Le casque de réalité virtuelle de Bertrand Nepveu amasse 100 000$ en moins de 24 heures

Publié le 17/09/2014 à 10:33

Le casque de réalité virtuelle de Bertrand Nepveu amasse 100 000$ en moins de 24 heures

Publié le 17/09/2014 à 10:33

Bertrand Nepveu, pdg de Vrvana, travaille sur son casque de virtuelle depuis déjà neuf ans. [Photo : Julien Brault]

Moins de 24 heures après le lancement de sa campagne Kickstarter, la montréalaise Vrvana a déjà amassé près de 100 000$ pour mettre en marché Totem, un casque de réalité virtuelle. Fixé à 350 000$, l’objectif de la campagne devrait être atteint sans encombre. À titre de comparaison, l’Oculus Rift, un autre casque de réalité virtuelle, avait recueilli pas moins de 2,4 millions sur Kickstarter en 2012.

Pour Bertrand Nepveu, pdg de Vrvana, la réalité virtuelle est tout sauf un passe-temps. Lorsque je suis allé l’interviewer dans ses bureaux de la rue Sainte-Catherine, il m’a confié travailler sur son casque depuis neuf ans. Forte de sept employés, Vrvana a obtenu un financement d’amorçage de Real Ventures de 750 000$ en juin dernier.

Mardi après-midi, j’étais en train de l’interviewer lorsqu’une de ses employées lui a signalé que la campagne avait dépassé le cap des 50 000$. Bertrand Nepveu a réagi par un «yé» sans conviction, puis a enchaîné avec un rire nerveux.

Il faut dire que rien n’est encore gagné pour cet ingénieur logiciel qui a développé son expertise en vision artificielle chez Teledyne Dalsa. Si son prototype est fonctionnel, il lui faudra beaucoup plus que 100 000$ pour concurrencer les géants Facebook (Oculus Rift), Samsung (Gear VR) et Sony (Project Morpheus).

Dans les faits, le casque de réalité virtuelle qu’il compte commercialiser ressemble beaucoup à l’Oculus Rift, avec les jeux duquel il devrait d’ailleurs être compatible. «Tout ce qui a été développé pour l’Oculus, avec leur DK1 [Development Kit 1], peut fonctionner sur le Totem», explique Bertrand Nepveu.

J’ai essayé le Totem, m’immergeant dans un jeu durant quelques minutes, et ne n’ai pas perçu ce qui distingue le Totem de l’Oculus Rift. Bertrand Nepveu m’a toutefois expliqué en quoi se démarquait le Totem. Celui-ci étant équipé de caméras externes, il peut fonctionner sans l’apport d’une caméra pointant vers le joueur, essentielle avec le Rift.

Cette approche offre ainsi une mobilité accrue à l’utilisateur. Elle lui permet également de regarder derrière lui, ce qui est impossible avec le Rift, dont le champ de vision est limité à 180 degrés. On parle quand même d’améliorations à la marge.

Malgré tout, le Totem est loin d’être une copie opportuniste de l’Oculus Rift. Le succès du premier casque, dans les faits, n’a fait qu’accélérer le développement du second. En voyant à quel point ses contributeurs étaient mécontents suite à son acquisition par Facebook au prix de deux milliards de dollars en mars 2014, Bertrand Nepveu a décidé de devancer le lancement de son produit. «On n’était pas prêt à aller sur la place publique, mais le monde était tellement frustré qu’on s’est dit qu’il fallait en profiter pour proposer une alternative», explique l’entrepreneur.

Pour accélérer la cadence, Bertrand Nepveu a été cherché du financement auprès de Real Ventures en juin. C’était toutefois loin d’être suffisant pour permettre à la société de sept employés de financer la production de ses casques, qui sont offerts en précommande à partir de 495$ par l’entremise de Kickstarter. «Ce Kickstarter, c’est vraiment pas un coup de marketing; on a vraiment besoin de l’argent pour l’outillage, les moules et ainsi de suite», explique Bertrand Nepveu.

Oculus, le prochain Android?

Comme Vrvana, Samsung s’est aussi assurée de permettre aux médias développés pour l’Oculus Rift de fonctionner sur son casque, le Gear VR. En ce sens, Facebook pourrait ainsi jouer le rôle qu’a joué Google avec Android, mais dans le secteur des casques de réalité virtuelle.

Comme Google, Facebook tire la part de lion de ses revenus de la publicité et il serait surprenant que l’occasion d’affaires que Mark Zuckerberg a vue dans la réalité virtuelle réside dans la vente de matériel électronique. Selon Bertrand Nepveu, le pdg de Facebook voit dans les univers virtuels, où les internautes pourraient avoir l'impression de se rencontrer en personne, une menace existentielle pour Facebook.

En contrôlant l’écosystème de la réalité virtuelle, Facebook voudrait ainsi s’assurer de pouvoir y transposer sa dominance et, sans aucun doute, afficher de la publicité dans les nouveaux univers virtuels qui émergeront.

Bertrand Nepveu, pour sa part, espère en quelque sorte faire de Vrvana le HTC de la réalité virtuelle. Et il aimerait le faire en tant que société indépendante le plus longtemps possible. «Je ne me suis pas fait chi*** pendant neuf ans juste pour flipper la compagnie. Je veux bâtir quelque chose et on décidera si ça vaut la peine de vendre ou pas en fonction de ce que l’acheteur nous offre pour accélérer le développement. La sortie, ça pourrait aussi être un appel public à l’épargne.»

À propos de ce blogue

DE ZÉRO À UN MILLION est le blogue de Julien Brault, qui a fondé la start-up Hardbacon en juin 2016. L’ancien journaliste de Les Affaires relate ici chaque semaine comment il transforme une idée en entreprise. Dans ce blogue, Julien Brault dévoile notamment chaque semaine ses revenus. Une démarche sans précédent qui est cohérente avec les aspirations de Hardbacon, qui vise à aider les gens à investir intelligemment en faisant voler en éclat le tabou de l’argent. Ce blogue sera ainsi alimenté jusqu’à ce que Hardbacon, qui n’avait aucun revenu lors de la publication du premier billet, génère un million de dollars en revenu annuel.

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