Quel est maintenant l'avenir financier de La Presse?

Publié le 16/09/2015 à 22:35

Quel est maintenant l'avenir financier de La Presse?

Publié le 16/09/2015 à 22:35

Les économies d'impression et de distribution: une autre une interrogation

Ici aussi se trouve une interrogation.

Au lancement du projet, en 2011, Gesca disait s'attendre à des économies d'impression et de distribution de 80M$ (le chiffre de 90M$ avait aussi circulé) suite l'abandon du papier.

Monsieur Crevier nous indiquait mercredi que continuer à imprimer le journal en semaine aurait coûté 30M$ par année en impression et en distribution.

La récupération n'est en apparence que de 30M$.

Cela dit, entre la déclaration sur le 80M$ de récupération envisagé et aujourd'hui, il s'est aussi réalisé diverses économies. Le tirage du journal en semaine est passé de 163 000 exemplaires à 81 000 exemplaires. C'est pas mal moins de journaux imprimés et des économies substantielles qui ont nécessairement été obtenues.

En fait la question est de savoir si l'édition papier du samedi couvre ses coûts ou si elle n'est maintenue qu'à des fins stratégiques afin de mousser en combo l'offre publicitaire tablette. Le réflexe est de dire que l'édition du samedi est très payante. Il n'y a pas de doute lorsqu'un réseau de distribution est amorti sur six jours, mais il n'est pas clair comment fonctionne le réseau d'indépendants du samedi et quels sont les coûts qu'il demande à La Presse.

Ici aussi notre impression est qu'on est un peu sous la cible de récupération, mais rien pour l'établir.

Là où ça pourrait être mieux que prévu

Il y a quelques mois, La Presse passait une entente avec Torstar pour le développement et l'utilisation de sa recette tablette. On ne sait trop combien de revenus La Presse tire de cette entente.

Mais, de souvenir, monsieur Crevier ne comptait pas initialement sur beaucoup de revenus supplémentaires de ce côté. Or, le paysage semble maintenant plus intéressant.

La technologie et le savoir-faire des équipes de La Presse+ intéressent apparemment plusieurs éditeurs. Depuis quelques mois, des bruits nous parviennent à l'effet que Gannett, qui est notamment l'éditeur du USA Today, est en discussions avec Gesca.

Au final?

Récapitulons.

Ça semble un peu plus lent que ce qui était initialement prévu sur la fréquentation, mais le nombre d'usagers nécessaire pour la rentabilité semble toujours atteignable. Il n'est pas sûr que l'on soit tout à fait sur la marque pour les revenus publicitaires anticipés. Idem pour les économies d'impression. Le potentiel de revenus externes semble cependant être plus intéressant qu'initialement anticipé.

Premier constat: il faudra vraisemblablement encore quelques mois avant de savoir si l'effectif initial de La Presse+ restera intact.

Deuxième constat: il faut aussi garder à l'esprit que, sans ce projet novateur, dans lequel plusieurs millions ont été investis, l'effectif journalistique de La Presse (de même que l'effectif total) aurait été condamné à des coupes beaucoup plus importantes dans le temps. C'est l'hécatombe dans l'imprimé et la rentabilité continue de chuter partout. Dans le secteur médiatique, personne n'y est allé d'un effort social aussi important.

SUIVRE SUR TWITTER: F_POULIOT

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

Blogues similaires

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?