Programme économique de PKP: intéressants débats en vue

Publié le 11/03/2015 à 18:38

Programme économique de PKP: intéressants débats en vue

Publié le 11/03/2015 à 18:38

Pierre Karl Péladeau. (Photo: Bloomberg)

Déjà qu’elle était animée, la discussion économique risque de prendre de l’ampleur au cours des prochains mois. La plateforme économique présentée par Pierre Karl Péladeau convie à d’intéressants débats.

Le document « Propulser notre économie pour Réussir », qui contient les germes de la pensée économique de monsieur Péladeau, est très nettement partisan, et fait bien entendu la promotion de la souveraineté du Québec.

Il y manque la réponse à l’interrogation économique qui, personnellement, nous taraude. « Dans l’éventualité d’un Oui à la grande question, étant donné sa forte dette, le Québec pourrait-il faire face à d’éventuelles turbulences économiques sans avoir à couper dans ses programmes sociaux actuels?»

Cela dit, l’indépendance mise de côté, le programme amène de nouvelles idées et ramène quelques débats non vidés sur lesquelles réfléchir. Rapides commentaires sur les plus importantes propositions.

TROIS NOUVELLES PROPOSITIONS

La préférence Québec

Monsieur Péladeau propose de confier à l’Institut québécois de la recherche appliquée sur l’indépendance (un futur organisme de préparation de la souveraineté) le mandat de développer des instruments qui permettent de favoriser les entreprises québécoises dans l’octroi de contrats publics. À l’instar de ce que font les Américains avec les Buy American et Buy America Acts.

COMMENTAIRE. Il y a déjà de ça dans certaines lois québécoises, mais c’est gris au plan juridique. On se rappellera de toute la saga qu’avait engendré la décision du gouvernement Charest de confier le renouvellement des voitures du métro de Montréal à Bombardier pour maintenir les activités de l’usine de La Pocatière. Une histoire d’horreur.

Il serait bien d’avoir une politique d’achat claire dans sa lettre.

D’autant qu’on peut se demander si sa mise en oeuvre n’aurait pas un effet d’entraînement sur l’ensemble de Québec inc. La création d’une espèce d’atmosphère où chacun se demanderait s’il ne doit pas lui aussi favoriser les entreprises d’ici pour ses besoins en biens et services. Il y a plusieurs années, dans la région de Bellechasse-Etchemins (le patelin de l’auteur), un hebdo régional et deux CLD avaient obtenu de forts surprenants résultats régionaux avec une simple campagne d’achat local.

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Le plan numérique

Création d’un Conseil national du numérique et d’un ministère de l’économie numérique.

COMMENTAIRE. Il se profile ici un intéressant débat : y a-t-il encore du potentiel de développement pour le Québec dans le numérique? Et, si oui, comment le développer?

Il y a d’abord la question de la disponibilité de la main-d’œuvre et de sa formation.

Il y a aussi ceci. Dans une récente entrevue au journal, le ministre du développement économique, Jacques Daoust, estimait que le développement du multimédia avait coûté trop cher au Québec et que l’Ontario avait mieux travaillé. La province a choisi de donner des subventions à Ubisoft pour qu’elle lui crée 800 emplois. La masse critique atteinte, le phénomène de grappe a ensuite fait son œuvre et d’autres emplois non subventionnés ont été créés. L’ex-premier ministre Bernard Landry n’est cependant pas d’accord avec monsieur Daoust et plaide que les retombées du multimédia ontarien ne sont pas du tout les mêmes que celles du Québec.

Le secteur du numérique est un secteur d’avenir et il est temps d’effectivement jauger son potentiel. 

L’apprentissage de l’entrepreneuriat à l’école

Cette proposition n’est pas en grosses lettres dans le document. Mais elle y est quand même. Monsieur Péladeau souhaite que l’apprentissage de l’entrepreneuriat soit intégré dans le cursus secondaire et collégial.

COMMENTAIRE. Il n’est pas dit comment cela s’opérerait et, sachant comment les discussions sont complexes dans le milieu de l’éducation, le plus difficile reste à faire.

C’est néanmoins une très bonne idée. Le Québec a un plus faible taux d’entrepreneurs qu’ailleurs (voir le livre du confrère Pierre Duhamel, Les entrepreneurs à la rescousse) et il est impératif que nous en formions davantage. Ce sont eux qui font naître les entreprises. Mieux ils seront outillés, plus grande seront les chances de création de valeur économique et sociale.

Un pareil programme permettrait aussi de renforcer l’éducation économique au Québec.

D’AUTRES IDÉES MOINS NEUVES, MAIS OÙ LE DÉBAT N’EST PAS VIDÉ

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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