Du pain et des jeux... sur le bras des contribuables

Publié le 08/09/2010 à 22:51, mis à jour le 12/09/2010 à 20:25

Du pain et des jeux... sur le bras des contribuables

Publié le 08/09/2010 à 22:51, mis à jour le 12/09/2010 à 20:25

Par Jean-Paul Gagné

Blogue. Pour se faire aimer du peuple, les empereurs romains organisaient des fêtes, distribuaient des vivres et bâtissaient des monuments. 

N'avez-vous pas l'impression que l'histoire se répète en voyant les politiciens s'aligner comme des moutons derrière le projet d'un nouvel amphithéâtre payé à 100 % par les contribuables pour accueillir les futurs Nordiques de Pierre-Karl Péladeau (PKP).

Celui-ci doit certainement rire dans sa barbe en les voyant s'associer avec autant de conviction pour lui offrir ce cadeau de rêve.

Huit des onze députés conservateurs du Québec (sauf Lawrence Cannon, Christian Paradis et Maxime Bernier) sont allés jusqu'à endosser le chandail bleu des ex-Nordiques pour s'attirer la sympathie des électeurs et faire pression sur leur chef. Toutefois, plusieurs paraissaient mal à l'aise de se prêter à ce jeu totalement artiificiel pour passer à la télé. Des députés libéraux fédéraux, des bloquistes et des péquistes ont aussi monté dans le train de l'empereur de Québec. Y renoncer serait signer son arrêt de mort politique. Fonçons, peu importe le bien-fondé de ce projet. Vive le hockey, qui semble être devenu la nouvelle religion de centaines de milliers de Québécois !

La facture ? Bah ! Elle sera refilée aux contribuables. S'il y a des problèmes éventuellement, la patate chaude tombera dans les mains d'une autre génération de politiciens.

Stephen Harper coincé

Gageons que Stephen Harper sera très tenté de puiser dans nos poches pour acheter lui aussi des votes dans la région de Québec, où se trouve sa base québécoise. Il en a bien besoin puisque son parti a perdu en quelques mois les 10 points d'avance dans les intentions de vote qu'il détenait sur les libéraux. S'il agréait à la demaine qui lui est faire, il risquerait de se faire bien des ennemis dans le reste du pays.

Manifestement, les électeurs n'ont pas aimé le gaspillage de fonds publics de son gouvernement pour impressionner les chefs d'État étrangers participant au G8 et au G20. Une facture d'au moins un milliard de dollars !

D'autres n'ont pas aimé qu'il détruise des séries statistiques importantes sur la population canadienne en rejetant l'obligation de faire compléter par un échantillon de Canadiens le questionnaire long du prochain recensement.

Il serait ironique de voir Stephen Harper arnaquer les contribuables pour donner à Québec l'amphithéâtre qui permettra peut-être un retour d'une équipe de la Ligne Nationale de hockey dans la Vieille Capitale. Avant sa vie politique, Stephen Harper était PDG de la National Citizens Coalition, qui défendait les droits des contribuables et qui se battait avec fougue contre l'interventionnisme de l'État et le gaspillage des fonds publics.

Autre facteur à mettre dans la balance, Stephen Harper est en phase avec PKP, qui veut établir au Canada l'équivalent d'un « Fox News », un canal d'information voué à la défense des idées de droite. Une demande a déjà été faite au CRTC à ce sujet. Le directeur du futur canal a été choisi. C'est Kory Teneycke, un ex-bras droit de Stephen Harper.

Un plateau d'argent pour PKP

Si l'amphithéâtre est construit et si PKP réussit à avoir son équipe de la LNH, il pourra en diffuser les matches à TVA et à un futur canal sportif. Qu'aura à dire Québec si l'équipe de PKP refusait de payer un loyer dans le futur amphithéâtre ? Ce dernier ne pourrait-il pas prétendre qu'il fait déjà un immense cadeau à Québec puisque sa population pourrait voir de visu les futurs Nordiques ? 

L'empire de PKP pourrait même être le seul à faire de l'argent dans cette aventure, puisque les contribuables devront rembourser le capital investi dans cet équipement, assumer le paiement des intérêts sur la dette et même payer pour des dépenses d'entretien.

