Pouliot - Rapport D'Amours: ça sent l'eau dans le vin

Publié le 16/04/2013 à 19:20, mis à jour le 17/04/2013 à 07:18

Pouliot - Rapport D'Amours: ça sent l'eau dans le vin

Publié le 16/04/2013 à 19:20, mis à jour le 17/04/2013 à 07:18

Photo: Gilles Delisle

Blogue. Employeurs et salariés pourraient bien être appelés à d'importantes concessions, ce mercredi, alors que le comité d'experts sur le système de retraite au Québec présente ses recommandations. Officiellement on parle du besoin d'innover. Concrètement, ça sent aussi l'eau dans le vin.

Dans une allocution présentée à la veille du dépôt du rapport, le président du comité, Alban D'Amours, a insisté sur le besoin de régler prochainement la question des pensions futures du Québec.

Il faut à son avis faire en sorte que tous ceux qui quittent le marché du travail « aient un revenu réaliste et suffisant, qui dure dans le temps ».

Monsieur D'Amours veut du même coup régler les déficits actuariels des régimes à prestations déterminées, qu'il semble voir comme les meilleurs véhicules pour la croissance socio-économique du Québec. Il va même jusqu'à souhaiter que ces régimes reprennent de l'ampleur.

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Que faut-il comprendre des déclarations?

Préparons-nous à des abandons et des contributions supplémentaires.

Là où les salariés pourraient être appelés à donner du lest

La disparition ces dernières années des régimes de retraite à prestations déterminées tient aux importants déficits actuariels qu'ils ont accumulés. Les employeurs ne veulent plus de cette obligation légale de les renflouer qui, dans certains cas, menacent la pérennité de l'entreprise.

Il est fort probable que l'on recommandera aux syndicats de donner un peu de lest et de demander à leurs membres de contribuer au renflouement de la caisse. Monsieur d'Amours a d'ailleurs clairement fait référence aux cols bleus de Montréal qui, l'an dernier, ont accepté d'augmenter leurs cotisations pour créer un régime de stabilisation. La grande question est de savoir si une hauteur de contribution sera recommandée.

Dans une entrevue qu'il accordait récemment à notre collègue Valérie Lesage, l'ancien grand patron de Teacher's, Claude Lamoureux, qui est aussi sur le comité, notait qu'aux Pays-Bas, on avait réussi à préserver ces régimes en diminuant certains avantages.

Il n'y a pas exemple là-bas plus d'indexation automatique des rentes selon l'inflation. Celle-ci ne survient que dans les années où les régimes engrangent des surplus. On a aussi abandonné le « salaire final » comme base de calcul de la pension. Il a été remplacé par le « salaire de carrière ».

Ces deux mesures pourraient bien faire l'objet d'une recommandation.

Tout comme un rehaussement de l'âge de la retraite. La question semble en fait davantage de savoir si on recommandera une approche punitive ou incitative. En reportant l'âge de la retraite sans compensation, ou en offrant des crédits d'impôt à ceux qui demeurent.

La Presse rapportait par ailleurs récemment que le rapport D'Amours suggérerait l'introduction d'une assurance-longévité, qui s'appliquerait aux ex-salariés à compter de 75 ans. À sa vitesse de croisière, un tel régime pourrait nécessiter des injections de 1 G$ par année.

Cette mesure semble vouloir assurer à tous les salariés, particulièrement à ceux qui n'ont aucun régime complémentaire de retraite, un revenu minimal à un âge où il devient plus difficile de continuer à travailler. On croit comprendre que les retraités actuels n'en bénéficieraient pas et qu'il faudrait gagner cette assurance avec un nombre suffisant d'années de cotisation. Il faudra voir comment est envisagé le fonctionnement de ce nouveau régime.

Là où les employeurs pourraient être sollicités

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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