Pouliot - Jean Coutu: fin d'un suspense, début d'un autre

Publié le 10/10/2013 à 09:26, mis à jour le 15/10/2013 à 18:54

Pouliot - Jean Coutu: fin d'un suspense, début d'un autre

Publié le 10/10/2013 à 09:26, mis à jour le 15/10/2013 à 18:54

Que penser de l'opération et quelle sera la suite?

En déclarant un dividende spécial de 0,50$ par action, la direction se trouve théoriquement à ajouter un rendement de 2% à ses actionnaires. Avec le rachat d'actions, elle donne un levier à son bénéfice par action de 10 à 12%, ce qui devrait, théoriquement, faire avancer le titre par le même ordre de grandeur.

Le mot "en théorie" est deux fois employé dans le paragraphe qui précède parce que, pour en bénéficier, il fallait déjà être dans le titre depuis quelque temps. L'opération était en effet déjà pleinement anticipée par le marché, comme en fait foi le recul de plus de 4% du titre mercredi.

Certains trouveront curieux que Jean Coutu s'engage à racheter 21 des 22 millions d'actions de l'offre à un prix déterminé de 18,50$ de la Fondation Jean Coutu. Ils auraient préféré que ces actions soient aléatoirement rachetées au marché dans les prochains mois.

C'est effectivement une opération qui soulève certaines interrogations. Il est difficile de ne pas noter que l'action du groupe se négocie maintenant à 18,12$ et que la fondation recevra, elle, 18,50$ pour ses actions.

En théorie, tout le monde peut aussi se prévaloir de l'offre à 18,50$, mais, comme le dividende spécial (0,50$) n'est payable qu'après la fermeture de celle-ci, il est probable que la plupart ne s'en prévaudront pas.

Peut-être le groupe Jean Coutu pourrait-il racheter à moins cher ces actions dans les prochains mois - et obtenir un levier sur les bénéfices plus important - s'il rachetait au marché, sans qu'un prix de rachat n'ait été préalablement établi (le 18,50$). Peut-être, mais peut-être pas non plus. Le titre s'est récemment promené au-dessus des 19$. Racheter d'un coup 10% des actions de l'entreprise à 18,50$ permet aussi d'assurer que l'on ne rachètera pas à plus cher dans l'avenir.

Disons que la discussion est intéressante, mais qu'il n'y a pas matière à faire de vagues.

Ce qui nous amène à s'interroger sur le plan de croissance de Jean Coutu. Si le coffre-fort de l'entreprise est fortement dégarni, d'où viendra la croissance et comment la financera-t-on?

Jean Coutu n'a pas de dette. Il a une marge de crédit de 500 M$, des actifs immobiliers de plus de 500 M$, et il bénéficie toujours de solides flux de trésorerie annuels (200 M$). C'est encore suffisant pour faire des acquisitions.

La question est, où?

François Jean Coutu a parlé de quelques acquisitions potentielles, en faisant allusion à des pharmacies indépendantes.

Le potentiel apparaît limité de ce côté.

Notre impression est plutôt que Jean Coutu cherche des fabricants de produits, produits auxquels il pourrait donner du levier grâce au réseau de magasins. C'est ce qu'il a fait avec Pro Doc, le manufacturier de médicaments génériques, qui est un véritable succès de croissance. Plus récemment, il a aussi pris un intérêt de 50% dans Medicus, un fabricant d'appareils othopédiques et d'appareils de réhabilitation.

Là pourrait être le potentiel.

Ce n'est en tout cas sûrement pas pour rien que le groupe a choisi de construire un nouveau centre de distribution (et siège social) de 190 M$ à Varennes, avec une capacité de stockage nettement plus élevée.

Restons à l'antenne. Pour l'instant la décision de retourner de l'argent aux actionnaires donne l'impression d'une société qui a atteint la maturité et la stagnation, mais les investissements qu'elle effectue envoient encore un signal de croissance.

SUIVRE SUR TWITTER: F_POULIOT

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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