Trois grands scénarios pour l'avenir du Bixi

Publié le 20/01/2014 à 22:17

Trois grands scénarios pour l'avenir du Bixi

Publié le 20/01/2014 à 22:17

BLOGUE. La Société de vélos en libre service (SVLS), qui exploite le service du Bixi, se place sous la protection de la Loi sur la faillite. Quel est l'avenir du Bixi?

La situation est intéressante, alors que se présentent plusieurs scénarios (pour les plus pressés, qui ne s'intéressent pas à la mécanique, ils sont en fin de texte).

La Ville de Montréal tient à ce que le service de location de vélos puisse se poursuivre en 2014 et dans les années à venir. Ça n'apparaît pas trop inquiétant pour le moment. Le service de location de vélos de SVLS à Montréal a fermé l'exercice 2013 avec une perte avant intérêts et amortissements (BAIIA) de 1,5 M$, selon l'évaluation que l'on a pu obtenir.

En théorie, la Ville pourrait vraisemblablement reprendre ce service et continuer de l'opérer à perte. On ne sait trop combien la Ville fournissait de revenus à SVLS Montréal (si elle en fournissait), mais on peut voir que si elle prend charge de cette perte annuelle supplémentaire, le coût d'exploitation du service de location ne devrait pas s'alourdir de beaucoup. Un ajout de 1,5 M$ est une très petite goutte d'eau dans un budget de 4,9 G$. Et personne ne s'attend à ce c'est le transport en commun ou écologique ne fasse ses frais.

SUIVRE SUR TWITTER: F_POULIOT

Évidemment, cela postule cependant que quelqu'un continue d'offrir des pièces de rechange (le sous-traitant De Vinci devrait pouvoir), tienne à jour les systèmes de gestion informatique (ça c'est moins clair), répare les bogues qui peuvent survenir (c'est aussi moins clair), offre un centre d'appel (toujours pas clair), etc. Ces activités sont dans une autre division de SVLS, et leur coût peut être amortis sur une plus grande échelle (n'y a pas que Montréal qui offre maintenant le Bixi). Si les autres villes lâchent le Bixi parce qu'il n'y a pas de repreneur pour cette division, il sera peut-être toujours possible pour Montréal d'aller voir les sous-traitants (comme De Vinci pour les pièces) pour obtenir du service, mais le manque d'échelle risque de faire grimper la facture annuelle du service de location de vélo.

Ce qui amène à s'interroger justement  sur ce que fera la Ville avec ces autres activités, qui sont en fait le cœur de SVLS.

En 2012, la perte totale (BAIIA) de l'entreprise  n'a été que de 0,6 M$.

On peut en déduire une chose: c'est le service de location du Bixi à Montréal qui a coûté cher cette année-là; les activités de ventes de vélos, de pièces, de systèmes  informatiques et de centres d'appel à d'autres villes semblent avoir été rentables.

Évidemment, ce sont elles qui ont causé la dernière crise de liquidités (en raison de pénalités qui sont venus démolir un bilan trop faible), mais cela ne veut pas dire qu'elles ne sont pas en voie d'offrir une rentabilité intéressante.

Il vient souvent un moment dans la vie d'une entreprise où, après avoir fait de lourdes pertes, et procéder à de forts investissements, elle finit par atteindre ce qu'on appelle le point d'inflexion. La flotte de vélos vendus dans le monde grossit chaque année, ce qui fait que les revenus de pièces de remplacement augmentent. De nouvelles villes s'ajoutent, pendant que les anciennes agrandissent  les zones desservies. Il y a un besoin pour des vélos supplémentaires,  plus de nouvelles pièces, plus de service informatique, et plus de centres d'appels pour gérer tout cela.

Bref, il sera intéressant de voir dans les prochaines semaines si des investisseurs jugent le modèle d'affaires du Bixi promis à un intéressant avenir.

 Qu'arrivera-t-il maintenant?

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

Blogues similaires

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?