TVA: pourquoi l'AMF ne devrait pas bloquer les Studios Mel's

Publié le 11/12/2014 à 22:26

TVA: pourquoi l'AMF ne devrait pas bloquer les Studios Mel's

Publié le 11/12/2014 à 22:26

On sentait que le feu couvait, il vient de s'embraser. D'importants actionnaires de Groupe TVA (Tor., TVA.B) demandent à l'Autorité des marchés financiers (AMF) de forcer la filiale de Québecor à obtenir l'assentiment de ses minoritaires avant qu'elle ne puisse acquérir les studios Mel's (propriété de Vision Globale).

Le communiqué de presse est signé par Jarislowsky Fraser, Chou Associates, Gestion capital Coerente et Gestion d'actifs Burgundy. Ils détiennent à eux seuls 48% des actions minoritaires.

Les actionnaires énoncent une série de doléances qui les amènent à penser que le conseil d'administration de TVA n'agit pas dans leur intérêt, mais plutôt dans celui de Québecor, la société mère, qui contrôle à peine plus de 50% des actions, mais 100% du vote.

On donne notamment en exemple la création d'une nouvelle division chez Québecor dans laquelle TVA est passée en juillet, le fait que des salariés de TVA reçoivent des bonis de rémunération liés à la performance de Québecor Media, l'acquisition des droits de la LNH, et l'acquisition des Studios Mel's.

Voyons voir la force de chacun des reproches.

Le nouveau Groupe Média de Québecor

L'allégation du groupe d'actionnaires est sérieuse. Ils soutiennent que le fait d'intégrer TVA à ce nouveau groupe a eu pour effet de permettre à Québecor de faire l'acquisition de TVA, sans le consentement des minoritaires, ni le versement de quelque compensation.

OPINION. Dans son unicité, l'allégation semble trop forte.

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Dans une vie ancienne, il nous a été donné d'occuper certaines fonctions de supervision et de gestion chez Québecor (pour les contenus économiques des quotidiens, de la chaîne Argent et de son site web).

Il y avait à l'époque une comptabilité sur des éléments essentiels (les échanges publicitaires journaux-télé par exemple).Tout n'était pas comptabilisé (il y a des choses inquantifiables). Parfois TVA pouvait perdre sur un aspect opérationnel, mais parfois elle gagnait aussi. L'un dans l'autre, le diffuseur n'était pas perdant de l'expérience.

Il était cependant souvent difficile d'avoir une exécution efficace dans les unités, faute d'une autorité supérieure bien affirmée et reconnue par chacune des unités. Quelque chose nous dit que c'est surtout cette carence qu'on a cherché à combler en créant le Groupe Média et en amenant d'éventuels bonis QMI. D'autant que le secteur média prend de l'expansion. Lorsque chacun est forcé de penser à autrui plutôt qu'à lui-même, tous peuvent y gagner en création de valeur.

À moins que tout ait radicalement changé, il est exagéré de parler d'une acquisition de facto sans rétribution des minoritaires.

L'acquisition des droits de la LNH

La pensée des minoritaires n'est pas clairement énoncée sur cet élément. On la présente comme une opération entre apparentée. C'est apparemment QMI qui a acheté les droits, et elle doit encore s'entendre avec TVA.

Les actionnaires semblent se demander si le conseil d'administration de TVA était dans le coup tout au cours du processus d'acquisition, et, s'il l'était, si ses membres étaient suffisamment indépendants pour prendre une décision dans l'intérêt de TVA plutôt que de Québecor (qui cherche à avoir une équipe de hockey).

Si telle est la pensée des actionnaires, ils ont ici un point intéressant. Mais encore faut-il qu'ils estiment que cette acquisition aurait dû soulever des doutes dans l'esprit des administrateurs.

Or, on les suspecte d'aimer l'entente avec la LNH.

L'un des actionnaires estimait en effet récemment en nos pages que le titre de TVA pourrait dans le futur valoir 18-19$ suite à cette acquisition (à 7$ aujourd'hui).

L'acquisition de Mel's

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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