Pouliot - La Presse+: le pari de Guy Crevier peut-il réussir?

Publié le 26/04/2013 à 09:43, mis à jour le 26/04/2013 à 09:43

Pouliot - La Presse+: le pari de Guy Crevier peut-il réussir?

Publié le 26/04/2013 à 09:43, mis à jour le 26/04/2013 à 09:43

Il y a quand même actuellement une explosion des coûts

Bien que des économies de coûts soient envisagées, c'est pour l'instant à une explosion de coûts que semble faire face La Presse. Monsieur Crevier reconnaît qu'une centaine de personnes supplémentaires ont été engagées en laboratoire et seront maintenues en place pour continuer à développer le produit. Une cinquantaine d'autres se sont ajoutées pour permettre une transition dans la mise en vue (mise en page iPad), et une optimisation des ressources.

L'effectif de La Presse par rapport à 2009 n'a cependant pas bougé, dit-il. « On a rationnalisé le réseau de distribution. En 2009, il y avait 235 employés, ils sont aujourd'hui 50. Ça faisait partie du plan ».

Commentaire. Il y a du brouillard sur la hauteur de ces coûts et où les placer pour déterminer la plus-value qui sera créée. Mais c'est secondaire puisque, de toute façon, ils semblent déjà intégrés dans les projections de rentabilité discutées plus haut.

Et les journaux régionaux, faut-il les intégrer dans l'équation?

Le Soleil, le Droit, Le Quotidien et les autres quotidiens régionaux devraient aussi passer en mode tablette un peu plus tard. Gesca veut d'abord asseoir le modèle iPad. L'horizon de deux ans est avancé. Mais il est trop tôt pour parler de leur modèle d'affaires.

Un levier supplémentaire

C'est entre parenthèses avant de conclure, mais il y a aussi un rendement technologique potentiel dans l'histoire.

En travaillant à la confection de l'application, La Presse a dû développer quelques logiciels pour lui permettre de travailler efficacement. L'un permet notamment de faire une mise en vue (mise en page) à plusieurs en même temps.

Le plan d'affaires ne repose pas là-dessus, mais Guy Crevier n'a pas caché que, si le projet fonctionne, ces logiciels pourraient être revendus sous une forme ou une autre à de grands groupes de presse. Des investissements supplémentaires seraient cependant nécessaires pour adapter la technologie.

Au final, que retenir?

Guy Crevier fait à l'évidence le pari de coûts d'exploitation moindre qu'un journal, mais aussi celui de revenus publicitaires supérieurs à ceux d'un journal.

Au Québec, La Presse peut être considérée dans une situation de quasi-monopole, au pire de duopole, dans l'information de grande qualité (avec Radio-Canada; Le Devoir y est aussi mais ses moyens sont limités). La fréquentation de La Presse+, qui est gratuite, devrait être, à terme, supérieure à ses 800 000 usagers papier (la distribution n'est plus territorialement limitée). C'est un fort levier de volume publicitaire.

Il est moins clair dans notre esprit que la publicité pourra être vendue à la prime anticipée. Du moins, tant et aussi longtemps que le journal papier conservera du répondant. Simplement parce que les annonceurs nationaux préféreront sans doute y demeurer pour arroser à moindre coût.

Quoiqu'il en soit, l'explosion de la portée devrait à un certain moment compenser pour les tarifs plus faibles que prévu.

Bref, le départ pourrait être plus difficile que ce que monsieur Crevier a à l'esprit. Mais quelque chose nous dit qu'effectivement La Presse vient de s'engager sur la voie d'une meilleure rentabilité.

SUIVRE SUR TWITTER: F_POULIOT

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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