Québecor peut-elle trouver des partenaires pour les Nordiques?

Publié le 03/08/2015 à 19:15

Québecor peut-elle trouver des partenaires pour les Nordiques?

Publié le 03/08/2015 à 19:15

Québecor trouvera-t-elle des partenaires pour investir dans les nouveaux Nordiques? Le doute est grand, et c'est tout un défi de persuasion qu'elle a devant elle.

Plusieurs ont été surpris la semaine dernière en apprenant que l'entreprise cherchait des partenaires pour investir dans l'éventuelle équipe de hockey. En y regardant de plus près, ce n'est pas si surprenant. Québecor veut racheter la participation de la Caisse de dépôt dans Québecor Media, c'est un investissement que TD Valeurs mobilières évalue actuellement à 2,3 G$. Elle a aussi un projet d'expansion dans le sans-fil au Canada anglais, qui n'a jamais été quantifié, mais qui veut dire plusieurs autres millions à sortir.

Puis, il y a les Nordiques, auxquels le commissaire Gary Bettman a mis un prix d'au moins 500 M$ US, ce qui veut dire 650 M$ CAN.

En conférence téléphonique, le grand patron Pierre Dion a indiqué que la direction voulait gérer prudemment son endettement. Sachant que ces projets équivalent à peu près à la valeur boursière de Québecor, on peut comprendre que l'entreprise souhaite partager des risques.

Est-ce à dire que des partenaires se pointeront?

On s'est amusé à examiner le dernier classement de Forbes sur la rentabilité et la valeur des franchises de la LNH. Constat: ce n'est assurément pas dans la poche.

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Le nouveau contrat de télévision de la LNH au Canada a significativement fait grimper la valeur des franchises, et le rendement auquel peut s'attendre un investisseur dans la nouvelle équipe des Nordiques n'est pas, en apparence, accompagné d'un très bon signal d'investissement.

Voyons-y de plus près.

Sur une base de bénéfices, il n'y a pas de signal

Le marché comparable que l'on aime le mieux est Winnipeg. Les Jets avaient été vendus à peu près à la même époque que les Nordiques, parce que leur marché était douteux. Ils sont revenus, et sont rentables.

Forbes évalue que les Jets ont réalisé en 2013-14 un bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) de 3,3 M$ US.

Certains diront que ce bénéfice a été plus important cette année (2014-15, résultats à paraître) parce que l'équipe bénéficiera de droits de télévision plus élevés, grâce à l'entente historique qui y a pris effet. Ça se pourrait. Mais peut-être pas l'année suivante, ni la subséquente. Les chiffres de Forbes sont en effet tirés d'un dollar à 0,93$ US. Il a depuis reculé à 0,77$ US. Les équipes ont probablement utilisé des opérations de couverture sur le marché à terme des devises, mais ces protections n'ont qu'un effet temporaire dans le temps.

Restons donc avec un bénéfice de 3,3 M$ US.

Règle générale, dans le type de risque associé à cet investissement, un investisseur cherchera à récupérer sa mise sur un horizon de cinq ans. C'est ce qu'on appelle le payback. Les plus patients étireront jusqu'à 10 ans. Et l'on rentrera les coûts du service de la dette dans le calcul (que l'on ne fera pas ici).

Quel sera le payback si les futurs Nordiques génèrent un bénéfice de 3,3 M$ US? Sur un investissement de 500 M$ US, c'est un horizon de… 150 ans.

C'est vrai, les Jets n'ont pas la machine promotionnelle que détient Québecor. Peut-être la région d'Ottawa est-elle en fait, un meilleur comparable que Winnipeg. Toujours selon Forbes, les Sénateurs ont généré en 2013-14 un bénéfice (BAIIA) de 22,5 M$ US. C'est nettement mieux. Mais, même avec cette rentabilité, il faut plus de 22 ans pour rembourser sa mise.

Le signal sur les bénéfices demeure peu intéressant.

Oui mais le groupe Molson a payé cher, lui aussi, en 2010, lorsqu'il a acheté le CH pour 575 M$ US, dira-t-on. Et il fait de l'argent sur son placement.

Cher oui, mais pas aussi cher que ce que l'on semble devoir payer pour les Nordiques, toutefois. En 2010, Forbes estimait le BAIIA du CH à 53,1 M$ US. C'est dire que le payback était à peine d'un peu plus de 10 ans. Et encore, c'était peut-être moins, puisque le prix payé ne comprenait pas que l'équipe de hockey, mais aussi les autres activités du Centre Bell. Il y a une certaine imprécision dans les chiffres de Forbes sur l'étendue des activités prises en compte dans les évaluations.

Y a-t-il un risque de perte sur un placement dans les Nordiques?

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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