Les enfantillages de Bell et de Vidéotron

Publié le 01/09/2011 à 10:42, mis à jour le 05/01/2012 à 11:26

Les enfantillages de Bell et de Vidéotron

Publié le 01/09/2011 à 10:42, mis à jour le 05/01/2012 à 11:26

BLOGUE. Il n’est pas toujours facile pour un monopole, ou un ex-monopole, d’agir de façon à ne jamais pénaliser les consommateurs dans l’établissement de leurs politiques commerciales. C’est pourtant une règle fondamentale du marketing 101, une règle à laquelle toutes les entreprises devraient adhérer parce que le consommateur doit toujours être au cœur des décisions prises. D’ailleurs, à titre d’exemple, je me souviens très bien que, à mon arrivée comme PDG de la SAQ en 1998, cette société boycottait les produits du Portugal parce qu’elle était en désaccord avec certaines politiques de ce pays en ce qui concernait l’exportation du Porto. J’ai rapidement mis fin à ce boycott pour la simple raison que, ce faisant, c’est le consommateur québécois que la SAQ boycottait en lui refusant l’accès aux produits du Portugal. Étant un monopole, la SAQ n’avait tout simplement pas le droit moral d’empêcher les consommateurs de boire du Porto pour des raisons qui n’avaient rien à voir avec eux. Peu de temps après la fin du boycott, les québécois sont devenus, sur une base per capita, les plus importants consommateurs de Porto de la planète.

Aujourd’hui, ce sont deux ex-monopoles, à savoir Bell et Vidéotron, qui, au niveau de la télévision, font à peu près la même chose en niant à leurs abonnés respectifs l’accès à certains canaux pour des raisons qui n’ont rien à voir avec les téléspectateurs. Bell et Vidéotron sont de toute évidence les deux plus importantes entreprises de communication au Québec et il est normal que l’une refuse de laisser un avantage quelconque à l’autre. Mais cela ne doit jamais se faire sur le dos des abonnés. La guerre que ces deux entreprises se livrent doit se faire au niveau de laquelle offre le meilleur choix de canaux, de laquelle offre les meilleurs prix et de laquelle a le meilleur service à la clientèle. Ce n’est malheureusement pas toujours le cas. Ces deux entreprises se battent comme deux gamins qui n’ont comme argument que le « mon père est plus fort que ton père ». D’une part, Vidéotron refuse de diffuser certains canaux, dont RDS2, pour la simple raison que Bell en est un actionnaire. D’autre part, Bell refuse entre autre de diffuser le nouveau canal TVA Sport sur la base qu’il n’y a pas d’entente financière entre les parties. Mais quelque soit les raisons données, les deux parties agissent ainsi parce que l’autre partie est un compétiteur. Elles punissent les téléspectateurs pour des motifs qui n’ont rien à voir avec eux. Elles oublient que, fondamentalement, les licences qu’elles ont du CRTC sont des privilèges et non des droits, et qu’elles doivent fournir à leurs abonnés les canaux que ces derniers veulent avoir, indépendamment des chicanes qui peuvent exister entre elles. Il n’appartient certes pas à Bell Télé de me dire que je n’aurai pas accès à TVA Sport si je suis prêt à payer pour recevoir ce canal, pas plus qu’il appartient à Vidéotron de m’empêcher d’avoir accès à RDS2.

En autant que je suis concerné, la règle que Bell et Vidéotron doivent appliquer ne doit pas tenir compte de la propriété des postes de télé mais seulement de la demande pour lesdits postes. En agissant autrement, elles ne font que pénaliser les téléspectateurs pour des chicanes qui ne les concernent pas. Que Bell et Vidéotron se poursuivent l’une et l’autre devant les tribunaux, c’est fort probablement de bonne guerre étant donné le degré élevé de compétition entre ces deux géants. Mais cela ne doit absolument pas aller jusqu’au boycott de certains canaux qui appartiennent à un compétiteur. Imaginez un instant Metro ou IGA qui ne vendrait pas de pain Weston, Gadoua ou D’Italiano parce que Weston, le fabricant, est propriétaire de Loblaws, un compétiteur. Ce faisant, Metro ou IGA boycotterait leurs propres consommateurs en ne leur fournissant pas les produits qu’ils veulent avoir.

Bell et Vidéotron sont d’anciens monopoles qui n’ont peut-être pas encore saisi toute la portée de leur nouveau statut d’avoir de la compétition et de se battre pour garder leurs abonnés autrement qu’en boycottant certains canaux appartenant à un compétiteur. Elles se doivent d’éviter ce que j’appelle « la maladie du monopole », à savoir cette façon de faire qui fait du consommateur un élément secondaire en le prenant en otage.

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À propos du blogue "Sous le signe du Jaguar’’ :

Président exécutif de Publipage inc., j’ai notamment été PDG de la SAQ et de Loto-Québec. Plus tôt dans ma carrière, j’ai œuvré pour de nombreuses entreprises de distribution alimentaire en plus d’avoir développé et mis en marché plusieurs concepts à succès dont les fiches cuisine Bon Appétit et le Gala Metrostar. Dans mon blogue, vous retrouverez des commentaires pertinents sur l’évolution du commerce de détail ainsi que sur des sujets d’actualité où je me permettrai de dire tout haut ce que beaucoup de gens pensent tout bas.

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