Valeant : à quel point l'effronterie peut-elle payer ?

Offert par Les Affaires


Édition du 24 Octobre 2015

Valeant : à quel point l'effronterie peut-elle payer ?

Offert par Les Affaires


Édition du 24 Octobre 2015

Le nouvel agacement

Depuis l'automne, l'entreprise est de retour dans l'actualité. Cette fois, à la suite d'une sortie d'Hillary Clinton, qui vient de partir en guerre contre les sociétés pharmaceutiques qui abusent d'une position dominante pour hausser les prix. Valeant est au banc des accusés.

À la suite de son acquisition de Marathon Pharmaceuticals, en février, la société a augmenté de façon significative le prix de deux médicaments. Celui d'Isuprel a bondi de 525 %, celui de Nitropress, de 212 %. Les deux produits sont utilisés lors d'interventions cardiaques. Ils ne sont plus brevetés, mais il y a peu de concurrence dans le secteur, notamment parce qu'ils sont administrés par injection. D'un point de vue manufacturier, le processus de fabrication d'un médicament injecté est plus complexe que celui de fabrication d'une pilule.

Ces deux exemples ne pourraient être que la pointe de l'iceberg. Tenter de majorer les prix le plus possible semble la nouvelle voie de croissance retenue par Valeant. Une recension récente de la Deutsche Bank permet en effet de constater qu'en 2014, l'entreprise a en moyenne haussé de 50 % le prix de liste de ses médicaments. Personne n'y est allé aussi fort dans tout le secteur pharmaceutique.

À quel point l'effronterie peut-elle payer ?

La question se pose.

La dernière initiative, combinée à quelques autres comportements apparentés dans le secteur, n'a guère été payante pour les actionnaires de la société lavalloise. Le titre de Valeant a perdu le tiers de sa valeur depuis septembre, au moment de la sortie de la candidate démocrate à la prochaine élection présidentielle.

Le marché redoute que le gouvernement américain n'impose une réglementation.

Le prix des obligations corporatives du secteur a bondi de plus de 100 points de base par rapport aux obligations 10 ans du gouvernement. Les investisseurs craignent que les sociétés ne doivent, dans l'avenir, se refinancer à des coûts plus élevés, avec des revenus moindres.

Ils ont probablement tort, et la majorité d'analystes qui considèrent le recul comme une intéressante occasion d'acheter Valeant ont sans doute raison.

Les États-Unis ne pèsent actuellement que pour 15 % des ventes totales de Valeant. Il est en outre fort probable qu'une éventuelle réglementation américaine prendra beaucoup de temps à être mise en place. Si jamais elle l'est.

L'affaire représente néanmoins un important signal à l'intention de la direction. Qui arrive de surcroît accompagné d'une récente entente entre les pays membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pour renforcer les cadres réglementaires sur l'utilisation des paradis fiscaux.

Que dit le proverbe, déjà ? «L'effronterie mène le tisserand à sa perte.»

Sur le radar

Les recommandations des analystes qui suivent le titre de Valeant (Tor., VRX, 216,73 $)

› 3
Conserver
6
Acheter
9
surperformance

Cours cible : 295 $

Sources : Bloomberg, au 19 octobre 2015

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À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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