Le cas de Montréal
La situation de Montréal est différente. L’île compte neuf CLD, créés dans les arrondissements issus des villes fusionnées, et neuf CDEC, dont trois (dans le Sud-Ouest, dans l’Est et dans le Centre-Sud) ont été fondées en 1985, soit bien avant l’avènement des CLD en 1997. Au fil des ans, le réseau des CDEC s’est aussi doté d’outils collectifs, tels un fonds de développement de l’emploi et un fonds de financement (créé avec le Fonds de solidarité). Certaines CDEC gèrent un Carrefour Jeunesse Emploi, financé par Emploi-Québec, des services d’aide aux entreprises en démarrage et de soutien à l’économie sociale, etc. À elle seule, la CDEC du Sud-Ouest, appelée communément le RESO, compte 50 employés. Ces gens-là ne se tournent pas les pouces.
Les CDEC œuvrent surtout dans des quartiers en redéploiement et reposent sur le dynamisme de leaders locaux, entrepreneurs, commerçants et autres acteurs des milieux sociaux et culturels.
Les CLD et les CDEC administrent aussi des fonds locaux d’investissement, qui bénéficient d’une enveloppe globale de 165 M$ pour l’ensemble du Québec. Dans certaines régions et certains quartiers, l’impact de ces entités est majeur. Celles-ci s’appuient sur un réseau de 3 000 bénévoles, souvent des gens d’affaires et des leaders du milieu communautaire, qui mettent leurs compétences et leurs réseaux au service des nouveaux entrepreneurs. Il serait contre-productif de torpiller cette dynamique.
À Montréal, les CDEC ont soutenu au fil des ans des centaines de projets dans les domaines économique, social et culturel, dont certains sont de véritables points d’ancrage et d’importants vecteurs pour ce qui est de la consolidation et de la revitalisation de certains quartiers, sans compter leur impact sur l’emploi et l’inclusion sociale.
Les dirigeants politiques qui auront à prendre des décisions sur le futur des CLD et des CDEC devront être extrêmement prudents. C’est très souvent sur le terrain que la véritable partie se joue, et non dans les officines des planificateurs. C’est aussi dans les PME qu’il se crée le plus d’emplois au Québec, sans oublier que ceux-ci coûtent beaucoup moins cher que certains emplois de filiales de grandes multinationales, dont le sort est souvent décidé à l’étranger.
Certes, c’est un cliché de dire qu’il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain, mais c’est bien la menace qui pèse sur plusieurs communautés, alors que le sort des CLD et des CDEC se trouve à la merci d’intérêts qui n’ont pas toujours à voir avec le développement économique local.
Le bilan désastreux de l’emploi au Québec depuis deux ans indique qu’il serait irresponsable de ne pas soutenir le développement économique local. Les CLD et les CDEC ont fait les frais du pacte fiscal Québec-municipalités. Il appartient à ces dernières de prendre la relève de Québec.