La tentation du repli

Offert par Les Affaires


Édition du 29 Octobre 2016

La tentation du repli

Offert par Les Affaires


Édition du 29 Octobre 2016

À l'heure où j'écris ces lignes, l'Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l'Union européenne est aux soins intensifs. La Wallonie, avec ses insécurités de dernière minute, grippe l'engrenage de la ratification. Difficile de prévoir si les derniers jours auront suffi à nous sortir de l'impasse, mais une chose est d'ores et déjà certaine : cette crise est une preuve de plus que le protectionnisme est en pleine forme.

«Si les dirigeants des pays du G20 se sont constamment engagés depuis 2009 à éviter les mesures protectionnistes, cette résolution n'en a pas moins perdu en fermeté au fil du temps, observait la Banque du Canada dans son Rapport sur la politique monétaire ce mois-ci. D'après l'Organisation mondiale du commerce, les pays du G20 ont imposé au total 1 583 mesures de restriction des échanges depuis 2009, et ont pris 145 nouvelles mesures du genre rien que pendant les six mois écoulés entre octobre 2015 et la mi-mai 2016.»

Pourquoi la Banque prend-elle l'année 2009 comme référence ? Parce que la mondialisation des échanges a été coupée net dans son élan par la crise financière de 2007-2008. Elle a rebondi depuis, mais s'est stabilisée vers 2010.

C'est inquiétant pour l'économie canadienne, très «tributaire des échanges commerciaux». Ce l'est aussi pour celle de la planète. Selon le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, le repli protectionniste est un mauvais réflexe face au ralentissement de l'économie mondiale, il ne fera que l'aggraver.

Le message ne passe pas auprès des citoyens des pays concernés, qui jugent que les effets secondaires et pervers de la mondialisation, sur l'emploi par exemple, annulent son action sur la productivité et le PIB. Et que font les dirigeants politiques ? Ils disent aux citoyens ce que ces derniers souhaitent entendre. Ainsi, Donald Trump promet qu'une fois élu à la Maison-Blanche, il renégociera l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), tandis que Hillary Clinton dit qu'elle ne ratifiera pas le Partenariat transpacifique (PTP). Le protectionnisme est un des enjeux de l'élection américaine pour l'économie canadienne, que nous expliquons en manchette cette semaine.

Si l'ALÉNA ne peut pas être tenu pour acquis et que le PTP est compromis, vers quel partenaire le Canada pourra-t-il se tourner ? Tous les espoirs reposent (reposaient ?) sur l'Union européenne, le plus grand marché du monde. Ces attentes très élevées combinées au fait que les négociations de l'AECG ont été conclues le 5 août 2014, il y a plus de deux ans, expliquent l'exaspération de la ministre canadienne du Commerce international, Chrystia Freeland, la semaine dernière. Pourrait-on passer à l'action, s'il vous plaît ?

Julie Cailliau 
Rédactrice en chef
julie.cailliau@tc.tc

Suivez Julie Cailliau sur Twitter @julie140c

À propos de ce blogue

Julie Cailliau est éditrice adjointe et rédactrice en chef du Groupe Les Affaires, dont l’équipe de journalistes chevronnés publie le journal Les Affaires, le site lesaffaires.com et le magazine Les Affaires Plus. Elle est également présidente du conseil d’administration de la Fondation des prix pour les médias canadiens. Diplômée de l’École supérieure de journalisme de Lille, en France, Julie a pratiqué le métier de journaliste au sein de plusieurs publications françaises et québécoises. Dans une vie précédente, elle a œuvré à titre d’ingénieure en biotechnologies. Son « why », c’est d’apprendre et d’informer afin de nous permettre de faire les bons choix. La prise de conscience de l’urgence environnementale et l’émergence de l’entrepreneuriat social comptent pour elle parmi les tendances les plus réjouissantes actuellement.