Trop tard pour RIM

Publié le 16/09/2011 à 12:07, mis à jour le 16/09/2011 à 14:28

Trop tard pour RIM

Publié le 16/09/2011 à 12:07, mis à jour le 16/09/2011 à 14:28

[Photo : Bloomberg]

BLOGUE. On ne peut être que triste de voir s'écrouler l'action de Research in Motion, la plus grande entreprise de technologie au Canada, le joyau de l'industrie. Malheureusement, je suis dans le camp de ceux qui croient que la côte est maintenant devenue presque impossible à remonter.

La tablette Playbook devait être le début du renouveau chez RIM. Le fiasco est total. L'entreprise a annoncé en avoir vendu à peine 200 000 exemplaires au dernier trimestre, ce qui n'est peut-être pas un mauvais chiffre en soi, mais qui n'arrive pas à l'orteil de la compétition.

Combien croyez-vous qu'Apple a vendu d'exemplaires du iPad 2 dans le dernier trimestre pour lequel elle a publié ses chiffres? Un total de 9,25 millions. Vous avez bien lu: « ,25 » comme dans « juste ce qui vient après la virgule est plus élevé que les ventes du Playbook »...

À ce rythme, Apple vend plus d'iPad en une fin de semaine que RIM de Playbook en trois mois.

Bien sûr, il y a autre chose que les tablettes chez RIM, mais l'exemple du Playbook laisse une très mauvaise image de l'entreprise. Des mois plus tard, je n'arrive toujours pas à comprendre comment l'entreprise a pu penser qu'elle pourrait s'en tirer en lançant une tablette incapable d'envoyer un courriel sans être reliée à un téléphone. Ce manque de jugement est, à mon avis, beaucoup plus grave et nuisible à la confiance envers la direction de l'entreprise que les chiffres de vente décevants.

Il peut arriver qu'un produit soit un flop, il y a des milliers de raisons imaginables pour cela, parfois circonstancielles. Mais quand on voit une décision de la sorte, on se dit que le mal va jusqu'à la racine.

Un nouveau produit, quel nouveau produit?

Les espoirs de RIM se tournent donc vers un éventuel nouveau produit révolutionnaire qui pourrait relancer l'entreprise. Or, si l'on se fie à l'historique récent de l'entreprise, on peut en déduire deux choses.

Premièrement, les produits révolutionnaires, ce n'est plus la spécialité de la maison depuis belle lurette. À quand remonte la dernière fois où est apparu un BlackBerry équipé d'une nouveauté qui lui donnait un « edge » sur la concurrence? Peut-être aussi loin qu'au tout premier BlackBerry...

Deuxièmement, si produit révolutionnaire il y a dans le pipeline, il est probablement encore loin des tablettes des magasins. RIM ne s'est pas particulièrement distinguée dans sa rapidité à livrer de nouveaux produits non plus.

Reste-t-il de l'espoir? Oui, mais bien peu.

Si on replace les choses en perspectives, malgré ses déboires, RIM est encore en bien meilleure position que ne l'était Apple au milieu des années 90.

Quand le conseil d'administration d'Apple s'est mis à genoux pour supplier Steve Jobs, qu'il avait viré quelques années plus tôt, de rentrer au bercail, l'entreprise était au bord de la faillite.

Jobs a fait deux choses qui ont remis Apple sur les rails: s'assurer que Microsoft ne le lâche pas en obtenant de sa part un investissement de 150 M$ en échange d'une garantie d'avoir sur Mac une suite Office à jour pendant au moins cinq ans, et lancer le tout premier iMac. On connaît le résultat.

C'est une recette similaire que doit maintenant appliquer RIM. Premièrement, s'assurer que tous les développeurs d'applications du monde ne désertent pas la plateforme BlackBerry/QNX. Un téléphone intelligent ou une tablette sans applications n'a pas de valeur aujourd'hui. La façon d'y parvenir reste à explorer, mais elle impliquera vraisemblablement de gros déboursés.

 Ensuite, trouver un produit révolutionnaire qui va servir de pierre d'assise.

 Le problème, évidemment, c'est que n'est pas Steve Jobs qui veut et que les dirigeants de RIM ont jusqu'ici fait une éloquente démonstration à l'effet qu'ils ne l'étaient pas.

 

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