Osisko: le pas en arrière et le nationalisme de Québec inc.

Publié le 16/04/2014 à 17:16

Osisko: le pas en arrière et le nationalisme de Québec inc.

Publié le 16/04/2014 à 17:16

Nouveau rebondissement dans le dossier Osisko. La Caisse de dépôt et le Fonds de pension du Canada se retirent et Agnico-Eagle fait désormais équipe avec Yamana. Conclusion: le Québec minier fait un pas en arrière et on est sur le point de véritablement savoir avec quelle force bat le cœur nationaliste de Québec inc.

D'abord un regard sur les offres en présence et sur qui l'emportera.

Qui l'emportera?

C'est un peu technique, mais seulement pour quelques paragraphes. On revient rapidement au plus important.

Officiellement, le tandem Yamana/Agnico-Eagle offre 8,15$ par action d'Osisko alors que Goldcorp offre 7,65$.

Ces chiffres sont cependant mobiles en raison des composantes en actions de chacune des offres. Ainsi, en journée mercredi, le titre d'Agnico-Eagle a perdu 8% sur la nouvelle, ce qui a fait diminuer la valeur de son offre. Pendant ce temps, l'action de Goldcorp reprenait du terrain perdu, ce qui venait valoriser la sienne.

À la clôture de la journée, l'offre de Goldcorp était à 7,37$, et celle de Yamana/Agnico à 7,85$. Il n'est pas si évident que la proposition de Yamana/Agnico est nettement plus élevée. Les analystes sont plus optimistes sur le titre de Goldcorp dans l'avenir que sur celui d'Agnico-Eagle (ce qui donne un peu plus de levier à la première offre). S'ajoute le fait que l'offre du tandem comporte une nouvelle action d'Osisko, dont la valeur, de 1,20$, est incertaine (puisqu'elle ne se négocie pas encore au marché).

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L'offre de Yamana/Agnico est probablement celle que préféreront les investisseurs, mais il ne faudrait pas nécessairement une très forte majoration de celle de Goldcorp pour que le vent ne tourne.

Souhaitons Yamana-Agnico, mais le mal est fait

Pour le Québec il est préférable que l'offre de Yamana-Agnico soit celle choisie par les actionnaires.

La transaction ferait en sorte que le siège social d'Osisko survivrait.

On dit "survivre", car c'est bien de cela qu'il s'agit.

C'est certes une bonne transaction que réalise la direction d'Osisko dans les circonstances.

La nouvelle entité serait constituée de la propriété mexicaine Gerrero, qui est jugée prometteuse. Elle compterait sur 155 M$ d'encaisse, et sur un flux de revenus équivalent à 5% de la production annuelle de la mine Malartic. À 1 300$ US l'once d'or, c'est probablement autour de 40M$ par année de rentrées. Le rêve de toute société d'exploration.

Le malheur est que c'est effectivement ce que devient Osisko: une société d'exploration aux coffres bien garnis, mais une société d'exploration quand même. C'est un important pas en arrière pour celle que l'on considérait comme l'espoir aurifère du Québec.

Osisko était en bonne partie constituée de l'ancienne équipe de Cambior, et il était espéré qu'avec la mise en service de Malartic, elle pourrait s'appuyer sur les importants revenus de la mine et prendre de l'expansion au Québec et de par le monde.

Il faut cette fois pratiquement recommencer à zéro.

Il ne s'agit pas de dire qu'Agnico-Eagle n'a pas une forte représentation québécoise dans ses rangs. Elle a trois mines au Québec (Goldex, Lapa, LaRonde) et ceux qui connaissent l'industrie savent que son équipe québécoise veut très fort pour la province. Malheureusement, ce n'est pas cette équipe qui est chargée de l'allocation du capital, et ce n'est pas au Québec que grandira le siège social d'Agnico-Eagle.

La Caisse pouvait-elle faire plus?

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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