La cryptomonnaie enfin vache à lait des financiers?

Publié le 24/04/2018 à 16:22

La cryptomonnaie enfin vache à lait des financiers?

Publié le 24/04/2018 à 16:22

Un bouleversement. «Les cryptomonnaies représentent encore une petite portion des marchés boursiers mais ce segment de niche est en train de devenir un courant dominant de l’industrie des services financiers», affirme Neill Penney, responsable Trading chez Thomson Reuters

Il en tient pour preuve les résultats du sondage mené auprès de plus de 400 clients de sa société, incluant les plus importants gestionnaires d’actifs, fonds spéculatifs et salles de marchés dans les grandes banques.

Près de 20% des répondants envisagent de se lancer dans les transactions de cryptomonnaies à l’instar du bitcoin dans les 3 à 12 prochains mois. Et la majorité, environ 70%, vise la fourchette des trois à six mois. 

2018 sera donc l’année de la nouvelle classe d’actifs? «C’est un changement majeur par rapport à l’année passée. La priorité actuelle de nos clients semble être l’accès transparent aux informations et données entourant les cryptomonnaies pour faciliter les décisions d’investissement», souligne Neill Penney. Une aubaine pour les activités de Thomson Reuters soit dit en passant.

L’intérêt commercial avait bondi fin de l’année dernière au moment où la valeur du marché des jetons numériques avait considérablement enflé, laissant baver sur toutes les lèvres le mot bulle.

Malgré des durcissements réglementaires dans certains pays phares, des menaces généralement brandies par les autorités pour refroidir l’attrait des particuliers, les attaques répétées des Nobel d’économie, l’implication des institutionnels était appelée à grandir. Des étapes symboliques ont été progressivement franchies, avec les contrats à terme notamment.

Le géant boursier américain Cboe vient d’ailleurs de réduire de moitié le prix de ses produits dérivés sur le bitcoin (à 5$ le contrat), estimant que «cela aura un impact positif sur le marché des futures».

Certains établissements bancaires n'ont pas hésité à mettre les mains dans le «cryptocambouis», en réponse aux demandes incessantes de leurs membres.

Des initiatives encore assez isolées mais aidées par une littérature académique allant en s’étoffant et invitant, comme cette analyse statistique, les amateurs de sensations fortes à augmenter leur rémunération du risque en investissant dans la crypto.

Au Canada, en l’absence de lignes directrices mondiales et comme pour se prémunir de complications judiciaires, les grandes enseignes bancaires, TD, BMO et compagnie, ont interdit ces transactions à partir de leurs comptes, tout en restant attentif aux développements en matière de placements.

Même son de cloche chez nos voisins du sud où les Merrill Lynch, Morgan Stanley, JPMorgan et Wells Fargo interdisent à leurs experts de recommander les cryptomonnaies sans perdre de vue les tendances du marché.

Prudence élémentaire pour certains, hypocrisie risible pour d’autres convaincus que les courtiers soufflent quand même à leurs clients de réaliser des «investissements personnels».

Fait notable, le premier sondage de Reuters du genre précise que, si les projets transactionnels se concentrent sur les monnaies numériques avec les plus fortes capitalisations, certains intervenants financiers se tiennent prêts à échanger «n'importe quoi».

Un petit nombre de répondants s’est par ailleurs montré sensible aux tokens issus d’ICO (initial coin offering) tandis que les cryptodevises anonymes du style zcash ou monero ont trouvé très peu de preneurs.

Répétons-le, l’attention des institutions financières s’est naturellement éveillée au moment où les prix ont flambé en 2017. Mais n’oublions pas que les acteurs de marché traditionnels ne veulent pas rater le train numérique des cryptoactifs. Quand même la Banque Nationale implémente une chaîne de blocs, on a l'impression de sentir le vent tourner.

Et à l’heure où l’indice vedette de Wall Street rougit vivement, le cours du BTC s’installe confortablement au-dessus des 9000 $US.

Hissant la page de résultats pour «bitcoin» en haut des recherches sur les devises... du terminal de Thomson Reuters.

 

À propos de ce blogue

Une nouvelle ruée vers l’or, numérique cette fois? Une arnaque, un piège sans fonds? Le débat s'est intensifié fin 2017 alors que la valeur des «monnaies virtuelles» a rapidement passé le cap des 200 milliards de dollars. De la blockchain aux kitties, en passant par le bitcoin, qui ne voudrait pas exploiter ces filons technologiques? Mine de rien est un blogue qui cherche les pépites de l’info dans le monde de la crypto.

François Remy