Gestion active contre gestion passive: attention aux raccourcis

Publié le 18/08/2017 à 10:00

Gestion active contre gestion passive: attention aux raccourcis

Publié le 18/08/2017 à 10:00

Gestion passive, comme «coach potatos», ou active? C'est le sujet du débat!

Dans un récent billet publié ici et ici, Fabien Major critique la plateforme WealthSimple et tente de démontrer qu’un portefeuille de gestionnaires actifs peut facilement battre un portefeuille indiciel de FNB. Son vidéo, très amusant, tourne toutefois les coins ronds. Dans l’article, ils critiquent les «raccourcis éthiques» de WealthSimple, mais les arguments soulevés ne sont guère plus robustes.

Attention aux portefeuilles fictifs

Le point le plus fondamental est que, tant WealthSimple que le portefeuille dans la vidéo qui bat supposément les indices présentent des résultats de portefeuilles modèles, soit des résultats fictifs dont les composantes ont été sélectionnées avec le luxe de connaître ce qui s’est passé dans les années précédentes. (Divulgation volontaire : si le portefeuille dans la vidéo a été créé en août 2014, au début de la période analysée, alors mon argumentaire tomberait à l’eau).

Ainsi, le portefeuille dans la vidéo est constitué parmi une liste de fonds qui ont obtenu de bons rendements au cours des dernières années. La vidéo indique que plus de 300 fonds communs surclassent le S&P/TSX sur 10 ans. C’est vrai, et les gestionnaires sélectionnés font probablement partie de cette liste. Ce qui n’est pas mentionné, c’est qu’il y en a beaucoup plus que 1000 qui ont sous-performé le S&P/TSX sur la même période. En sélectionnant seulement parmi les gestionnaires qui ont réussi (une minorité), difficile d’obtenir de mauvais résultats.

L'industrie multiplie les fonds offerts pour une bonne raison (qui ne vous avantage pas)

En fait, plus l’univers est grand, c'est-à-dire plus il y a de gestionnaires de fonds communs parmi lesquels choisir, plus cet exercice sera biaisé, car il y aura toujours des fonds hors-normes qui se seront démarqués. C’est d’ailleurs une des raisons qui expliquent le nombre impressionnant de fonds communs offerts. L’industrie sait très bien que parmi le lot, certains se démarqueront et seront alors plus faciles à vendre. L’industrie des FNB est par ailleurs en train de poursuivre cette approche en multipliant le nombre de FNB offerts.

Outre ce petit aparté, le débat est alors de savoir s’il est facile d’identifier les gestionnaires qui sauront battre les indices à l’avance. À cet égard, plusieurs études démontrent qu’il n’y a pas de persistance dans le rendement des gestionnaires. Qu’un gestionnaire qui a bien fait dans le passé, même pendant plusieurs années, n’a pas plus de chances d’être encore parmi les meilleurs gestionnaires dans les périodes subséquentes. Je vous invite à lire cette étude de Vanguard sur le marché canadien pour plus d’information. S’il est peu probable d’être en mesure d’identifier les meilleurs gestionnaires à l’avance, la comparaison de rendements présentée dans la vidéo et la majorité des historiques de rendements que vous analyserez n’a que très peu de valeur.

Relevez ce défi biaisé!

Pour illustrer mon propos, je vous lance un défi. Essayez de battre le rendement du S&P 500 des 5 dernières années en utilisant uniquement les quelques titres du S&P 500 (par exemple FB, AMZN, NFLX, GOOG, CELG) qui ont obtenu le meilleur rendement au cours de cette même période. Essayez, vous êtes certains de réussir! Et je vous garantis qu’un aspirateur-robot, qu’un chien-robot ou que même un investisseur débutant sera capable de réussir ce défi et de supposément démontrer qu’il peut battre le S&P 500. Mais ça ne prouve rien et ça ne vous aidera pas à battre le S&P 500 au cours des prochaines années. La majorité des études démontrent qu’il est difficile de battre le S&P 500 sur une longue période. Même Warren Buffet l’a admis!

Bref, pour arriver à des conclusions robustes, il faut impérativement que l’analyse ne soit pas biaisée. Dans le monde de l’investissement, utiliser des rendements passés pour prévoir les rendements futurs n’est pas très utile, même si c’est le principal argument de vente de l’industrie et que ça mène souvent à un faux sentiment de sécurité, particulièrement lorsque les marchés ont procuré de bons résultats comme ce fut le cas au cours des dernières années. Il est nettement préférable de comprendre les raisons fondamentales qui pourraient amener une stratégie ou une classe d’actifs à générer de meilleurs rendements plutôt que de se fier aux rendements passés.

N’hésitez pas à m’écrire si vous aimeriez que j’aborde un sujet particulier dans ce blogue.

À propos de ce blogue

Ian Gascon est président de Placements Idema (www.idema.ca), un gestionnaire de portefeuille qui propose des solutions de placements personnalisées, à faible coût et utilisant des fonds négociés en bourse (FNB). «Les FNB démystifiés» est le premier blogue francophone dédié aux fonds négociés en bourse au Canada et Placements Idema est la première société au Canada à avoir lancé un service en ligne de gestion de portefeuille, maintenant mieux connu sous le terme «robot-conseiller».

Ian Gascon

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