Twitter: le coup d'assommoir

Publié le 07/05/2014 à 15:55

Twitter: le coup d'assommoir

Publié le 07/05/2014 à 15:55

Photo: Shutterstock

C'est toute une descente que vient de subir le titre de Twitter. La chute est de plus de 22% depuis le début de la semaine.

"L'action de Twitter serait-elle sur le point de casser?", titrait-on, la semaine dernière, après que sa valeur soit tombée de 10%.

Notre conclusion était qu'il était plutôt audacieux de placer, ces jours-ci, un ordre d'achat pour l'action.

La première chute était, disait-on, venue d'une déception du marché face à la croissance du nombre d'usagers dans le dernier trimestre.

C'était agaçant, mais ce n'était pas ce que l'on redoutait vraiment pour la suite des choses. Une autre situation menaçait davantage. Plusieurs actions étaient à ce jour sous interdiction de vente. Leur libération était prévue pour lundi, et leur nombre représentait 80% de toutes les actions en circulation.

Avec un titre qui était passé de 26$ US au moment de l'émission à 38$ US (un rendement de 45%), et l'incertitude jetée par une croissance d'usagers un peu décevante, la probabilité était forte que ces premiers investisseurs se bousculeraient à la sortie pour se garantir un rendement.

C'est exactement ce qui vient de se produire. Une pléthore de vendeurs créant une retraite généralisée d'acheteurs.

Est-ce que l'action de Twitter se remettra de ce coup d'assommoir?

C'est une intéressante question.

La semaine dernière, le titre de l'entreprise se négociait autour de 100 fois le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements (BAIIA) prévu pour cette année et près de 45 fois celui de 2015. Avec le recul, on est cette fois à 77 fois le bénéfice attendu en 2014 et autour de 35 fois celui de 2015.

On l'a dit, d'ordinaire une entreprise qui se négocie à 12 fois le BAIIA est généralement considérée comme chère payée. Mais ces entreprises n'affichent pas les taux de croissance que devrait afficher Twitter dans l'avenir. Ainsi, en poussant un peu plus loin l'analyse, on s'aperçoit que si la valeur de la société devait rester stable, le titre se négocierait au début de 2016 (dans à peine un an et demi) à seulement 10,6 fois le bénéfice anticipé pour l'année suivante par Cantor Fitzgerald. Ce qui le placerait en très nette situation de sous-évaluation.

Constat?

Si l'on croit que la rentabilité de Twitter sera effectivement celle attendue par Cantor Fitzgerald dans trois ans (Cantor est à "conserver" sur le titre, et n'est pas dans le lot des optimistes), le repli offre une intéressante occasion d'achat.

Si l'on croit qu'il faudra beaucoup plus de temps que cela pour y parvenir, la fenêtre peut être encore bonne, mais il faudra être plus patient et le rendement sera moins intéressant.

Les hésitants ont probablement quelques semaines encore pour y penser. Car, au moindre rebond senti, il devrait de nouveau s'amener quantité de ces premiers investisseurs qui chercheront à profiter de l'embellie pour liquider leurs positions à meilleur prix.

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À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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