Le gouvernement fédéral ne démord pas de l'idée d'avoir un péage sur le nouveau pont Champlain. C'est du moins le message qu'envoie le ministre Denis Lebel, à chaque occasion qu'il a de faire le point sur ce projet.
Naturellement, les élus du gouvernement du Québec et des municipalités concernées et plusieurs représentants d'organismes de la région de Montréal s'opposent à ce mode de financement. Cette infrastructure doit être réalisée en partenariat avec le privé (trois consortiums ont été invités à soumettre une proposition) et coûter «entre trois et cinq milliards de dollars», une fourchette de coût dont l'amplitude étonne.
Une autre inconnue est le système de transport collectif qui sera intégré au nouveau pont, qui comprendra deux voies réservées à cette fin.
Le gouvernement du Québec, qui héritera de cette facture, penche pour l'installation, dans un premier temps, d'un système de transport par autobus, que l'on remplacerait éventuellement par un système léger sur rail (SLR), qui coûte beaucoup plus cher. On a déjà estimé son coût à 1,5 G$, mais tout dépendra de son parcours et du nombre de stations qu'il comprendra. Celles-ci seront probablement au nombre de quatre : au Dix30 et au terminus Panama à Brossard, dans le quartier Griffintown et à une gare du centre-ville de Montréal. Si on opte pour les autobus, il faudra non seulement en acheter beaucoup, mais aussi leur trouver un nouveau point d'arrivée à Montréal.
Quelle que soit la solution retenue, elle rendra inévitable une discussion sur le financement du transport collectif et des infrastructures de transport dans la région de Montréal.
Peut-il y avoir un péage sur le nouveau pont Champlain sans qu'il y en ait un également sur le pont Jacques-Cartier, lui aussi un pont fédéral, et même au pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, qui appartient à Québec ? Que ferait le CN qui possède le pont Victoria ? Autre question embêtante : à combien s'élèveraient ces péages ? Le fédéral assumera quelle part du coût du pont Champlain, puisque celui-ci est le principal accès à Montréal et qu'il est utilisé par bien des résidents de l'extérieur de la région ?
Autre question à débattre : comment prévoit-on financer les nombreux projets de transport collectif ciblés par la Communauté métropolitaine de Montréal (remplacement des voitures de métro, renouvellement des autobus des organismes de transport dans la région, voies réservées aux autobus sur Pie-IX, prolongement du métro dans l'Ouest de l'Île de Montréal, etc.) ?