Pour sa part, l'empereur de Québec se sera assuré d'avoir été réélu au moins une fois. Il en sera ainsi de plusieurs politiciens qui auront appuyé ce projet. Quant aux dettes, ce sera à leurs successeurs de s'en occuper. 

Comme ce fut le cas pour le Stade olympique de triste mémoire, lequel a coûté cinq ou six fois ce qui était prévu. Et la misère continue puisqu'il faudra ajouter à la dette publiique un autre 300 M$ pour redonner un nouveau toit au stade. Cela fournit un argument de plus à Québec. Si on remet 300 M$ dans l'éléphant blanc de Montréal, pourquoi n'en mettrait-on pas 400 M$ pour un amphithéâtre tout neuf à Québec ? On croirait entendre un bambin hurler à sa mère : "Mon fère a eu des bonbons. J'en veux moi aussi".

400 M$, 600 M$...

Combien coûtera le futur complexe ? Si on parle de 400 M$ aujourd'hui, c'est parce que l'on en a sous-estimé les coûts, car tous les projets publics coûtent toujours plus cher que les coûts initiaux qui sont donnés aux contribuables. Pourquoi en serait-il autrement cette fois ?

Le premier ministre Jean Charest a commis une imprudence en engageant le gouvernement du Québec à payer 45 % de la facture. 45 % de 400 M$, c'est 180 M$. Or, la facture des contribuables québécois serait plutôt de 270 M$ si le complexe sportif coûtait 600 M$. Exagéré ? Peut-être, mais possible.

Le maire Labeaume s'est montré beaucoup plus prudent: il a promis un montant fixe, soit 50 M$, qui représente 12,5 % de 400 M$. Puisque cet équipement servira à l'amusement de ses électeurs, pourquoi ne s'engagerait-il pas plutôt pour un pourcentage de la facture totale ? 12,5 % de 600 M$, cela ferait 75 M$. Ce serait plus équitable.

Tout baigne pour le maire

Le maire de Québec, dont le leadership politique est remarquable, vogue allègrement sur la vague des Fêtes du 400e anniversaire de Québec, au cours desquelles des dizaines de millions de dollars des contribuables canadiens et québécois ont permis d'offrir des spectacles grandioses gratuits à la population. Il n'en a rien coûté aux citoyens de Québec vous voir Paul McCartney et Céline Dion. Or, il en a été bien autrement pour les Montréalais quand ces vedettes sont venues au Centre Bell de Montréal. 

« Oui, ça été formidable le 400e, mais c'est vous autres qui avez payé pour cela », me disait il y a quelques mois un homme d'affaires de Québec », en parlant des contribuables des autres régions.

Il ne faudrait pas penser que Québec n'a qu'à demander aux politiciens de Québec et d'Ottawa pour faire payer par les contribuables d'ailleurs un amphithéâtre de 19 000 places, un club de hockey de la LNH, des Jeux olympiques d'hiver, des infrastructures de transport, etc, etc... Suffirait-il de demander pour recevoir quand on s'appele Régis Labeaume ? 

Écrivant cela, je sais que je vais me faire détester, mais je me fais un peu le porte-parole de tous ceux qui n'osent pas présenter l'envers de la médaille des projets du flamboyant maire de la Vieille Capitale. Où est l'analyse socio-économique d'un tel projet ? Les comptables d'Ernst & Young savent compter, mais auraient-ils pu présdenter un projet qui aurait contrecarré le projet de ceux qui ont assumé les coûts de leur rapport ?

Et le manège...

Ah ! j'oubliais que le gouvernement fédéral s'est aussi engagé à consacrer 100 M$ pour rebâtir le Manège militaire. De cela, on ne parle pas, car cet immeuble ne servira pas à amuser le bon peuple. C'est plutôt un trophée.

« J'aime beaucoup Monsieur Labeaume, me disait récemment une de ses électrices. Mais là, je commence à trouver qu'on s'amuse beaucoup à Québec », craignant une explosion éventuelle de son compte de taxes.

Les empereurs romains ont vécu pendant des siècles en donnant du pain et des jeux à leur peuple... jusqu'à ce qu'un jour leur empire s'effondre, croulant sous les dettes accumulées par la folie des grandeurs de leurs dirigeants.

 

 

 

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