Pouliot- Une obligation de Heinz à plus de 6% : faut-il faire confiance à Buffett ?

Publié le 11/03/2013 à 09:53, mis à jour le 11/03/2013 à 11:07

Pouliot- Une obligation de Heinz à plus de 6% : faut-il faire confiance à Buffett ?

Publié le 11/03/2013 à 09:53, mis à jour le 11/03/2013 à 11:07

[Photo : Bloomberg]

BLOGUE. Warren Buffett achète Heinz. Si l'affaire est ketchup pour lui, pourrait-elle aussi l'être pour nous ?

L'annonce de la transaction, il y a quelque temps, ne nous a guère surpris.

Le plus grand casse-tête de l'oracle d'Omaha est d'investir tout l'argent que lui envoient chaque année les différentes filiales de Berkshire Hathaway. Plus un portefeuille de placement est important, plus grosses doivent être les cibles pour faire bouger l'aiguille. Une petite capitalisation qui double sur trois ans n'a aucun impact sur le rendement. Il est nettement mieux de viser une très grosse capitalisation, même si celle-ci ne rapporte que 10 % par année.

À 23 G$ US de capitalisation (28 G$ US de valeur en incluant la dette), Heinz a la taille nécessaire. Elle affiche aussi le profil des sociétés que recherche l'oracle. Un avantage comparatif difficilement attaquable (sa marque de commerce) et une position dominante qui a peu de risques de s'effriter, aussi loin que l'on regarde dans le temps.

Pas surpris de l'acquisition, mais les détails de celle-ci nous ont cependant grandement étonné.

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Berkshire et sa partenaire, la société 3G, du milliardaire Jorge Paulo Lemann, sortent chacune 4 G$ US pour une participation en actions ordinaires. Berkshire ajoute cependant 8 G$ US et reçoit en contrepartie des actions privilégiées qui procureront chaque année un rendement de 9 %.

Un rendement de 9 %, wow, c'est quelque chose ! À titre de comparaison, la Financière Power émettait il y a quelques jours des actions privilégiées perpétuelles à 4,8 % d'intérêt.

Un vol de Buffett ?

Pas tout à fait.

La transaction est en réalité une acquisition par endettement (leverage buyout). Si Berkshire utilise son encaisse pour acquérir sa participation, on notera que la partenaire 3G met nettement moins d'argent (4 G$ US par rapport à 12 G$ US) dans la transaction. Ce qui veut dire que le reste de l'acquisition est financé par dette, imputée à l'entreprise.

C'est en bonne partie pour cela que M. Buffett obtient un rendement de 9 %. Au terme de la transaction, Heinz sera une société nettement plus endettée. Qui dit dette plus élevée dit risque plus élevé et, conséquemment, rendement plus élevé.

Ici se présente l'intérêt pour le petit investisseur. Une partie de la dette déjà contractée par Heinz bénéficie d'une protection qui prévoit son rachat lors d'un changement de contrôle. Une partie n'en bénéficie cependant pas, et les rendements offerts sur celle-ci se sont dernièrement envolés.

Dans les jours précédant l'annonce, la débenture (obligation non garantie) à échéance en 2028 se négociait entre 4,6 % et 4,9 %. Elle offre aujourd'hui un rendement de 5,85 %. Mieux, le rendement de la débenture échéant en 2032 est aujourd'hui de 6,2 %.

Faut-il acheter les débentures de Heinz ?

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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