Accros à la mamelle de l'État Providence

Publié le 01/04/2010 à 16:40

Accros à la mamelle de l'État Providence

Publié le 01/04/2010 à 16:40

Par Jean-Paul Gagné

Les Québécois ont développé une culture de la dépendance, dit Jean-Paul Gagné. Photo: lesaffaires.com

Blogue. La désapprobation du prélèvementu que le gouvernement Charest envisage de faire dans nos poches pour financer notre cher système public de santé n’a rien d’étonnant.

Comme le bébé qui ne peut se passer de la mamelle qui le nourrit, nous sommes très bien accrochés à notre État Providence.

Pour la majorité d’entre nous, la santé est vue comme un bien public, qui doit être fourni par l’État, alors qu’en réalité, elle est un bien privé. C’est un service qui s’acquiert privément quand on en a besoin. On va chez le dentiste et l’optométriste privément, sans se dire que ces services devraient être livrés gratuitement par l’État. Personne ne monte aux barricades pour défendre une étatisation de la dentisterie et de l’optométrie.

Culture de dépendance

C’est par habitude que nous allons chez le médecin sans avoir à débourser d’argent de sa poche, tout en oubliant que nous payons bel et bien pour ces services à travers les impôts que certains d’entre nous payons.

Nous devrions également constater que tous ne paient pas également pour nos soins de santé. Environ quatre millions (M) de Québécois (en incluant les enfants et les contribuables qui ne paient pas d’impôt) ne contribuent absolument rien au financement de la santé, car ils ne paient aucun impôt.

Ils bénéficient toutefois de ces services en toute gratuité, probablement sans se demander qui paie pour eux. Ils croient que c’est l’État. Or, l’État n’a rien. L’État n’existe concrètement que par les impôts qu’il perçoit des contribuables.

Contribution raisonnable

Les plus sociaux-démocrates d’entre nous croient que le gouvernement aurait dû graduer les fameuses contributions de 25 $ en 2010, 100 $ en 2012 et 200 $ en 2013 que l’État demandera à chaque adulte qui n’est pas considéré comme étant à faible revenu.

C’est effectivement une option qui aurait rendu la pilule plus facile à avaler. Cela aurait été parfaitement conforme à notre modèle social-démocrate.

En poussant un peu plus loin la réflexion, on constate qu’il n’est pas aberrant d’exiger cette contribution de tout le monde. Qu’on y pense un peu. Tout le monde paie le même prix chez le dentiste et chez l’optométriste et personne ne s’en formalise… parce qu’on ne nous a jamais fourni ces soins gratuitement. On n’en a pas pris l’habitude.

Une minorité paie les soins

De plus, il faut avoir à la mémoire que les services de santé sont financés par les 3,7 millions (M) de contribuables qui paient de l’impôt (sur une population totale de 7,9 M de personnes) ainsi que par les transferts fédéraux et les impôts des entreprises. Le Québec comptait en 2006 2,18 M de contribuables qui ne payaient pas d’impôt, soit 37 % du total des contribuables.

Puisque ces 3,7 M de contribuables financent 30 % des revenus totaux du gouvernement, ils financent donc aussi 30 % du budget de la santé (30 % de 28 G$ = 8,4 G$), soit environ 2 270 $ en moyenne pour chacun d’eux. On est loin de 200 $ qui seront demandés à certaines personnes.

Par ailleurs, puisque 3,2% des contribuables paient 18 % des impôts des particuliers, on se retrouvent avec 200 000 contribuables qui paient globalement 3,55 G$ d’impôt, soit une moyenne de 17 750 $ pour chacun d’eux.

Considérant ce chiffre, il est donc grandement exagéré d’affirmer que les contribuables à revenus élevé ne paient pas leur juste part du financement des services de santé.

Le fait de ne pas avoir gradué la nouvelle contribution au nouveau fonds de la santé selon le taux d’imposition ne justifie pas la levée de bouclier qui s’observe actuellement.

Dépenses de santé de 3 550 $ par personne

Le budget de la santé atteindra près de 28 milliards de dollars pour l’année financière qui a débuté le 1er avril 2010. C’est, tenez-vous bien, 3 550 $ par personne, incluant les bébés et les personnes qui ne paient pas d’impôt. On comprendra qu’une contribution de 200 $ représente presque rien par rapport à ces 3 550 $. C’est très peu demander en regard du coût des services reçus.

On assure sa voiture pour bien plus cher que cela sans nécessairement réclamer à l’assurance.

200 $ par année, c’est 55 cents par jour, l’équivalent de 25 paquets de cigarettes ou d’une quinzaine de bouteilles de vins. C’est une soirée de hockey de la LNH pour deux personnes.

Bien sûr, le gouvernement aurait pu remplacer cette contribution par un nouvel impôt. C’eût été plus social-démocrate.

Si cette nouvelle contribution soulève un tollé, ce n’est pas à cause de son importance, mais plutôt parce que nous sommes bien accrochés à la mamelle de l’État-Providence, qui est omniprésent dans notre subconscient.

Il me semble qu’il n’y a pas de quoi en faire un plat.

 

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