Power Corp. est-elle sous-évaluée ?

Offert par Les Affaires


Édition du 28 Mai 2016

Power Corp. est-elle sous-évaluée ?

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Édition du 28 Mai 2016

Power Corp. trouve que le prix de son action ne reflète pas sa pleine valeur. Le moment serait-il venu d'entrer au capital ?

La question nous est venue à l'esprit au lendemain de l'assemblée annuelle du holding.

«Nous croyons que la valeur de l'entreprise ne se reflète pas pleinement dans le prix de l'action», a dit le cochef de la direction, André Desmarais, à la mi-mai.

L'argument va ainsi. À la fin de 2010, le bénéfice par action de Power Corp. était à 2,29 $ et son action se négociait à 27,67 $. Le bénéfice est aujourd'hui de près de 50 % plus élevé (3,40 $), mais l'action n'a avancé qu'à 29 $. En point de presse, M. Desmarais a estimé que le cours du titre finirait par suivre la tendance des résultats.

Ajoutons au raisonnement que le dividende de Power (POW, 28,93 $) offre actuellement un rendement de 4,6 %. Et que celui de Financière Power, la principale filiale, est encore plus intéressant, à 5 %.

C'est le genre de situation qu'on recherche personnellement. Un titre qui offre un bon dividende, et dont le cours de l'action pourrait avancer de 5 % par année dans l'avenir. Les deux combinés, c'est un rendement de près de 10 % par année, ce qui ne fera jamais les manchettes, mais qui fera une différence intéressante sur 20 ans, au moment de la retraite.

Si, comme le soutient Power, l'action est sous-évaluée, son risque de recul est en plus contenu, ce qui vient renforcer l'attrait de l'investissement.

Creusons davantage.

L'action est-elle sous-évaluée ? Ou plutôt, le sont-elles ? Puisque l'on étudiera en même temps celle de Financière Power.

On préfère une évaluation à la pièce, qui consiste à accorder une valeur à chacune des sociétés qui composent Financière Power et Power Corp. et à ensuite regarder si la somme des parties donne une valeur nettement plus élevée que celle de la société mère qui les contient.

Quoi regarder ?

Financière Power représente généralement autour de 80 % de la valeur de Power Corp. Et, dans le cas de la Financière Power, la Great-West pèse pour environ 75 % de la valeur, et IGM Financial (la société mère d'Investors et de Mackenzie) vaut de 17 à 18 %.

La Great-West et IGM sont donc les deux principales pièces de l'équation.

Quelles sont leurs perspectives ?

La Great-West (GWO, 34,43 $)

Jusqu'à il y a quelques jours, les choses semblaient bien aller. Les résultats du premier trimestre sont cependant venus assombrir les perspectives. Robert Sedran, amateur de golf et analyste de Marchés mondiaux CIBC, compare le trimestre à un coup de départ loin dans le bois. Les activités d'assurance de la Great-West semblent notamment touchées par des réclamations d'invalidité à long terme plus importantes que prévu. Le risque a été mal évalué, et il est difficile de dire si cela n'est que temporaire ou s'il faudra du temps pour rétablir l'équilibre. La filiale américaine de gestion de patrimoine Putnam a de même souffert des mauvais marchés financiers du début d'année (qui ont fait baisser l'actif sous gestion et les honoraires). Ça pourrait se replacer à la faveur de la reprise des derniers mois, mais la filiale restera dans le rouge.

Pour l'instant, le consensus est pour un bénéfice par action stable par rapport à 2015 et une progression d'un peu plus de 10 % en 2017.

Société financière IGM (IGM, 36,75 $)

Les feuilles de thé sont difficiles à lire aussi chez la société mère d'Investors et des fonds MacKenzie. Des changements à la réglementation vont bientôt forcer les conseillers financiers à être plus transparents en ce qui a trait à leurs honoraires. Les FNB connaissent une fulgurante progression et viennent gruger l'assiette des fonds communs de placement. Le consensus des analystes prévoit un bénéfice en recul de 10 % cette année, mais qui devrait rebondir de 8 % en 2017.

Que penser de Financière Power et de Power Corp. ?

Les perspectives des deux principaux actifs étant examinées, voyons l'évaluation des titres.

Financière Power, d'abord. En prenant les prix en Bourse de la Great-West et d'IGM, et en postulant que la filiale Pargesa maintiendra sa valeur, les analystes de la CIBC, de BMO et de Scotia calculent que la somme des pièces donne une valeur de 39 à 41,50 $. Le titre se négocie pendant ce temps à 31 $. C'est un escompte d'au moins 20 %, alors que la moyenne 5 ans de cet escompte est de 16,5 % (il y a toujours un escompte appliqué aux holdings).

Constat ?

Les perspectives de la Great-West et d'IGM ne sont peut-être pas très reluisantes, mais elles semblent assez bonnes pour qu'on puisse envisager une croissance des bénéfices de 5 % à long terme. Pendant ce temps, l'importance de l'escompte actuel (par rapport à la moyenne 5 ans) semble donner un petit coussin de protection si jamais ça n'arrivait pas. L'investissement est attrayant.

Le cas de Power Corp., maintenant. En prenant le prix en Bourse de la Financière Power (qui représente 80 % de la valeur), et en postulant que les autres filiales (Square Victoria et les fonds Sagard notamment) conservent leur valeur actuelle, les analystes calculent une somme des pièces d'environ 35 $. Le titre se négocie à près de 29 $. Cette fois l'escompte est de 17 %, alors que la moyenne cinq ans est de 19,5 %.

Des deux titres, on privilégierait donc la Financière Power. Le dividende offre un meilleur rendement (5 %) et l'escompte est plus important. Il serait néanmoins sage d'attendre les prochains résultats trimestriels de la Great-West. À la lumière des commentaires d'André Desmarais, il ne semble pas y avoir trop d'inquiétude à la direction. Mais une balle dans le bois est parfois plus difficile à sortir qu'on ne le pense.

Les recommandations des analystes qui suivent le titre de la Financière Power

3 Surperformance

4 Conserver

Cours cible : 36,35 $

Les recommandations des analystes qui suivent le titre de Power Corp.

3 Surperformance

4 Conserver

Cours cible : 33,35 $

Source : Thomson Reuters

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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