FailCamp: Une petite leçon sur la dilution dans le monde des start-ups

Publié le 20/04/2015 à 14:40

FailCamp: Une petite leçon sur la dilution dans le monde des start-ups

Publié le 20/04/2015 à 14:40

De gauche à droite, Sylvain Carle et Sébastien Provencher, co-fondateurs de Needium, une start-up qui a fermé ses portes en 2012. [Photo : FailCamp MTL]

À l’occasion de FailCamp, vendredi dernier, les co-fondateurs de Needium sont venus parler de l’échec de la start-up. S’il faut chercher ailleurs la cause de l'échec de Needium, leur départ précipité de la start-up en 2012 était lié à leur dilution, qui faisait d’eux des employés de leurs investisseurs.

Il va sans dire qu’il vaut mieux être propriétaire à 10% d’une entreprise qui vaut 100 millions que propriétaire à 100% d’une entreprise qui vaut 10$. C’est le raisonnement que sortent généralement les entrepreneurs qui prennent la voie du capital de risque, pour justifier leur décision de céder une partie de leur bébé à des investisseurs. 

Leur raisonnement tient la route, sauf dans les cas où les choses ne se passent pas comme prévu. C’est ce qui arrivé en 2012 avec Needium, la start-up de Sylvain Carle, aujourd’hui associé de Real Ventures, et de Sébastien Provencher, aujourd’hui pdg d’une nouvelle start-up baptisée Folders.

Ayant obtenu quatre millions en capital de risque sous forme de dettes convertibles, Needium n’appartenait plus à ses co-fondateurs en 2012. Les deux co-fondateurs n’en possédaient plus que 4%, a révélé Sébastien Provencher vendredi.

Qui plus est, les deux associés n’auraient probablement pas fait un sou en vendant l’entreprise... pour un montant inférieur à quatre millions. En effet, il serait surprenant que les titres de dettes convertibles des investisseurs de Needium n’aient pas été associés à des préférences en matière de liquidation. Pour résumer, il s’agit d’une clause standard dans l’industrie qui permet aux capital-risqueurs de récupérer leur mise (avant les autres) dans l’éventualité où le prix de la vente n’atteindrait pas le prix de conversion de leurs titres.

Constatant qu’ils étaient désormais de simples employés au sein de leur start-up, et que leurs investisseurs ne voulaient pas leur offrir un incitatif financier pour rester, Sylvain Carle et Sébastien Provencher ont démissionné de concert en 2012. Quelques mois plus tard, Needium fermait ses portes pour de bon.

La situation vécue par Sylvain Carle et Sébastien Provencher n’est pas unique. De nombreux fondateurs de start-ups dont la valorisation a chuté se retrouvent dans la même situation. Notamment, c’est le cas du co-fondateur de Get Satisfaction Lane Becker, qui n’a pas retiré un sou de la vente de sa start-up pour 50 millions au début du mois d’avril.

Pour éviter de se retrouver dans une telle situation, les entrepreneurs devraient éviter de faire des rondes trop tôt dans le développement de leur start-up. Ils devraient aussi prendre la décision courageuse de fermer lorsque ça ne fonctionne pas, plutôt que d’obtenir du financement additionnel pour essayer autre chose au sein de la même structure, comme Sylvain Carle et Sébastien Provencher l’ont fait. C'est une autre histoire, mais fermer les portes quand ça ne fonctionne pas, c'est mieux que de devenir une start-up zombie.

Fondée sous le nom de Praized Media, leur start-up avait en effet commencé par lancer un outil pour bâtir des communautés locales. En 2010, la start-up avait fait volte-face en adoptant le nom de Nedium et en lançant un outil permettant aux commerçants locaux de cibler des utilisateurs susceptibles d’être intéressés par leur produit sur Twitter. Pour y parvenir, la start-up avait obtenu un financement supplémentaire de 1,5 millions du fonds Garage Technology. 

Sylvain Carle, que j’ai interviewé pour mon reportage sur l’échec paru dans la version papier de Les Affaires, m’a en effet confié que, si c’était à refaire, il n’aurait pas bâti Needium au sein de la même structure. Outre que lui et son co-fondateur ont été dilués, le financement additionnel trainé par la start-up aurait miné ses chances d’obtenir de nouvelles injections de capitaux par la suite.

À propos de ce blogue

DE ZÉRO À UN MILLION est le blogue de Julien Brault, qui a fondé la start-up Hardbacon en juin 2016. L’ancien journaliste de Les Affaires relate ici chaque semaine comment il transforme une idée en entreprise. Dans ce blogue, Julien Brault dévoile notamment chaque semaine ses revenus. Une démarche sans précédent qui est cohérente avec les aspirations de Hardbacon, qui vise à aider les gens à investir intelligemment en faisant voler en éclat le tabou de l’argent. Ce blogue sera ainsi alimenté jusqu’à ce que Hardbacon, qui n’avait aucun revenu lors de la publication du premier billet, génère un million de dollars en revenu annuel.

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