Où en est le cycle ?


Édition du 06 Mai 2017

Où en est le cycle ?


Édition du 06 Mai 2017

À la recherche d'aubaines ? Difficile d'en trouver ces jours-ci. Les indices sont à des niveaux élevés, portés par des multiples tout aussi élevés, qui rendent difficile l'évaluation du rapport risque/rendement.

En clair, pour que les Bourses continuent d'avancer, il faut que dans les prochains mois, pour ne pas dire les prochaines années, l'économie et les bénéfices continuent de progresser assez fortement. Or, où en sommes-nous dans le cycle économique ?

Le stratège de la Scotia, Vincent Delisle, s'est récemment posé la question. Son commentaire contient en prime l'opinion de ses confrères Michael Doumet et Mark Neville, qui suggèrent deux titres potentiellement sous-évalués dans l'éventualité de la poursuite du cycle : Finning International (FTT, 26,06 $) et Magna International (MGA, 41,98 $US). Voyons-y de plus près.

Où en sommes-nous dans le cycle ?

D'abord le cycle économique. Le cycle actuel (2009-2017) approche de son huitième anniversaire. C'est vieux. Il est déjà bien au-delà de l'âge moyen de 5,6 ans des neuf cycles économiques qu'ont connus les États-Unis depuis 1948.

En matière de croissance économique cependant, c'est une autre histoire. La croissance annuelle du PIB depuis 2009 est de 2,1 %. La pire performance de tous les cycles économiques. Avant aujourd'hui, le plus faible cycle avait au moins fourni 2,7 % par année, et la moyenne est à 4,6 %. C'est ce qui rend M. Delisle plutôt optimiste et le mène à croire que la croissance se poursuivra en 2017 et 2018.

Le stratège estime en effet qu'évaluer le cycle à partir de la fin de la dernière récession fausse le portrait de la situation. Il juge plus éclairant de refaire le calcul en isolant la phase de récupération de l'économie de sa phase d'expansion. La dernière crise économique en a été toute une, dit-il, et il a fallu plus de temps que dans le passé pour que le PIB revienne à son niveau de 2007. Sur cette date de retour (troisième trimestre de 2011), le cycle économique ne compte plus que cinq ans, ce qui somme toute correspond à la moyenne historique. Dans les cycles plus longs (quatre des neuf), ajoute Vincent Delisle, la moyenne des phases d'expansion a été de près de huit ans. Ce qui effectivement nous amène au-delà de 2018.

Anticipation raisonnable ? Ça se pourrait bien.

Des gains assurés ?

La poursuite du cycle économique au-delà de 2018 est-elle pour autant garantie de nouveaux gains en Bourse ?

C'est moins sûr dans notre esprit. La difficulté est que le S&P 500 se négocie actuellement à 18,5 fois le bénéfice attendu en décembre 2017 et 16,5 fois celui attendu en décembre 2018. Sachant que la moyenne historique est autour de 15, et que l'on devrait normalement tendre vers ce chiffre en fin de cycle économique, si on doit approcher de la fin de cycle en 2018, on ne voit pas beaucoup d'espace pour des hausses. À moins que Donald Trump ne réussisse à faire passer sa baisse d'impôt pour les sociétés.

Il reste donc la possibilité de jouer les deux titres présentés par l'équipe d'analystes comme sous-évalués dans le contexte d'un cycle qui se poursuivrait.

Finning International (FTT, 26,06 $)

Finning International, le distributeur des équipements Caterpillar dans l'Ouest canadien et dans d'autres régions du monde (Amérique du Sud, Grande-Bretagne, Irlande).

Le cycle minier a atteint un creux, fait-on valoir. En 2016, Caterpillar n'a vendu que 100 gros camions miniers, comparativement à 1 700 en 2012. Or, le besoin historique de renouvellement du parc est d'environ 800 camions par année. C'est dire que les ventes actuelles ne représentent que 10 % des besoins de remplacement. Un chiffre trop faible, aux yeux de Michael Doumet, qui voit les profits bondir de 30 % entre 2017 et 2018, et de 78 % au milieu du cycle de renouvellement. L'analyste croit que le titre pourrait valoir 33,50 $ à mi-cycle et 28,50 $ dans la prochaine année, en anticipation.

On est personnellement ambivalent sur cette thèse. Il est vrai qu'il faudra bien qu'un jour, les ventes remontent pour assurer la pérennité de la flotte mondiale de camions. Mais le titre est à plus de 20 fois les bénéfices de 2017. Or, nous sommes en fin de cycle économique. Et les remplacements nécessaires pourraient ne survenir qu'au prochain cycle. Autant il y a du potentiel, autant il y a un risque de ne pas atteindre les bénéfices en 2018 et un risque de recul sur une compression des multiples.

Magna International (MGA, 41,98 $US)

L'autre titre recommandé est celui du fournisseur de pièces d'automobiles canadien. Il ne s'agit pas ici de parier sur un accroissement des ventes d'automobiles en Amérique du Nord. À 16 ou 17 millions de véhicules légers vendus aux États-Unis, les ventes sont déjà bien au-dessus de la demande de remplacement, qui est évaluée à 15 millions.

L'affaire en est plutôt une de multiple. Mark Neville anticipe que le cycle économique se poursuivra et que les ventes se maintiendront. Dans le passé, les titres des fournisseurs nord-américains de pièces d'automobiles se sont en moyenne négociés à 10,5 fois le bénéfice par action lorsque les ventes de véhicules plafonnaient. Les fournisseurs américains se négocient actuellement à 9,4 fois, mais Magna, elle, n'est qu'à 7,1 fois.

C'est la faute de Donald Trump et de sa remise en question du libre-échange, croit l'analyste. Des craintes infondées à ses yeux, parce que les fournisseurs américains sont beaucoup plus exposés à des sous-traitants mexicains que ne l'est Magna.

Si la menace se dissipe (son scénario de base), le titre devrait se négocier à 65 $ US (conformément aux multiples historiques). Si elle ne se dissipe pas, il pourrait à tout le moins se négocier à un multiple de 8 (ce qui infère une cible à 48 $ US).

Constat : plus tentant que Finning, en raison du potentiel. Il faut cependant que le cycle économique tienne assez loin en 2018, pour que le marché ne se mette pas à redouter une récession et une baisse importante des ventes d'automobiles.

Les recommandations d'analystes

Finning International (FTT, 26,06 $)

6 Conserver

1 Achat

1 Superformance

Cible moyenne : 26,40 $

Magna International (MGA, 41,98 $US)

1 Achat

6 Conserver

6 Superformance

1 Sous-performance

Cible moyenne : 54,50 $ US

Source : Bloomberg

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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