La différence entre Samsung et Lance Armstrong

Publié le 27/08/2012 à 11:36

La différence entre Samsung et Lance Armstrong

Publié le 27/08/2012 à 11:36

Lance Armstrong.

BLOGUE. Samsung a copié. Depuis vendredi, on peut le dire sans gants blancs, sans verbe au conditionnel, sans arrière-pensée. L'entreprise sud-coréenne a triché.

Depuis qu'un jury de la Californie a tranché en faveur d'Apple, vendredi, la réputation de Samsung est à jamais entachée. À moins que le verdict ne soit renversé en appel, ce qui n'apparaît pas pour l'instant comme étant fort probable.

Plusieurs fois, Samsung a eu l'occasion de s'entendre avec Apple hors cour pour éviter d'en venir à cette conclusion. On a d'ailleurs appris durant ce procès que c'est ce qu'avait fait Microsoft. Elle avait accepté de payer Apple pour l'utilisation de quelques brevets dans ses téléphones intelligents. Samsung a choisi la voie de l'affrontement et a durement été pénalisée.

L'expert des brevets Florian Mueller, un Allemand qui tient possiblement le meilleur blogue sur la question, a ainsi résumé la conclusion que l'on peut tirer de ce verdict :

« ll ne peut plus y avoir de doute raisonnable à l'effet que Samsung et Google et se sont livrés, et se livrent toujours, à la "copietition" (la compétition par la voie de la copie) plutôt qu'à la création indépendante. Les tribunaux se doivent de tracer la ligne quelque part et accorder un certain degré de protection aux créateurs. »

C'est la différence entre aller en procès et régler hors cour. En annonçant qu'il « n'allait plus se battre » contre les accusations de l'agence américaine antidopage, le cycliste Lance Armstrong a surtout évité que celle-ci n'ait l'occasion d'étaler sa preuve sur la place publique. Armstrong perdra tous ses honneurs, mais il se trouvera toujours quelqu'un, quelque part, pour prendre sa défense et dire que la preuve n'a jamais été faite.

Samsung, elle, a copié. Il faudra voir si cette tache s'incrustera sur elle. 

Défaite pour les consommateurs?

Il est facile de dire que la victoire d'Apple est une défaite pour les consommateurs, qui risquent de voir la compétition diminuer. Ce n'est pas si noir et blanc. Si Samsung prenait la peine d'innover, plutôt que de copier Apple, les consommateurs seraient certainement gagnants. En contrepartie, si Apple cessait d'innover, tannée que ses efforts ne servent qu'à engraisser les coffres d'une autre compagnie, les consommateurs seraient perdants.

De toute façon, malgré son importance, le verdict de vendredi n'est qu'une étape. La somme d'un peu plus d'un milliard de dollars (ou certaines de ses composantes) pourrait être triplée par la juge. La loi américaine prévoit en effet une telle multiplication si les dommages causés l'ont été de façon volontaire. La preuve d'Apple semble le démontrer à tout le moins dans certains cas.

Il y aura aussi des demandes d'injonction qui suivront, afin d'interdire la vente des appareils visés. Et, évidemment, il y aura l'appel de Samsung, inévitable. Sans compter d'autres causes opposant les mêmes adversaires partout dans le monde, dont au moins une autre en Californie, avec d'autres brevets à l'enjeu.

 

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