La vraie raison pour laquelle l'Université Laval boude Coursera

Publié le 27/11/2014 à 08:40

La vraie raison pour laquelle l'Université Laval boude Coursera

Publié le 27/11/2014 à 08:40

Après HEC Montréal et McGill, voici que l’Université Laval entre dans le train des cours en ligne ouverts et massifs (MOOC). À partir de maintenant, ceux qui sont intéressés à suivre son premier cours du genre, qui portera sur le développement durable, peuvent s’y inscrire gratuitement.

Le cours a coûté 70 000 $ à développer, incluant les frais encourus pour développer la plateforme technologique. En effet, l’Université Laval a décidé de faire cavalière seule en développant sa propre plateforme plutôt que de proposer son cours sur les Coursera, edX et NovoEd de ce monde, qui ont le support de nombreuses universités anglophones, incluant McGill.

Intrigué par ce choix, j’ai demandé à Bernard Garnier, vice-recteur aux études et aux activités internationales de l’Université Laval, pourquoi il n’avait pas choisi l’une des trois plateformes mentionnées ci-dessus. Il a commencé par me dire que la question ne s’était pas vraiment posée, compte tenu de l’expertise de l’université, qui offre déjà quelque 700 cours à distance.

L’ennui, avec cette explication, est que plusieurs universités ayant cette expertise, comme Stanford, recourent à ces intermédiaires, tandis que HEC Montréal, qui n’a pas cette expertise, a elle aussi décidé d’y aller seule avec son offre de cours baptisée EDUlib

C’est en posant à nouveau la question que j’ai finalement obtenu une réponse satisfaisante. Les plateformes comme Coursera, apparemment, sont très onéreuses pour les universités qui les utilisent.

Or, même si les MOOC pourraient un jour bouleverser l’industrie de l’éducation, les universités les voient encore essentiellement comme des outils de marketing.

Bernard Garnier ne s’en cache pas. Si l’Université Laval a investi dans un MOOC, c’est pour mousser son image et recruter de nouveaux étudiants : « C’est certain que l’objectif premier est la mise en valeur de notre savoir-faire, explique-t-il. Non seulement au Québec et au Canada, mais aussi ailleurs dans la francophonie. C’est sûr qu’on aimerait rejoindre ceux qui seraient intéressés par notre formation à distance ou encore à venir nous voir sur notre campus. »

J’ai moi-même suivi quelques MOOC et, sans surprise, les universités qui les offrent n’ont pas tardé à me contacter pour m’offrir des cours en ligne traditionnels. Après avoir complété le cours Technology Entrepreneurship offert par Stanford sur NovoEd, je n’ai pas manqué de recevoir des courriels faisant la promotion des cours en ligne de la prestigieuse université américaine. Ils sont intéressants, mais à 2 940 $ US par cours crédités, j’ai passé mon tour.

Du côté de l’Université du Maryland, dont j’ai suivi le MOOC Developing Innovative Ideas for New Companies sur Coursera, les frais sont relativement plus raisonnables. Pour la coquette somme de 19 500 $ US, l’université américaine m’a proposé de m’inscrire à son Master of Technology Entrepreneurship, un programme en ligne d’une durée de 15 mois. Inutile de dire que j’ai également décliné.

Là où le bât blesse, c’est que les frais de scolarité des universités québécoises sont beaucoup plus modestes que ceux de leurs consoeurs américaines. Ainsi, elles ne peuvent probablement pas payer autant qu’elles pour acquérir un nouvel étudiant. Cette réalité explique sans doute pourquoi elles semblent trouver les plateformes comme Coursera trop dispendieuses.

[Mise à jour : La TÉLUQ, la branche formation à distance de l’Université du Québec, offre des MOOC depuis la fin du mois d'août, vient-on de m’apprendre par courriel. Et, surprise surprise, elle offre ces cours sur sa propre plateforme, baptisée Ulibre.]

À propos de ce blogue

DE ZÉRO À UN MILLION est le blogue de Julien Brault, qui a fondé la start-up Hardbacon en juin 2016. L’ancien journaliste de Les Affaires relate ici chaque semaine comment il transforme une idée en entreprise. Dans ce blogue, Julien Brault dévoile notamment chaque semaine ses revenus. Une démarche sans précédent qui est cohérente avec les aspirations de Hardbacon, qui vise à aider les gens à investir intelligemment en faisant voler en éclat le tabou de l’argent. Ce blogue sera ainsi alimenté jusqu’à ce que Hardbacon, qui n’avait aucun revenu lors de la publication du premier billet, génère un million de dollars en revenu annuel.

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