Les bénéfices insoupçonnés de tendre la main à autrui

Publié le 14/03/2018 à 14:44, mis à jour le 15/03/2018 à 06:47

Les bénéfices insoupçonnés de tendre la main à autrui

Publié le 14/03/2018 à 14:44, mis à jour le 15/03/2018 à 06:47

Un geste d'une noblesse folle... Photo: DR

À un moment ou un autre de nos vies, chacun d’entre nous a eu à faire face à un échec. Or, le concept-même d’échec est subjectif: là où certains voient un raté, d'autres voient une opportunité de faire mieux plus tard. L’impact d'un échec, réel ou perçu, peut donc avoir, en fonction des individus, différentes répercussions aux niveaux psychologique, personnel et professionnel.

Conséquence? Il est crucial d'avoir toujours en tête que nos faux pas ne nous définissent pas. C’est plutôt notre habileté à nous relever, autant de manière individuelle que collective, qui en dit long sur la personne que nous sommes.

Charlotte, une jeune cadre de 30 ans, a fini par apprendre cette importante leçon de manière assez éloquente lorsqu'elle a pris sous son aile une employée, Amélie, une jeune professionnelle de 25 ans qui en était à piloter son tout premier projet d’envergure. Voici son histoire...

Durant des mois, Amélie travaille d'arrache-pied sur le projet en question, sous la supervision de Charlotte. Elle mène celui-ci jusqu'à son terme avec brio, ce qui lui permet, entre autres, de se rapprocher du comité de gestion et de faire sa marque auprès de la haute-direction.

Arrive le moment de dévoiler publiquement le tout nouveau projet de l'entreprise. Et voilà qu'au grand désarroi de tous, les critiques se font incendiaires. Le site web et les médias sociaux sont inondés de messages négatifs de la part du public, des clients et des fournisseurs; c'est l'unanimité contre le projet.

Amélie est, bien entendu, dans tous ses états. C’est la première fois qu’elle reçoit un feedback aussi négatif, de surcroît pour un projet qu’elle considère comme son bébé. Elle pensait que celui-ci boosterait sa carrière, et il lui apparaît que c'est tout le contraire qui risque fort de se produire.

Le comité de gestion comme le conseil d’administration rassurent Amélie et Charlotte. D'après eux, la réaction du public est, certes, inattendue, mais elle ne remet pas en cause le professionnalisme et la rigueur avec lesquels elles ont mené le projet. Cela étant, Amélie demeure dévastée; elle ne cesse de se remettre en question, et va jusqu’à envisager une réorientation de carrière.

Que doit faire Charlotte pour accompagner adéquatement sa protégée dans cette pénible épreuve?

Bien plus que de simples mots d’encouragement, elle doit aider Amélie à faire face, et mieux, à se relever de ce faux-pas. Elle doit saisir que celle-ci a un attachement émotif envers le projet, qui représente sa première grande réalisation professionnelle. Qu'il est inconcevable, pour ne pas dire injuste, de se faire rabrouer de la sorte par l’opinion publique.

À cela s'ajoute le fait que l'entreprise a une autre priorité que les émotions d'Amélie : trouver un plan B pour corriger le tir; et ce, au plus vite. D'ailleurs, la haute-direction le lui a fait subtilement comprendre à plusieurs reprises, histoire de s'assurer que tout était clair à ce sujet...

Que faire? Charlotte choisit, malgré sa charge de travail et les remarques de ses supérieurs hiérarchiques, de consacrer le temps nécessaire à sa protégée, de la rassurer, de la soutenir chaque fois que l'occasion se présente. Oui, elle prend le temps de l’écouter et fait attention de ne pas invalider ses sentiments. Résultat? À peine trois journées plus tard, Amélie se dit prête à refaire face à la musique!

Aujourd'hui, Charlotte est persuadée que le fait d’avoir été entièrement disponible pour Amélie a fait d’elle une meilleure gestionnaire, plus humaine. Et que son dévouement portera fruit, qu'Amélie en resortira grandie, dotée d'une plus grande force, ce qui sera tout bénéfice pour l'entreprise.

Ce qu’il faut retenir de cette histoire, c’est qu’il n’y a pas un employé qui réagit de la même manière face à la critique ou la perception d’échec. Il en va de notre travail de gestionnaire de maintenir l’estime et la confiance en soi de nos employés.

Bon, je vous entends penser tout bas: «C’est bien beau tout ça, mais nous ne sommes pas des psychologues». Dans un sens, vous avez raison, personne ne s'attend d'un gestionnaire qu'il soit un fin psychologue.

Toutefois, il est de notre responsabilité de nous soucier de la santé psychologique des employés dont nous avons la charge. C’est notre responsabilité de leur offrrir des conditions gagnantes pour l'épanouissement de leurs talents propres. C'est notre responsabilité de favoriser leur la prise d'initiatives, l'innovation et le courage. C'est notre responsabilité de faire en sorte que l'entreprise tire le plus grand bénéfice de toute cette palette de compétences. Oui, c'est notre responsabilité d'oser tendre la main lorsque le besoin s'en fait vivement sentir.

 

À propos de ce blogue

Vous faites face à des défis complexes ? Geneviève Desautels dévoile ici des cas réels auxquels des dirigeants ont été exposés. Et puisqu’il y a toujours une solution, la saine distance et l’expertise de la consultante, coach certifiée, présidente d'Amplio Stratégies, illuxi et Examen Dux, éclaireront votre prise de décision.

Geneviève Desautels

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