L'avenir du financement participatif en capital au Québec repose sur les épaules de cet entrepreneur

Publié le 17/12/2015 à 12:57

L'avenir du financement participatif en capital au Québec repose sur les épaules de cet entrepreneur

Publié le 17/12/2015 à 12:57

Mathieu Lachaine, le pdg d’Ubios, a annoncé qu’il allait lancer une campagne de financement participatif en capital lors du Demo Day d’InnoCité MTL. [Photo : courtoisie]

Mathieu Lachaîne, le pdg d’Ubios, pense avoir ce qu’il faut pour orchestrer la première campagne de financement participatif en capital à ne pas finir en queue de poisson. «Je sais qu’il y a un risque et il y a beaucoup de gens qui trouvent qu’on est brave, mais je ne suis pas trop inquiet par rapport à nos chances d’atteindre notre objectif», relate Mathieu Lachaîne, qui lancera sa campagne en janvier 2016 pour faire connaître son système de maison intelligente auprès du grand public. Il plonge toutefois dans l’inconnu.

En effet, après des années de débats et de consultations publiques, l’AMF a finalement ouvert les portes à cette forme de financement en juillet dernier. Depuis lors, les entreprises québécoises peuvent vendre des actions à des investisseurs au détail par l’entremise de sites Web dont la mécanique est similaire à celle de Kickstarter.

Or, au Québec aucune campagne du genre n’a été couronnée de succès. À l’échelle du Canada, où cinq provinces en plus du Québec ont adopté le même cadre réglementaire, seules deux start-ups sont parvenues à atteindre leur objectif de financement sur la plateforme de Vancouver FrontFundr, qui est l’une des deux plateformes approuvées par l’AMF.

Sur la plateforme québécoise GoTroo, l’autre plateforme ayant le feu vert de l’AMF à héberger des campagnes de financement participatif en capital, aucune campagne n’est parvenue à avoir du succès. Il faut dire que les risques, lorsqu’on investit dans des start-ups, sont tout particulièrement élevés. En effet, on estime que pas moins de 90% des start-ups se révéleront des échecs.

Ubios a l’avantage d’être une start-up relativement relativement crédible, puisqu’elle sort de l’accélérateur InnoCité MTL et qu’elle a déjà obtenu un financement de 350 000 $. Pour l’instant, le système de domotique qu’elle propose vise les entreprises souhaitant limiter les risques de dégât d’eau en coupant automatiquement l’eau courante lorsqu’un lieu est inoccupé.

Ubios vise toutefois à introduire de nouveaux produits et à percer le marché des consommateurs d’ici 18 mois. «On veut faire l’éducation par rapport a la maison intelligente afin de préparer notre marché consommateur», explique Mathieu Lachaîne, le pdg d’Ubios. Dans les faits, l’objectif de la campagne d’Ubio s’élèvera à 100 000$ sur un maximum prévu par le cadre réglementaire de 250 000$.

Ainsi, l’argent issu de la campagne ne sera qu’une goutte d’eau dans la ronde d’amorçage de 1,5 million que tente de boucler Mathieu Lachaîne. Sa démarche pourrait toutefois mettre en confiance les investisseurs issus du grand public (qui ont le droit d’investir jusqu’à 1 500$ dans un projet comme celui d’Ubios), puisque ces derniers bénéficieront des mêmes termes que les investisseurs professionnels qui participeront à la ronde.

Une source de financement intéressante pour les start-ups?

Pour une start-up, le financement participatif en capital permet vendre des actions à ses clients et d’outrepasser les anges financiers pour les financements d’amorçage. Sur papier, cela semble extraordinaire, mais dans la réalité, la preuve n’a pas encore été faite qu’il s’agit d’une avenue intéressante pour une start-up à fort potentiel. En effet, avoir des centaines d’actionnaires ayant investi moins de 1 500$ pourrait constituer une distraction pour un entrepreneur déjà débordé. Leur présence au capital de l’entreprise pourrait aussi faire déraper un financement en capital de risque traditionnel, vu le nombre d’actionnaires ultimement impliqués.

Pour éviter de se retrouver dans une telle situation, Mathieu Lachaîne a prévu mettre sur pied une société en commandite dont les parts seront vendues sur GoTroo en janvier prochain. Un associé de cette société devrait ainsi être responsable de gérer la relation entre Ubios et ceux qui ont contribué à sa campagne de financement en achetant des parts de ladite société. De cette manière, la campagne de financement participatif ne donnera lieu qu’à un actionnaire de plus pour Ubios. 

Si la campagne de financement d’Ubios s’avère un succès et que la valeur d’Ubios venait à monter, son exemple pourrait inciter d’autres start-ups à tenter l’expérience et d’autres individus à s’improviser investisseurs en capital de risque. Si, au contraire, la campagne d’Ubios est un échec, le signal qui sera envoyé sera négatif.

Benoît L'Archevêque, associé de GoTroo, reconnaît qu’une campagne à succès est incontournable pour les plateformes comme la sienne. Cependant, il refuse de voir la campagne d’Ubios comme un test : «Pour nous, 2016, c’est notre première vraie année; on est en train d’améliorer la plateforme, et il faut faire approuver les changements par l’AMF», explique Benoît L'Archevêque.

Du reste, il se peut que le financement participatif en capital soit laissé aux projets d’entreprises locales ou à celles visant un impact social. Dans ce cas, les investisseurs seraient motivés par l’impact social ou communautaire davantage que par le potentiel de rendement. «Il n’y a pas deux produits pareils, pas deux entrepreneurs pareils, explique Benoît L'Archevêque, qui n’a pas de parti pris par rapport aux types d’entreprises utilisant GoTroo pour se financer. Notre objectif est que chaque entreprise qui a besoin de lever des fonds le fasse. »

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À propos de ce blogue

DE ZÉRO À UN MILLION est le blogue de Julien Brault, qui a fondé la start-up Hardbacon en juin 2016. L’ancien journaliste de Les Affaires relate ici chaque semaine comment il transforme une idée en entreprise. Dans ce blogue, Julien Brault dévoile notamment chaque semaine ses revenus. Une démarche sans précédent qui est cohérente avec les aspirations de Hardbacon, qui vise à aider les gens à investir intelligemment en faisant voler en éclat le tabou de l’argent. Ce blogue sera ainsi alimenté jusqu’à ce que Hardbacon, qui n’avait aucun revenu lors de la publication du premier billet, génère un million de dollars en revenu annuel.

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