Où Jean Coutu voit sa croissance

Publié le 08/07/2014 à 17:15

Où Jean Coutu voit sa croissance

Publié le 08/07/2014 à 17:15

Le Groupe Jean Coutu a-t-il encore devant lui des possibilités de croissance ou est-il arrivé à maturité?

C'est avec cette question à l'esprit que l'on s'était présenté à l'assemblée annuelle de la société l'an dernier, mais sans toutefois l'énoncer aussi clairement.

On en était ressorti avec l'impression que Jean Coutu jonglait avec quelques possibilités d'acquisitions du côté d'actifs manufacturiers en santé, afin de se servir de sa plateforme de distribution pour leur donner du levier.

C'est après tout ce qu'il avait fait avec Pro Doc, le manufacturier de génériques. Et il venait en outre de prendre une participation de 50% dans Medicus, un fabricant d'appareils orthopédiques et d'appareils de réhabilitation.

Ces avenues demeurent des leviers de création de richesse, mais il est ressorti plus clairement mardi que le gros de la croissance qu'entrevoit Jean Coutu pour l'avenir réside dans ses activités principales de pharmacie.

François Jean Coutu estime que le groupe n'est pas encore rendu à maturité. Il a notamment dit s'attendre à une croissance organique importante du secteur de la santé dans les prochaines années en raison du vieillissement de la population.

En conférence de presse, il a aussi longuement été question d'ajouts de services et du projet de loi 41, qui doit venir confier plus de responsabilités aux pharmaciens. Le gouvernement et les pharmaciens s'entendent sur les prestations que pourront offrir ceux-ci pour désengorger la machine santé, mais ne s'entendent pas sur la rémunération supplémentaire qui devra être versée.

-Oui, mais, direz-vous, comment croire en une croissance organique intéressante chez une société qui a vu son chiffre d'affaires reculer dans la dernière année (revenus de 2,733 G$ c. 2,739 G$)?

Il faut faire attention. La rentabilité des pharmacies a été fortement affectée depuis deux ans, alors que les gouvernements des provinces se sont mis à diminuer les prix qu'ils payaient pour les produits génériques. Jean Coutu père a parlé d'une diminution de 50% des prix des génériques sur deux ans, alors que ceux-ci représentent plus de 60% des ventes de prescriptions.

Heureusement, l'entreprise a été en mesure de contrebalancer grâce à différentes initiatives, dont une augmentation des ventes de Pro Doc.

La bonne nouvelle est aujourd'hui que la direction semble croire que le gouvernement a pas mal fait le tour des compressions et que la base de valeur sur laquelle construire est maintenant assez solide.

Le premier trimestre offre une preuve intéressante du fait que le secteur a continué de croître malgré les revers réglementaires. Le nombre de prescriptions est en hausse de 4,2% sur l'an dernier.

Sachant que dans un contexte difficile l'entreprise a réussi à faire croître son bénéfice par action de 12% dans la dernière année, quelle n'a pas de dette, et ne cache pas être à la recherche d'acquisitions au Canada et aux États-Unis, il y a probablement effectivement encore un potentiel de croissance devant Jean Coutu.

Ce potentiel est-il déjà dans le cours du titre?

Là semble cependant le problème.

Le titre se négocie actuellement à plus de 18 fois le bénéfice attendu pour l'année en cours (février).

C'est un multiple un peu élevé, qui fait que, contrairement au slogan de l'entreprise, on ne peut pas réellement parler d'un prix d'amis.

La direction elle-même en semble consciente. Elle n'a pas racheté d'actions au cours du dernier trimestre, et ce, malgré la présence du programme destiné à cette fin.

Pas encore à maturité Jean Coutu, mais le marché semble attendre un peu trop de croissance à court terme.

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À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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