Pétrole au Québec: de l'argent de poche ou le Klondike?

Publié le 09/01/2014 à 05:53

Pétrole au Québec: de l'argent de poche ou le Klondike?

Publié le 09/01/2014 à 05:53

Le Klondike économique?

Il y a au Québec deux gisements pétroliers d'importance.

Old Harry, qui se situe dans le golfe du Saint-Laurent, et chevauche la frontière entre le Québec et Terre-Neuve. L'autre est sur l'île d'Anticosti.

Il s'est dit et écrit toutes sortes de choses sur le potentiel économique de ces gisements. Selon une source, Old Harry contiendrait 2 milliards de barils de pétrole, selon une autre, il en contiendrait 6 milliards.

Pour l'île, on parle d'un gisement de plusieurs milliards de barils, avec des estimations qui se promènent entre 30 et 40 milliards de barils. On ne sait malheureusement pas quel pourcentage de cette manne est récupérable. Et la probabilité du non-économique, même avec les technologies d'aujourd'hui, n'est pas à écarter.

Il faudra être prudent dans la discussion qui s'engage avec ce manifeste. Il y aura de l'émotion, et il est un peu tôt pour y donner libre cours. D'où l'interrogation sur l'urgence du manifeste.

Une note de l'Institut économique de Montréal publiée en 2012 indiquait que même si l'on ne récupérait que le dixième des réserves de pétrole postulées pour le Québec, celles-ci pourraient être évaluées à la somme extraordinaire de 400 G$.

C'est un chiffre effectivement extraordinaire, qu'il convient cependant de mettre en perspective.

L'impact sur le trésor public serait évidemment moindre que ce 400 G$. Il y aurait certes des redevances à prélever quelque part, et des revenus d'emplois plus élevés, mais il ne faut pas oublier non plus que l'impôt des sociétés est basé sur leur bénéfice net. On n'a pas eu le temps d'analyser la marge nette d'un producteur de pétrole (10-15-20%, dépendamment du cycle?), mais c'est sur ce résiduel (20% de 400 G$ = un bénéfice de 80 G$) nettement moindre que les 400 G$ que le trésor public se servirait. À raison d'un taux d'imposition combiné autour de 27% (on tombe à 22 G$, dont plus de la moitié irait au fédéral). Et ce, divisé sur plusieurs années d'exploitation (en postulant sur 20 ans, c'est 500 M$ de revenus par année pour Québec).

Mais il faut que le pétrole d'Anticosti soit récupérable. C'est là que semble se trouver la manne. Bref, l'on peut choisir de voir le pétrole du Québec comme le Klondike, mais on peut aussi choisir de le voir comme un enjeu sur lequel, au final, on se sera longuement chamaillé pour de l'argent de poche.

Madame Ouellet a raison d'avoir un penchant favorable à l'exploitation. Elle a aussi raison d'appeler tout le monde à un peu de patience. Attendons les rapports des comités avant de déchirer nos chemises.

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À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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