Télécoms: un secteur qui ne tient qu'à un fil?


Édition du 16 Mai 2015

Télécoms: un secteur qui ne tient qu'à un fil?


Édition du 16 Mai 2015

Le secteur des sociétés de téléphonie et de câblodistribution est-il sur le point de subir une correction ?

C'est la question que posait en avril 2014 l'équipe d'analystes de Marchés mondiaux CIBC. La firme y répondait par l'affirmative, en abaissant sa recommandation sectorielle à « sous-performance ».

Mal lui en prit, puisqu'un an plus tard, les titres du secteur sont plutôt en hausse de plus de 7 %, tout comme le S&P/TSX.

Un mauvais pronostic ne fait pas de mauvais analystes. L'histoire boursière est remplie d'anecdotes de marchés surévalués qui ont continué de progresser. CIBC a récemment revu la recommandation en l'augmentant à « pondération de marché ». Ce qui n'empêche pas la maison de continuer d'estimer que les investisseurs regardent les titres de la téléphonie et de la câblodistribution avec des lunettes trop roses.

Qu'en est-il de l'évaluation

C'est effectivement assez cher. Et ce, à plus d'un égard.

En ce qui concerne le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA), les titres des sociétés de téléphonie se négocient à 8 fois le consensus des 12 prochains mois. À titre comparatif, la moyenne sur cinq ans est à 6,5 et le sommet de tous les temps, à 8,2 fois. En ce qui concerne le bénéfice par action, on est à 16,6 fois, par rapport à 14,1 fois pour la moyenne sur cinq ans, et à un sommet historique de 17,2 fois.

C'est un peu moins intimidant du côté des titres des câblos, où le groupe se négocie à 7,6 fois le BAIIA, comparativement à une moyenne sur cinq ans de 6,6 fois. Ou encore, à 14,8 fois le bénéfice par action, par rapport à une moyenne sur cinq ans de 12,9 fois.

Pourquoi les multiples ont enflé

Deux ou trois explications sont possibles.

1. Les taux d'intérêt sont faibles, et les investisseurs recherchent des placements perçus comme relativement sûrs et susceptibles de leur donner plus de rendements de revenus. Le dividende des titres des télécoms est en moyenne de 4,4 % et celui des câblos, de 4,3 %, alors que les obligations 10 ans de la Banque du Canada sont à 1,4 %. Plus de monde s'intéresse aux actions des télécoms et des câblos, ce qui pousse les titres à la hausse.

2. L'élan s'est accentué dans les derniers mois alors que la chute du pétrole a rendu plus incertaine la valeur des titres pétroliers à dividendes. Le phénomène a suscité encore plus d'intérêt pour les titres des télécommunications.

3. Le marché voit peut-être une amélioration des fondamentaux et des bénéfices dans l'avenir.

Creusons ce troisième point, pour voir s'il peut à lui seul soutenir les évaluations.

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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