Que se passe-t-il donc avec l'essence?

Publié le 14/03/2012 à 09:27, mis à jour le 14/03/2012 à 09:27

Que se passe-t-il donc avec l'essence?

Publié le 14/03/2012 à 09:27, mis à jour le 14/03/2012 à 09:27

Photo : Bloomberg

En route vers le boulot, on a un peu sursauté, mardi, en constatant que le prix de l'essence dans notre secteur avait bondi au-dessus des 1,40$ le litre.

Quoiqu'en disent certains experts, il s'agit d'un seuil susceptible de faire réfléchir le consommateur sur ses dépenses. Il suffit de faire la distance Montréal-Les Etchemins à chaque fin de semaine pour se rendre compte que la dernière poussée des cours pétrolier affecte de façon significative le coût de la vie.

Les prix du pétrole et de l'essence peuvent-ils tenir et faire dérailler la reprise?

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On en parlait dans une récente chronique (Pétrole, où se dirige-t-on?), leur force est pour le moins surprenante. Revisitons le tout.

Pourquoi tout est élevé

Certainement pas parce que la capacité mondiale est inapte à répondre à la demande en pétrole. BMO Marchés des capitaux calculait au début janvier que, pour y répondre en 2012, l'OPEP ne devrait augmenter sa production que de 100 000 barils par jour (b/j). Une goutte d'eau quand on sait qu'elle produit 30 millions de b/j et que sa capacité excédentaire est d'environ 4,7 millions de b/j.

Il est vrai que les stocks mondiaux de pétrole ont reculé avec régularité au cours de 2011. Mais ce recul pouvait en bonne partie s'expliquer par l'arrêt de production en Libye et des problèmes de production en mer du Nord. Tout cela est maintenant réglé.

La demande pendant ce temps, donne des signes de faiblesse. Elle recule dans les pays de l'OCDE et bon nombre d'analystes estiment qu'elle continuera de reculer avec un consommateur qui achète de plus petites voitures. Il y a la Chine et l'Asie qui consomment toujours plus, mais le gouvernement chinois vient lui aussi de réviser à la baisse ses prévisions de croissance économique pour 2012. Et alors que le marché spécule à la hausse, l'Agence internationale de l'énergie a récemment diminué ses anticipations de croissance de la demande en pétrole par 300 000 b/j, à 800 000 b/j.

Le constat du côté du pétrole

Constat: du côté du pétrole, la seule explication d'un baril à la hausse semble la suivante: le marché a peur.

Peur que les choses ne dégénèrent en Iran et que le détroit d'Ormuz ne soit bloqué.

Il est vrai que si le détroit devait fermer, le prix du pétrole pourrait doubler du jour au lendemain.

Mais l'Iran n'a pas vraiment avantage à bloquer le détroit. Il ne faudrait pas très longtemps avant que les forces armées coalisées y débarquent. Et les derniers régimes qui se sont aventurés sur la voie de la défiance n'ont pas eu une fin très heureuse.

Certes un embargo s'en vient en Europe sur les produits pétroliers iraniens, mais ce n'est pas une mauvaise nouvelle pour les acheteurs de pétrole. L'Arabie saoudite a déjà fait savoir qu'elle allait augmenter sa production afin de compenser les approvisionnements européens. Incapable de vendre son pétrole à l'Europe, l'Iran le vendra à escompte à d'autres pays comme l'Inde. Au final, on se retrouvera avec plus de pétrole sur le marché, et, en plus, un acteur qui coupe les prix.

Côté pétrolier donc, peu de motifs pour que le baril tienne à ce niveau.

Le constat du côté de l'essence

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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