Sans-fil: Wind vient-elle de sortir Québecor?

Publié le 16/09/2014 à 17:53

Sans-fil: Wind vient-elle de sortir Québecor?

Publié le 16/09/2014 à 17:53

À première vue, le retrait de Vimpelcom de Wind mobile, et surtout l'arrivée de nouveaux investisseurs, semblent sonner le glas de l'expansion de Québecor (Tor. QBR.B) dans le sans-fil au Canada anglais. Ne pariez cependant pas trop vite là-dessus.

Si Wind a de nouveaux investisseurs (avec l'actionnaire contrôle Anthony Lacavera qui remet de l'argent), comment expliquer que Québecor n'en fasse pas partie?

Vidéotron a besoin d'une base de lancement au Canada anglais si elle souhaite sérieusement pouvoir y prendre du marché. Et Wind est quasi-incontournable. Son réseau couvre une population de près de 14 millions d'habitants en Ontario, Alberta et Colombie-Britannique et sa base de clients est de 750 000. À titre de comparaison, Mobilicity, qui est l'autre option, compte trois-quatre fois moins d'abonnés.

Le premier réflexe est de penser qu'avec sa condition au gouvernement fédéral de tarifs d'itinérance nettement inférieurs pour devenir un quatrième joueur national, Québecor a fait prendre conscience à Wind qu'elle pourrait elle-même devenir ce quatrième joueur sans avoir à se vendre à Québecor.

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À lire aussi : Le rachat des intérêts de Wind Mobile pourrait freiner les ambitions de Québecor

Il est difficile de jauger la situation, les acteurs ne levant pas le voile sur leurs tractations de coulisses.

Voici cependant quelques observations.

1-Il n'est pas clair que Québecor ait été si intéressée, à ce stade-ci, à prendre une participation dans Wind. Le grand patron, Pierre Dion, a jusqu'à maintenant dit qu'il était impératif que les tarifs d'itinérance soient significativement abaissés au Canada pour que Québecor s'engage dans un projet national. Il est déjà acquis que les tarifs seront abaissés, mais la force de l'abaissement est encore inconnue. Des audiences du CRTC doivent s'amorcer sur le sujet le 29 septembre et une décision n'est pas attendue avant le début de 2015.

2-Il n'est pas si clair que les nouveaux investisseurs, qui permettent de sortir VimpelCom du capital de Wind, sont réellement là pour le long terme. La transaction donne à Wind une valeur d'environ 300 M$. Adam Shine, de Financière Banque Nationale, fait à juste titre remarquer qu'en utilisant les paramètres de récents projets d'acquisition de spectre entre Rogers et Québecor et entre Rogers et Shaw (des transactions qui n'ont à ce jour pas été autorisées), le spectre de Wind pourrait valoir entre 600 M$ et 1 G$. Il est possible que les nouveaux actionnaires de Wind doivent ajouter un peu de fonds pour éponger les pertes et permettre aux activités de se poursuivre dans les prochains mois. Mais on voit quand même l'intéressant rendement qui peut être réalisé si jamais les tarifs d'itinérance sont significativement abaissés. Wind deviendrait alors nettement plus attrayante pour d'éventuels acheteurs comme Québecor ou Verizon. La caisse pourrait fortement sonner pour les nouveaux actionnaires d'aujourd'hui?

3-Québecor a maintenant du spectre dans le reste du Canada. Si les nouveaux actionnaires ne souhaitent pas vendre, elle pourrait éventuellement dans le futur amener ce spectre comme contrepartie à une participation minoritaire dans Wind mobile. Et peut-être augmenter cette participation en injectant une partie du nouvel argent dont Wind aura assurément besoin pour construire un réseau sans fil de nouvelle génération.

Conclusion?

Le paysage du sans-fil canadien est rempli de brouillard. Et les développements potentiels multiples.

Le dernier développement ne semble guère positif pour Québecor. Il lui reste cependant encore quelques cartes en main.

Si les tarifs d'itinérance sont significativement abaissés, il ne serait pas étonnant de la voir arriver au capital de Wind.

 

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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