Se protéger contre la hausse des taux ?


Édition de Mai 2018

Se protéger contre la hausse des taux ?


Édition de Mai 2018

La montée rapide des taux d’intérêt peut affecter votre portefeuille. Comment ­faut-il réagir ?

Au cours des deux premiers mois de 2018, le taux d’intérêt des obligations 10 ans du gouvernement des ­États-Unis a augmenté rapidement. Il est passé de 2,4 % à 2,9 %, un niveau qui n’a pas été observé depuis janvier 2014.

La baisse d’impôt massive annoncée pour les entreprises américaines par l’administration ­Trump à la fin de 2017 semble avoir sonné le glas de l’ère des taux d’intérêt ­ultrafaibles. Historiquement, un pareil cadeau fiscal est accordé en période économique difficile afin de dynamiser l’économie. Or, cette ­fois-ci, il est annoncé alors que l’économie américaine tourne à plein régime et que le cycle économique est déjà bien avancé. Les marchés ont estimé que le résultat le plus probable de cette baisse d’impôt serait une accélération de l’inflation. D’où la montée rapide des taux d’intérêt.

­Peut-elle être néfaste pour un portefeuille de placement ? ­La réponse n’est pas simple.

Un changement dans les taux à long terme affecte inévitablement la valeur des actifs. Depuis 2008, plusieurs banques centrales ont injecté massivement des liquidités dans les marchés, ce qui a fait baisser les coûts d’emprunt et fait exploser le prix des actifs financiers (actions, titres de dette, biens immobiliers). C’est normal, car la valeur actuelle d’un bien est la somme des profits futurs qu’il rapportera en dollars d’aujourd’hui. Plus les taux d’intérêt sont bas, plus cette valeur actuelle est élevée. À l’inverse, si les taux augmentent, toutes choses étant égales par ailleurs, la valeur actuelle d’un bien diminue, d’où le risque pour les marchés boursiers.

Cette ­fois-ci, la hausse des taux a ­peut-être plus de chance de se matérialiser. Le vieillissement de la population et la croissance soutenue de l’économie mettent une pression importante sur le marché de l’emploi. Les faibles taux de chômage en ­Amérique du ­Nord combinés à un nombre élevé d’emplois à combler poussent inévitablement les salaires à la hausse et, par ricochet, l’inflation et les taux d’intérêt.

Une hausse des taux n’est pas nécessairement catastrophique pour les marchés boursiers. Certes, la hausse des taux est un risque, mais si la croissance économique s’accélère et que l’inflation n’augmente pas trop, les profits des entreprises peuvent augmenter plus rapidement, ce qui favorise leur valorisation. Ce ne serait pas la première fois que l’anticipation d’une hausse de l’inflation ne se matérialise pas et soit suivie par une nouvelle baisse des taux. En fait, cette situation est plutôt la norme depuis plus de 15 ans, soit depuis que l’informatique et l’automatisation accrue dans la plupart des domaines de l’économie a mené à des gains de productivité remarquables.

Puisque la direction des taux d’intérêt est difficile à prévoir, le meilleur moyen de se protéger à long terme contre les variations est de posséder un portefeuille bien diversifié dans plusieurs catégories d’actifs qui ne réagiront pas toutes de la même façon à différents paramètres économiques, comme les taux d’intérêt, l’inflation ou le prix du pétrole, pour n’en nommer que ­quelques-uns. Il est probable que le prix du pétrole ou des matières premières en général influe davantage sur les actions canadiennes que sur les titres américains, ou que les taux d’intérêt influent différemment sur les actions privilégiées que les obligations d'entreprises.

En diversifiant son portefeuille, on limite l’exposition à une région géographique qui pourrait ­sous-performer. On se met à l’abri de variations économiques qui pourraientt avoir une influence trop importante sur son portefeuille.

Avant de modifier la répartition de son portefeuille, il est donc important de comprendre les interactions entre toutes ces catégories d’actifs et de ne pas considérer chacun de ses investissements de façon isolée. Un portefeuille est un tout où chaque composante a un rôle à jouer. 

Rien d’exceptionnel pour l’instant

La hausse des taux d’intérêt 10 ans aux ­États-Unis, d’environ 20 % au cours des deux premiers mois de 2018, a certes été rapide et a provoqué un retour de la volatilité sur les marchés boursiers, mais de telles variations n’ont rien d’exceptionnel. Depuis 2002, ce type de variation (une hausse du taux 10 ans sur une période de deux mois de 20 % en pourcentage combinée à une hausse absolue de 0,5 %) s’est produit neuf fois depuis 2002.

À propos de ce blogue

Ian Gascon est président de Placements Idema (www.idema.ca), un gestionnaire de portefeuille qui propose des solutions de placements personnalisées, à faible coût et utilisant des fonds négociés en bourse (FNB). «Les FNB démystifiés» est le premier blogue francophone dédié aux fonds négociés en bourse au Canada et Placements Idema est la première société au Canada à avoir lancé un service en ligne de gestion de portefeuille, maintenant mieux connu sous le terme «robot-conseiller».

Ian Gascon

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