN différents, les éditions numériques sont considérées comme des éditions distinctes, au même titre qu’une édition compacte, par exemple.

Comme les principaux détaillants de livres numériques n’ont pas de présence au Québec, appliquer la politique du prix unique à la vente de livres numériques aurait l’effet contraire de celui recherché. Seuls les détaillants locaux de livres numériques, comme Renaud Bray ou LivresQuebecois.com, seraient contraints de respecter la loi. 

À la page suivante : Le prix unique, une mesure tournée vers le passé

À propos de ce blogue

DE ZÉRO À UN MILLION est le blogue de Julien Brault, qui a fondé la start-up Hardbacon en juin 2016. L’ancien journaliste de Les Affaires relate ici chaque semaine comment il transforme une idée en entreprise. Dans ce blogue, Julien Brault dévoile notamment chaque semaine ses revenus. Une démarche sans précédent qui est cohérente avec les aspirations de Hardbacon, qui vise à aider les gens à investir intelligemment en faisant voler en éclat le tabou de l’argent. Ce blogue sera ainsi alimenté jusqu’à ce que Hardbacon, qui n’avait aucun revenu lors de la publication du premier billet, génère un million de dollars en revenu annuel.

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