Sauvetage pathétique de l'enfant prodigue !

Publié le 30/04/2010 à 11:56

Sauvetage pathétique de l'enfant prodigue !

Publié le 30/04/2010 à 11:56

Par Jean-Paul Gagné

Blogue. Le sauvetage de la Grèce par l’Union européenne et le Fonds monétaire international est pathétique.

D’une part, la Grèce est un État décourageant pour plusieurs raisons : elle est entrée dans la zone euro en 2001 sous de fausse représentation. Elle a fait arranger ses finances publiques par Goldman Sachs pour qu’elles satisfassent les critères d’admission.

Goldman Sachs a utilisé des produits dérivés sur des devises, une tactique réutilisée à quelques reprises par la suite. Légal, car non défendu spécifiquement, Immoral ? Certainement. C’est la marque de commerce de Goldman. En plus d’avoir été un acteur reconnu de la crise financière, le voilà aussi acteur de la crise de l’euro. Édifiant !

Un pays mal géré

La Grèce est très mal gérée. Elle vit au-dessus de ses moyens depuis très longtemps et l’évasion fiscale y est généralisée, si bien que le gouvernement est privé d’importants revenus fiscaux, ce qui a contribué de façon importante à son endettement, qui s’en va vers 150 % de son PIB en 2014). Ses obligations ont été décotées et commandent des taux de rendement de 4 à 5 fois plus élevés que les titres allemands de même terme.

De plus, ses nombreux fonctionnaires sont grassement payés et bénéficient de pensions très généreuses (certainement parmi les meilleures d’Europe, sinon les meilleures).

Son infrastructure industrielle n’est pas concurrentielle avec les meilleurs pays européens et la productivité de ses entreprises est faible, si bien que celles-ci perdent constamment des parts de marché aux dépens des sociétés d’autres pays et principalement de l’Allemagne.

Par ailleurs, l’euro est devenue une prison. Si elle ne faisait pas partie de la zone euro et si elle avait gardé sa propre monnaie (le drachme), elle aurait pu dévaluer celui-ci, ce qui aurait rendu son économie plus compétitive. Son importante industrie touristique profiterait grandement.

Que faire ?

Il est évident que l’Union européenne (27 pays) ne veut pas laisser tomber son enfant prodigue, car ce serait remettre en cause sa crédibilité et même sa viabilité. Idem pour le bloc de 16 pays de la zone euro.

La meilleure solution serait que la Grèce quitte la zone euro et retrouve sa liberté de gérer sa propre politique monétaire. La Grèce pourrait dévalué sa monnaie et son économie redeviendrait plus concurentielle.

Toutefois, les Grecs verraient alors diminuer leur pouvoir d’achat, car les produits importés leur coûteraient plus cher. Ce serait aussi inflationniste et la banque centrale grecque, qui retrouverait sa politique monétaire, ferait accroître les taux d’intérêt, ce qui, bien entendu, nuirait à la relance de l’économie grecque.

Certes, les Grecs seraient mécontents. Mais, peu importe la solution, ils devront payer d’une façon ou d’une autre. Or, après avoir vécu au-dessus de leurs moyens, le moment est arrivé de payer la facture.

L’Union européenne pourrait quand même de continuer d’aider la Grèce, qui en resterait membre, comme neuf autres pays.

Fin de la récréation

L’aide européenne viendra (on parle de 120 milliards d’euros sur trois ans), mais elle sera accompagnée, n’en déplaise aux syndicats grecs, de conséquences. En clair, on dit aux Grecs : « Finie la récréation. Vous n’aurez pas d’aide si vous ne mettez pas en place des mesures d’austérité pour réduire votre déficit ». Les Allemands sont très opposés à cette aide, car les Grecs travaillent beaucoup moins qu’eux, tout en ayant de meilleurs services de l’État. C’est injuste ? Sûrement. La fourni financera la cigale.

Le gouvernement grec promet un plan de réduction de ses dépenses de 4,8 milliards d’euros, provenant surtout du gel des salaires et des pensions des fonctionnaires et de l’augmentation de certaines taxes.

Tels des enfants gâtés, les syndicats hurlent et poussent leurs membres dans la rue pour protester. « C’est la faute du gouvernement, qui a mal géré », disent-ils, cachant à leurs membres qu’ils ont vécu pendant des années sur des cartes de crédit et que celles-si sont pleines.

C’est sûr que l’État a mal géré, mais l’État c’est l’extension du peuple, qui le voulait ainsi. L’argent ne pousse pas dans les orangers et les citronniers grecs, pas plus qu’il ne pousse dans nos érables.

La faillite

Une autre solution est la faillite, ce qui veut dire que le gouvernement demanderait à ses banquiers de rééchelonner le remboursement de ses dettes, de réduire les taux d’intérêt sur ses dettes ou de réduire les sommes dues.

Il y aurait deux grandes conséquences à cette solution : 1. la Grèce perdrait sa crédibilité sur les marchés financiers pour plusieurs années; les prêteurs encaisseraient le coup. Or, plusieurs de ces prêteurs sont de grandes banques européennes, qui sortent à peine d’une crise financière qui les a déjà fort malmenées. Elles préfèrent que ce soit les contribuables qui mettent la main dans leur poche. Encore une fois. Toujours les mêmes à payer pour les parasites.

De ces trois solutions, la plus vraisemblable est le sauvetage par les autres pays de l’Union européenne; la plus invraisemblable, à court terme du moins, est la faillite; la plus logique serait le retrait de la Grèce de la zone euro.

Toutes ces solutions ont d’énormes conséquences.

Les prédateurs

Enfin, ne perdons pas de vue que les prédateurs sont toujours à l’œuvre quand une occasion se présente de faire de l’argent sur le dos des plus vulnérables, notamment en vendant à découvert les titres de sociétés ou de pays mal pris.

Outre la Grèce, il y a aussi dans cette galère le Portugal, l’Espagne, l’Irlande et l’Islande, communément appelés les PIIGS (pour Portugal, Ireland, Iceland, Greece and Spain).

Bref, le cauchemar de l’euro est loin d’être terminé.

Tourisme

À 1,33 $ US ou 1,35 $CA, l’euro n’a jamais coûté aussi peu cher. Cela devrait être très favorable à l’industrie touristique européenne et aux exportations européennes, d’où, toutes choses étant égales par ailleurs, des prix plus bas pour les produits européens que nous achetons.

Un souhait : que notre Société des alcools du Québec en prenne bonne note.

 

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